GRUMBACH Jacques

Par Gilles Morin

Né le 19 avril 1902 à Paris (XIIe arr.), mort le 25 novembre 1942 à Siguer (Ariège), dans les Pyrénées, assassiné par son passeur ; négociant ; conseiller général de l’Aube (1934-1940) ; membre de la CAP de la SFIO ; résistant.

Jacques Grumbach (1902-1944)

Jacques Grumbach est né dans une famille fortunée. Son père, Jules Grumbach, né le 30 juillet 1875 à Belfort, négociant en tissus était apparenté à Letellier, maire de Deauville et directeur du Journal. Jacques seconda son père dans son entreprise.

J. Grumbach adhéra au Parti socialiste SFIO en 1925. Militant des Étudiants socialistes, il fut élu secrétaire de l’Entente des Jeunesses socialistes de la Seine en janvier 1930 mais il démissionna du bureau et de la commission exécutive avant avril 1930, de ce fait Paul Favier lui succéda. Il fut candidat dans le quartier de la Chaussée d’Antin aux municipales de 1929, mais ne fut pas élu.

Jacques Grumbach militait dans le IXe arr. et exerçait à Paris la profession de représentant.

Au sein de la Fédération socialiste de la Seine, dont il fut secrétaire à la propagande en 1931, il se rangeait dans la tendance de gauche de la « Bataille socialiste ». Il fut rédacteur en chef de Révolte, revue socialiste (22 numéros de février 1931 à août-septembre 1934) dont le directeur était Paul Favier. Mais il militait aussi dans l’Aube et, par deux fois, tenta de s’y faire élire député, dans la circonscription de Nogent-sur-Seine et Arcis-sur-Aube. En 1932, il y obtint 3 162 voix sur 19 199 inscrits et se désista pour le radical-socialiste Brachard qui fut élu. En 1936, il fit mieux avec 3 750 suffrages et il contribua encore par son désistement à la réélection de Brachard. Il avait été élu conseiller général du canton de Romilly (Aube) en 1934 et, l’année suivante, conseiller municipal de Romilly sur la liste de Charles Millet.

Membre de la CE fédérale de l’Aube, J. Grumbach était délégué au conseil national du Parti et fut désigné à plusieurs reprises pour siéger à la direction nationale de la SFIO au titre de sa tendance. Il fut en effet membre de la CAP en 1931-1932, en 1934-1935 et en 1936-1937, comme suppléant, puis en 1937-1940 comme titulaire. En janvier 1936, il écrivit dans le bulletin de la tendance Gauche révolutionnaire.

Noté absent à la réunion de la CAP du 8 juin 1940, comme étant “mobilisé”, Jacques Grumbach fut résistant dans le Midi. Il contribua à la fondation du Populaire clandestin avec Daniel Mayer, à Marseille.

J. Grumbach fut assassiné dans les Pyrénées ariégeoises en novembre 1942 alors qu’il tentait de passer en Espagne pour gagner la France libre après l’invasion de la zone sud. Il tentait, avec d’autres fugitifs, depuis Siguer et la haute vallée pyrénéenne du même nom de gagner, dans des conditions hivernales, la frontière andorrane au port de Siguer (2396 m) et, de là, la localité andorrane d’Ordino. Il fut assassiné par son passeur, Lazare Cabrero, un Espagnol. Le retentissant procès de Cabrero eut lieu devant la cour d’assises de Foix, en 1953. Cabrero fut acquitté.

Il obtint la mention Mort pour la France et fut homologué résistant.

Son jeune frère Jean-Pierre Grumbach rejoignit également la Résistance, puis devint célèbre comme réalisateur sous le nom de Jean-Pierre Melville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88823, notice GRUMBACH Jacques par Gilles Morin, version mise en ligne le 23 août 2010, dernière modification le 7 décembre 2021.

Par Gilles Morin

Jacques Grumbach (1902-1944)

SOURCES : Arch. nat., CAC, 20010216/191/6987. — Arch. Zyromski, dossier Fédération socialiste de la Seine. — Le Petit Troyen, 1932, 1934, 1936. — Les Cahiers d’information du militant, n° 16, mai 1936. — Libération-Champagne, 1944 et 21 novembre 1952. — Notes de Gilles Candar et de Julien Chuzeville. — Notice de R. Lemarquis et J. Raymond dans DBMOF, tome 30. — Service historique de la Défense, Caen AC 21 P 199748 et Vincennes GR 16 P 272869 (nc). — Gauche révolutionnaire : 1936, inventaire. — Émilienne Eychenne, Montagnards de la liberté. Les évasions par l’Ariège et la Haute-Garonne, Toulouse, Milan, 1984, 366 p. [p. 181-185]. — Notes d’André Balent.

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