GUIGNEBOURG Pierre, dit Millange, ou Millange-Guignebourg

Par Vincent Flauraud

Né le 11 septembre 1869 au Dijon de Chastel-Marlhac (Cantal), et mort en juin 1953 au Monteil (Cantal) ; agriculteur, charbonnier, maçon… ; artiste-peintre ; militant communiste, conseiller municipal du Monteil puis d’Aurillac (Cantal) ; secrétaire général de l’Union CGT des Vieux travailleurs du Cantal.

Pierre Guignebourg était le fils de Géraud, forgeron comme son propre père avant de devenir marchand de veaux en Poitou. Il avait deux sœurs. Apparenté par sa mère, elle-même très pratiquante, à Mgr Louis Martrou, évêque missionnaire à Libreville de 1914 à 1924, il se qualifiait de « catholique convaincu ».

N’ayant suivi l’école que pendant quatre hivers, puis les cours d’adultes pendant deux hivers encore, il avait commencé à travailler comme pâtre dès l’âge de 14 ans, devenant boutillier (aide du vacher) à 16 ans. À 18 ans, comme bon nombre d’Auvergnats, il gagna la région parisienne, où il travailla dans des exploitations du Val d’Oise puis de Seine-et-Marne, avant d’être embauché comme homme d’équipe dans un hôtel de la capitale. En 1890, il partit effectuer son service militaire dans l’artillerie de marine de Toulon.

En 1893, de retour sur sa terre natale, Pierre Guignebourg se mit à défricher, épierrer, drainer, irriguer les landes caillouteuses du Monteil (Cantal), recevant des prix en 1899 et 1906 pour son action de modernisation agricole, ainsi que le mérite agricole (officier, puis commandeur en 1948). Dès l’âge de vingt-sept ans, se présentant comme un « rouge », il avait été élu conseiller municipal de sa commune.

Marié en 1902 avec Antonine Floret, fille d’un cordonnier-aubergiste, dont il eut trois enfants, il s’installa de 1904 à 1906 sur la commune de Champagnac-les-Mines, comme fermier, avant de regagner Paris à la suite de déboires financiers. D’abord charbonnier sur le quai de l’Hôtel-de-ville, il se fit embaucher en 1908 pour la construction du métro, comme garçon-maçon, devenant chef d’équipe en 1910. C’est l’époque où il commença à s’intéresser à l’art, réservant tous ses dimanches à la visite du Louvre, et commençant à peindre en 1913.

Trop âgé pour être mobilisé en 1914, il s’engagea dans l’artillerie coloniale, prit part à la bataille de la Marne, fut blessé en 1915, eut les pieds gelés en 1917 en Haute-Alsace, et reçut la médaille militaire à 82 ans en 1951.

Pierre Guignebourg s’inscrivit après l’armistice à l’Académie Humbert, et suivit les cours de dessin de Louis Biloul pendant six mois, tout en continuant à travailler à la construction du métro. En 1919 et 1921, il exposa des scènes de la vie du front au Salon d’automne, sous le pseudonyme de Millange, le patronyme de sa famille maternelle.

En 1922, il renoua avec l’agriculture, comme régisseur à Noisy-le-Grand, sur une exploitation de 270 ha disposant de tracteurs et d’un outillage moderne. Après avoir défriché et mis en culture 92 nouveaux hectares, il regagna le Cantal en 1927, comme fermier à Marmanhac.

À la suite d’un accident, il s’installa à Aurillac, tour à tour employé à la mairie, représentant en vins, palefrenier. Sans emploi en 1938-1939 au moins, il avait été alors trésorier du comité des chômeurs du chef lieu du Cantal. Militant communiste et CGT, il devint le secrétaire (à 68 ans) de l’Union CGT des Vieux travailleurs du Cantal dès sa création en 1937, et le demeura lors de la relance après la guerre. Il présidait alors de multiples réunions, et rédigeait de nombreux articles sur le sujet dans le Cantal ouvrier et paysan, sous le double nom de Millange-Guignebourg. Il fut élu conseiller municipal d’Aurillac en 1947 (1 976 voix), sur la liste conduite par le député communiste Clément Lavergne. Il siégea alors à la commission des Sciences, lettres, arts, bibliothèques et musées, présidée par le communiste Michel Leymarie. « Membre de la fédération socialiste du Cantal bien avant 1914, il est resté fidèle à l’esprit qui animait le mouvement révolutionnaire d’alors. Il se plaît à relire les statuts de ses anciennes cartes et à déclarer que seule l’action du PC y correspond actuellement », écrivait le Cantal ouvrier et paysan en 1949.

Mais sa notoriété devait aussi beaucoup à son activité de peintre de l’Auvergne et du Bas-Limousin. En 1950, François Raynal lui consacra même une brochure, et bien après sa mort, une exposition-hommage d’une cinquantaine de ses œuvres fut organisée en 1974 à Antignac (Cantal). Le dramaturge Jacques Audiberti, avec qui il s’était lié pendant la deuxième guerre mondiale, rendit hommage à sa « fraîcheur pour ainsi dire enfantine, [à] sa sincérité méticuleuse ».

Il décéda en 1953, dans la petite maison qu’il avait acquise au Cher, sur la commune du Monteil (Cantal)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88881, notice GUIGNEBOURG Pierre, dit Millange, ou Millange-Guignebourg par Vincent Flauraud, version mise en ligne le 24 août 2010, dernière modification le 24 août 2010.

Par Vincent Flauraud

ŒUVRE : voir Millange, peintre-paysan. Catalogue de l’exposition de 1974. Antignac, Riom-es-Montagnes, imp. Rousseau, 1974, 13 p.

SOURCES : Le Cantal ouvrier et paysan, 1937-1938, 30 septembre 1944, 14 octobre 1944, 4 novembre 1944, 18 novembre 1944, 16 novembre 1945, 27 avril 1946, 16 novembre 1946, 23 novembre 1946, 23 octobre 1947, 31 octobre 1947, 15 novembre 1947, 17 septembre 1949, 5 août 1950, 1er décembre 1951, 20 juillet 1974. – Le Montagnard, 14 mai 1948. – La Voix du Cantal, 27 juin 1953. – François Raynal, « Du sillon à la cimaise : Millange, peintre-paysan », L’Auvergne historique, artistique et littéraire, n° 88, 1937, p. 27-32. — François Raynal, Millange, peintre paysan, Paris, Dumas, 1950, 72 p.

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