HIPP Alice [née HOFFER]

Par Françoise Olivier-Utard

Née le 2 août 1934 à Lutterbach (Haut-Rhin) ; couturière ; communiste ; militante de l’Union des femmes françaises ; membre du comité fédéral du Haut-Rhin (1957-1959, 1968-1976) ; responsable à l’organisation de la section PCF du Bassin potassique ; secrétaire départementale de l’UFF.

Alice Hopper fut la fille unique d’une famille de militants communistes. Son père, Albert, était mineur de potasse à la mine Amélie 2 de Wittelsheim. Sa mère, Joséphine Guth, était couturière à domicile.

Alice Hopper alla à l’école de Wittelsheim et apprit le métier de couturière.

Elle adhéra à l’Union des jeunes filles de France (UJFF) à quatorze ans, en 1948. Une des activités politiques du groupe de la jeunesse communiste consistait à cette époque à collecter des signatures pour l’Appel de Stockholm. C’était facile dans la cité des mineurs, difficile vers le centre du village, plus paysan et commerçant. Tous les ans, les jeunes de la JC se rendaient aussi, dans les bus prêtés par la mine, à la cérémonie en l’honneur du Colonel Fabien, tombé à Habsheim.

Alice se maria en octobre 1955, à Wittelsheim, avec Camille Hipp, mineur et militant communiste. Le couple eut quatre enfants.

En 1953, elle avait adhéré à l’UFF et devint secrétaire à l’organisation. Elle fit un stage interdépartemental de l’UFF en 1955. Il y avait environ 15 groupes dans le département du Haut-Rhin et, dans la seule ville de Wittelsheim, plus d’une centaine de femmes inscrites à l’UFF. Le militantisme consistait à vendre le journal Femmes françaises (plus tard Heures claires). Il s’en vendait une centaine dans le département. Les groupes UFF s’occupaient aussi de venir en aide aux familles démunies et de régler des cas sociaux. Les femmes organisaient la vie festive de la cité, rythmée par les fêtes de Noël, les corsos fleuris, la Fête des Mères, la kermesse. La Fête internationale des femmes mobilisait les militantes, qui organisèrent un convoi en train à Paris.

Le militantisme féminin eut à trouver des formes d’expression spécifique à la fois pour recruter de nouvelles adhérentes et pour se faire admettre par les militants masculins. Les femmes de mineurs n’étant pas salariées et vivant dans les cités minières, qui s’étendaient sur un territoire très vaste mais relativement clos, il fallait trouver le moyen de les engager dans les luttes sociales. En 1956, au moment de la guerre d’Algérie, les femmes de l’UFF organisèrent une campagne de signatures qu’elles allèrent porter à la préfecture de Colmar. Ces pétitions visaient la vie chère et sa cause, les dépenses militaires. Elles furent récoltées au moment du rappel des soldats du contingent. Elles réussirent à recueillir 6 000 signatures. En 1962, deux voitures de femmes du Haut-Rhin furent affrétées à Évian au moment des accords de paix.

Au puits Marie-Louise de Berrwiller il n’y avait pas de vestiaire ni de douches. Les mineurs étaient contraints de prendre un autobus pour se rendre à 4 km de là, à Staffelfelden. Ces déplacements entraînaient souvent des affections pulmonaires. Les femmes se mobilisèrent pour la construction d’un vestiaire avec douches sur place.

Une étape supplémentaire fut franchie lorsque les femmes de mineurs réussirent à s’organiser et se présenter comme partenaires en tant que telles dans les luttes de la CGT. Elles s’affirmèrent comme alliées des mineurs. En 1972, la grève des mineurs de potasse dura 6 semaines. Les femmes s’engagèrent individuellement à ne pas être un frein aux revendications des hommes. Certaines apportèrent le café aux piquets de grève à 5 heures du matin : ce n’était pas un acte de soumission mais bien un acte de solidarité. Un jour il leur fallut même sillonner la ville avec des haut-parleurs pour une mobilisation d’urgence de toutes les épouses devant les bureaux de la Direction. Elles obtinrent leur reconnaissance officielle lorsque 8 places furent accordées à l’UFF dans le train de 1 000 mineurs affrété pour Paris.

Une autre question qui mobilisa les femmes fut celle des pensions de réversion. Certes, le régime spécial des mineurs permettait aux veuves de toucher une pension dès le décès du mari, sans limite d’âge, mais ces demies retraites étant leurs seules ressources, elles se révélaient insuffisantes. En 1982, les comités de femmes obtinrent la promesse d’une majoration à 52 % mais il leur fallut 10 ans pour en voir la réalisation et 4 années supplémentaires pour aboutir à 54 %.

En 2007 Alice Hipp relança la Journée des femmes du 8 mars, dans une cité où se retrouvaient les anciennes familles de mineurs et les nouveaux ruraux, installés depuis la fermeture des mines en 2004.

Alice Hipp avait adhéré au parti communiste en 1956 et avait été élue au Comité fédéral du Haut-Rhin en 1957. Après une interruption liée à l’éducation de ses 4 enfants, elle avait été à nouveau membre du comité fédéral de 1968 à 1976. Elle assura ensuite la fonction de secrétaire à l’organisation de la section du Bassin potassique.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88819, notice HIPP Alice [née HOFFER] par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 22 août 2010, dernière modification le 5 décembre 2010.

Par Françoise Olivier-Utard

SOURCES : Archives du comité national du PCF, Section Montée des cadres. — Entretien du 23 février 2010. — État civil.

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