GUILLANEUF Raymond

Par Raphaël Desalle, Jacques Girault, Gilles Morin

Né le 15 octobre 1932 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort le 21 août 2018 à l’hôpital Saint-Louis à Paris ; instituteur puis professeur, puis conseiller culturel ; militant des Nouvelles gauches dans le Puy-de-Dôme ; membre du conseil national de la Nouvelle gauche (1955) ; secrétaire de la fédération UGS (1958-1960), puis PSU du Puy-de-Dôme, membre du comité politique national (1963-1964), adjoint au maire de Manzat (Puy-de-Dôme) ; militant syndicaliste du SNESup et de la FEN.

Raymond Guillaneuf
Raymond Guillaneuf

Fils d’un ajusteur qui devint mécanicien de locomotives, membre du Parti communiste français, frère aîne de Marc Guillaneuf qui devint avocat, Raymond Guillaneuf reçut les premiers sacrements catholiques. Elève du lycée Blaise Pascal de Clermont-Ferrand, titulaire du baccalauréat, il commença des études supérieures aux facultés des lettres et de droit de Clermont-Ferrand et aux universités d’Abidjan, de Dakar puis de Paris I. Il obtint des licences de l’Art (1954), d’histoire et géographie (1955), de Droit (1966), d’histoire de l’Afrique (1968). Titulaire d’un diplôme d’études supérieures d’histoire (1967), il soutint une thèse de troisième cycle en histoire à l’Université de Paris I en 1975 sur « La presse en Côte d’Ivoire. La colonisation. L’aube de la décolonisation 1906-1952 », sous la direction d’Yves Person. Il déposa un sujet de thèse de sciences politiques, en 1980, sous le titre « La Franc-maçonnerie en Afrique d’expression française » à l’Université de Paris I.

Raymond Guillaneuf, après avoir été instituteur suppléant dans le Puy-de-Dôme (1954) et maître d’internat au collège de Saint-Flour (Cantal) en 1954-1955, devint adjoint d’enseignement entre 1955 et 1959 au lycée du Puy (Haute-Loire), au collège de Riom (Puy-de-Dôme), puis aux lycées de Montluçon (Allier) et de Laon (Aisne). Reçu au certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement secondaire en histoire-géographie en 1959, il fut nommé aux lycées de Constantine (Algérie) en 1959-1960, de Mauriac (Cantal) en 1961-1962, de Montluçon en 1962-1964, puis dans des lycées africains (Lomé au Togo en 1964-1966, Dakar au Sénégal en 1966-1968, puis d’Abidjan en Côte-d’Ivoire en 1968-1969). Assistant d’histoire à l’Université d’Abidjan (1969-1971), de science politique à l’Université de Paris I de 1971 à 1978, puis rattaché comme maître-assistant puis maître de conférences de 1978 à sa retraite en 1992, il fut détaché comme professeur d’histoire de 1980 à 1982 à l’Ecole normale supérieure de Yaoundé (Cameroun), puis comme conseiller culturel dans les ambassades de France en Mauritanie (1982-1985), au Rwanda (1985-1989) puis du Bénin (1989-1992).

Raymond Guillaneuf adhéra au Syndicat national de l’enseignement secondaire en 1954 puis devint responsable des adjoints d’enseignement de la section académique du SNES de Clermont-Ferrand de 1956 à 1958. Il fut secrétaire de la section SNESup d’Abidjan en 1969-1970 et de la section de la Fédération de l’Education nationale de Côte d’Ivoire en 1970-1971. Il fut élu à la commission administrative nationale du SNESup de 1973 à 1980 et à la CA de la FEN de 1971 à 1978 au titre du courant minoritaire « Rénovation syndicale ». Après de la naissance de la Fédération syndicale unitaire en 1993-1994, il continua à adhérer au SNESup.

Guillaneuf adhéra en 1950 à l’Union de la jeunesse républicaine de France et au PCF. Militant au sein de la cellule de Montferrand, exclu en 1952 pour « déviationnisme de droite », il se consacra alors à la constitution d’une « troisième gauche » dans le département par l’intermédiaire du Cartel des Gauches Indépendantes et de la Nouvelle Gauche dont il fut un des principaux acteurs locaux avec Jacques Rossignol. Entre 1954 et 1957, responsable départemental du Puy-de-Dôme de ce regroupement, il fut élu au congrès de novembre 1955, membre du conseil national de la Nouvelle gauche. Après la fusion de la Nouvelle gauche avec le Mouvement de libération du peuple, au début 1958, il fut secrétaire politique départemental de l’Union de la gauche socialiste entre 1957 et 1960 et fut candidat UGS aux élections cantonales de 1958 à Clermont-Ferrand.

Responsable de La Tribune d’Auvergne, il fut condamné à deux amendes par le tribunal de Clermont-Ferrand pour avoir mis en cause dans deux lettres ouvertes dans son journal un député indépendant du Puy-de-Dôme, Paul Godonnèche, pour son soutien à l’OAS.

Raymond Guillaneuf compta en avril 1960, parmi les fondateurs du Parti socialiste unifié, dont il fut secrétaire fédéral du Puy-de-Dôme de 1961 à 1964. Désigné à la commission nationale des conflits du PSU en avril 1961-1962, il s’efforça d’y jouer un rôle de modérateur entre les tendances qui s’affrontaient à la fin de la guerre d’Algérie. En juin 1963, il organisa, avec Georges Servent, à Clermont-Ferrand, une réunion des secrétaires fédéraux (36 présents), afin de tenter de réunifier les diverses tendances du parti.

Guillaneuf, libre penseur depuis 1955, adhérait depuis 1968 à la franc-maçonnerie (Grand Orient de France ) et fut vénérable de loges à Paris et en Afrique. Vice-président des Libéraux d’Algérie en 1959-1960, il participa aux pourparlers avec le Front de Libération nationale préparatoires de la rencontre de Melun qui échoua. Il se situait dans les courants réformistes du PSU et signa la motion d’orientation présentée par Pierre Bérégovoy, « Pour un socialisme moderne », qui rassemblait ceux qui étaient proches de Pierre Mendès France pour le premier congrès national du PSU d’avril 1961. Après la démission d’André Philip, il lui écrivit à titre personnel, le 14 juillet 1962, pour lui dire son accord sur les questions européennes et son regret de son départ du PSU. Il se disait décidé à continuer son action pour une « Europe socialiste », à l’intérieur ou à l’extérieur du PSU « même si cela doit m’attirer des sanctions ». Avec le courant mendésiste, soucieux de constituer une formation de gauche non communiste puissante susceptible de concurrencer le PCF, il se montra solidaire de la « déclaration des 47 » en juillet 1962 qu’il n’avait pu parapher, étant à l’étranger. Considéré comme appartenant à la tendance Verdier-Savary, il fut élu minoritaire (motion A) au comité politique national du PSU, à l’issue du congrès d’Alfortville en janvier 1963.

Candidat du PSU aux élections cantonales en juin 1961, puis aux élections législatives de 1962 dans la circonscription d’Issoire, Guillaneuf obtint 1 359 suffrages sur 28 686 exprimés.

Guillaneuf fut réélu, cette fois sur la liste majoritaire, au CPN en novembre 1963. Mais il n’y demeura qu’une année, étant nommé au lycée de Lomé, au Togo, à la rentrée 1964 au titre de la coopération. En 1966, il indiquait comme autres activités militantes sur sa fiche d’adhérent du PSU : membre de la Ligue des droits de l’Homme, de la Libre Pensée, de la Gauche européenne, du Mouvement contre l’armement atomique et de la Ligue de l’Enseignement. Après l’élection de Georges Pompidou à la Présidence de la République en 1969, une élection complémentaire fut organisée dans la circonscription de Saint-Flour-Mauriac (Cantal). Guillaneuf fut le suppléant du candidat du PSU, le prêtre ouvrier Delpirou. Cette candidature avec la seule étiquette « socialiste » fut soutenue par la fédération socialiste SFIO très affaiblie à la demande du nouveau secrétaire général Alain Savary, proche de Guillaneuf dans la tendance A du PSU.

En 1972, face à la motion de Michel Rocard, Guillaneuf se prononça en faveur du Programme commun de gouvernement et fut à l’origine du texte « Avec les travailleurs, pour l’union de la gauche, vers le socialisme » présenté au congrès de Toulouse en décembre 1972. Devant l’échec du courant « socialisme unitaire », il quitta le PSU et adhéra au Parti socialiste en 1973, dans lequel il fit partie de sa section de l’enseignement supérieur.

Lors du colloque « Jaurès et la classe ouvrière », organisé en novembre 1976 par la Société d’étude jaurésiennes, il présenta un rapport sur « La SFIO et Jaurès 1914-1936 ». Il participait régulièrement aux activités de l’Association des professeurs d’Histoire et de Géographie dans la section de l’académie de Clermont-Ferrand.

En outre, membre de la Ligue des droits de l’Homme depuis 1956, il présida sa fédération du Puy-de-Dôme de 1995 à 2000. Membre fondateur de l’Association démocratique des Français à l’étranger en 1980, il en fut le vice-président national de 1993 à 1995.

Retraité à Manzat (Puy-de-Dôme), Raymond Guillaneuf fut élu premier adjoint de 1995 à 2000. Il préfaça l’ouvrage du pasteur Joseph Doucé, Couples homosexuels et lesbiens : juridique et quotidien. Il présida l’association des anciens élèves du lycée Blaise Pascal et en était le président honoraire en 2010.

Célibataire, il avait recueilli un orphelin togolais en 1965.

Raymond Guillaneuf mourut le 21 août 2018 à l’hôpital Saint Louis à Paris à l’âge de 85 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88818, notice GUILLANEUF Raymond par Raphaël Desalle, Jacques Girault, Gilles Morin, version mise en ligne le 22 août 2010, dernière modification le 14 juillet 2021.

Par Raphaël Desalle, Jacques Girault, Gilles Morin

Raymond Guillaneuf
Raymond Guillaneuf

OEUVRE : La Gauche non-conformiste dans le Puy-de-Dôme de 1945 à 1960, Clermont-reproduction, Aubière, 1977-1979, 432 p.

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/554, Fichiers adhérents du PSU. — Le Libérateur, 1955. — Bulletin d’information du Mouvement uni de la Nouvelle gauche, 10 janvier 1957. — Tribune du Peuple, 12 avril 1958. — Tribune socialiste, n° 41, 3 juin 1961, 1er juillet 1961, 2 février 1963, 10 octobre 1964. — Les élections législatives 1962, La documentation française. — Notes de Fabien Conord, Jean-François Kesler. — Divers sites Internet. — Entretien réalisé avec l’intéressé, le 7 novembre 2000, par Raphaël Desalle et renseignements fournis en octobre 2010 à Jacques Girault.

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