GOURMELON Joseph

Par François Prigent

Né le 27 avril 1938 à Brest (Finistère) ; contrôleur divisionnaire des douanes ; militant FO puis CFDT ; responsable de la CIR puis du PS du Finistère (1967-1996) ; conseiller général de Brest-Bellevue (1973-2008) ; conseiller municipal PS de Brest (1977-1995) ; député PS de Brest (1981-1993) ; dissident socialiste.

Travaillant dans une blanchisserie, sa mère faisait aussi des ménages. Son père, ouvrier à l’Arsenal de Brest, était syndiqué à la CGT. Tous deux votaient SFIO ou PCF selon les scrutins. Passé par les écoles publiques, Joseph Gourmelon sortit du cursus scolaire classique en seconde à l’issue du BEPC pour être soigné durant deux ans dans un sanatorium jusqu’en 1954. L’année suivante, il passa avec succès le concours des douanes, avant d’exercer en juillet 1956 à la gare du Nord à Paris. Revenu à Brest en 1958, il se syndiqua à FO avant de rejoindre la CFDT à l’issue de son engagement politique d’élu dans la mouvance socialiste en 1973. Il était alors contrôleur divisionnaire des douanes, marié à une secrétaire de collège.

En 1965, il suivit avec intérêt la campagne présidentielle de Mitterrand*. Son rejet de la SFIO le conduisit à adhérer à la CIR en 1967, à Brest. Contacté par Yves Jullien* (enseignant, ancien conseiller général SFIO de Brest 3 entre 1935 et 1949) et par Francis Le Blé* (JOC, secrétaire départemental de la CFDT, conseiller général de Brest en 1973 et maire en 1977), il rejoignit un noyau étroit d’une petite dizaine de militants. La CIR entretenait des contacts étroits avec la SFIO brestoise, réduite à cinq membres seulement, dont le plus jeune était âgé de soixante-dix ans.

En 1971, il fut candidat aux municipales à Brest sur la liste de Francis Le Blé, nouveau secrétaire de section du nouveau PS, lui-même occupant les fonctions de trésorier de section : il s’agissait du tandem fondateur et organisateur du PS à Brest. Les discussions avec le PCF, presque deux fois plus puissant électoralement, n’aboutirent pas, tandis que les liens étaient rompus avec le PSU, ancré autour des filières chrétiennes populaires de l’Arsenal et des milieux enseignants.

En octobre 1973, il fut élu conseiller général PS à 35 ans dans le nouveau canton de Brest-Bellevue, au cœur de la ZUP brestoise, avec 3 902 voix, soit 60.6 % des suffrages exprimés au second tour face à Joseph Tanguy, un proche du leader de la droite brestoise Georges Lombard. Au 1er tour, il avait obtenu 2 044 voix, contre 1 497 voix pour Tanguy et 1 348 voix pour le candidat communiste Perrot.

Les nouveaux conseillers généraux brestois Francis Le Blé, Marie-Jacqueline Desouches* (universitaire), Georges Kerdoncuff (Plouzané), Jean-Marie Garrigou-Lagrange (universitaire en droit à Brest), permirent au groupe PS de nettement s’étoffer aux côtés des anciens élus SFIO-PSU de Concarneau (Charles Linement*), Bannalec (Pierre Boédec*), Rosporden (Louis Huitric*) et Morlaix (Roger Prat*).

Le canton de Bellevue ayant été tiré au sort, la campagne du renouvellement de 1976 fut très dure à gauche, face à l’implantation des réseaux communistes. Arrivé en tête avec 3 397 voix, Joseph Gourmelon devançait Tanguy (2 913 voix) et le communiste Louis Aminot (1 810 voix). Au second tour, il fut facilement réélu avec 63,9 % des suffrages exprimés (5 272 voix).

Au terme d’une triangulaire, l’élection surprise de Francis Le Blé en 1977 à la mairie de Brest s’accompagna d’une répartition des postes entre Pierre Maille (1er adjoint, puis maire entre 1982 et 1983 au décès de Francis Le Blé) et Joseph Gourmelon (numéro 2 sur la liste et président de la CUB jusqu’en 1983). Animateur du courant Mitterrand puis Fabius au sein du PS finistérien, Joseph Gourmelon demeura conseiller municipal PS de Brest jusqu’en 1995.

Désigné par les militants socialistes en interne au détriment de Francis Le Blé, il devint député socialiste de Brest en 1981, en compagnie de Marie Jacq* (Morlaix), Louis Le Pensec* (Quimperlé), Jean Peuziat* (Douarnenez), Bernard Poignant (Quimper) et Jean Beaufort (Châteaulin). Il l’emporta sur Eugène Berest avec 54,82 % des voix, en compagnie de son suppléant Daniel Cléac’h.

Dans la foulée en mars 1982, il conserva son mandat de conseiller général contre Jacques Berthelot, qui gagna la mairie de Brest pour la droite en 1983. Il était arrivé en tête des candidats de gauche avec 3 687 voix, devant Louis Aminot (1 125 voix) et un candidat UDB (309 voix) tandis que Berthelot (3 067 voix) était concurrencé par un candidat UDF (804 voix). Il l’emporta avec 5 296 voix contre 4 270 voix pour Berthelot.

Joseph Gourmelon fut réélu député en 1986 et 1988, avec Tino Kerdraon* (secrétaire fédéral du PS 1986-1990) comme suppléant. Au Palais-Bourbon, il fut particulièrement actif dans la commission défense, menée par le député PS rennais Jean-Michel Boucheron*.

Lors du renouvellement cantonale en octobre 1988, il arrivait très nettement en tête avec 1 910 voix, tandis qu’aucun de ses adversaires ne dépassait les 400 voix, avant de remporter le second tour avec 77,8 % des voix.

Battu par le RPR Bertrand Cousin en 1993 avec Tino Kerdraon comme suppléant (1er adjoint de Pierre Maille*, maire de Brest en 1989 et président du conseil général du Finistère depuis 1998), il fut facilement renouvelé aux cantonales de 1994 avec 2 458 voix soit 56,42 % des suffrages exprimés.

Obtenant 6 % des suffrages exprimés, Joseph Gourmelon se présenta en 1997 contre Tino Kerdraon (élu avec 55 % des voix au second tour), ancien leader CFDT de l’Arsenal passé par la JOC, dans un contexte de crise interne du PS brestois. L’année suivante, le basculement du conseil général du Finistère à une courte majorité lui permit de faire entendre sa voix à gauche. Durant cette décennie de dissidence, il réadhéra brièvement au PS entre 2001 et 2003.

Aux cantonales de 2001, il avait obtenu 43,6 %, avant d’être réélu avec 2 652 voix, soit 67 % des suffrages exprimés.

Il demeura conseiller général de Brest-Bellevue jusqu’en mars 2008, se présentant en suppléant d’une figure communiste brestoise, l’adjointe Jacqueline Héré, face au candidat officiel du PS Jean-Luc Polard (employé du Crédit Agricole, filière JOC-CFDT, son ancien assistant parlementaire entre 1981 et 1986).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88890, notice GOURMELON Joseph par François Prigent , version mise en ligne le 24 août 2010, dernière modification le 23 octobre 2020.

Par François Prigent

SOURCES : Arch. fédérales du PS du Finistère. – Arch. de l’OURS, dossiers Finistère – Ouest-France. — Le Breton Socialiste puis Cap Finistère (1977-2008). – Le Monde. — Entretiens avec Joseph Gourmelon, Tino Kerdraon, Pierre Maille, Marie Jacq, Bernard Poignant, Jean Peuziat et François Cuillandre. — Maurice Lucas et alii, Les socialistes dans le Finistère (1905-2005), Apogée, 2005. — Christian Bougeard (dir), Un siècle de socialismes en Bretagne. De la SFIO au PS (1905-2005), PUR, 2008.

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