CAROUGE René, Louis

Par Jean-Pierre Besse, Julien Cahon, Yves Le Maner, Philippe Pauchet

Né le 20 décembre 1918 à Grand-Laviers (Somme), mort le 21 février 2009 à Salouel (Somme) ; cheminot ; militant communiste et syndicaliste dans la Somme ; résistant ; adjoint au maire (1945-1947) puis conseiller municipal d’Abbeville (1947-1955), conseiller municipal (1965-1977) puis maire de Rivery (1977-2001), conseiller général (1975-2001).

René Carouge dans les années 1980-1990
René Carouge dans les années 1980-1990
Le courrier picard, 25 février 2009.

Né dans une famille de cheminots, troisième enfant d’une famille de six, René Carouge découvrit très tôt la vie politique et syndicale, à Abbeville, où militait son père. Il fut adopté par la Nation en mars 1929. Il adhéra aux Jeunesses communistes en 1932, à l’âge de quatorze ans. Dès lors, il ne cessa de militer, tant au PCF qu’à la CGT. Il devint cheminot à son tour en 1936.
Il fut mobilisé le 25 novembre 1939 et fait prisonnier à Veules-les-Roses (Seine-Maritime) le 9 juin. Il s’évada le 17 du même mois. Jusqu’en septembre, il trouva refuge dans la ferme de sa mère. Il fut ensuite réembauché par la SNCF et habita Abbeville.
Il distribua des tracts du Parti communiste le 1er mai 1941. À la fin de 1942, il adhéra au Front national et en février 1943 il rejoignit la 3e compagnie FTPF sous le pseudonyme de Robert et devint chef de groupe. Devenu responsable militaire d’Abbeville et de sa région, René Carouge mit sur pied sept groupes à Abbeville, un à Cambron, un à Gouy-Cahon et un à Nouvion-en-Ponthieu.
Il transportait, entreposait et distribuait des tracts et le journal Picardie Libre. Il organisa de nombreux attentats auxquels il participa :
le 16 décembre 1943 et le 8 avril 1944 : sabotage de la voie ferrée Abbeville-Le Tréport,
le 22 juin 1944 : attaque de la prison d’Abbeville,
le 22 juillet 1944 attaque de l’agence de la Banque de France à Abbeville,
le 26 août 1944 exécution d’un agent de la Gestapo à Cambron.
René Carouge prit une part active à la Libération d’Abbeville.
À la Libération, il était élu maire adjoint d’Abbeville auprès de Paul Bénard, puis redevint simple conseiller municipal, de 1947 à 1955, date à laquelle un changement d’affection le conduisit à Amiens jusqu’en 1959, puis à Rivery, commune de la périphérie amiénoise, où, en 1965, à l’occasion d’une élection partielle, il fut élu conseiller municipal. En 1977, tête de liste PCF dans cette municipalité, il fut réélu avec toute sa liste. De 1977 à 2001, il fut maire de Rivery, qui connut alors ses années fastes, avec un développement sans précédent : un stade, un centre de santé, la ZAC de la Haute-Borne où s’installèrent les concessionnaires automobiles, et le logement social. L’association communale familiale permit à des dizaines de famille d’accéder à la propriété dans des conditions sans égal.
Il avait siégé au comité fédéral communiste de la Somme en 1945-1946 et fut par ailleurs membre du bureau de l’Union locale CGT d’Abbeville en 1959.

Dans les années 1980, René Carouge entra en désaccord avec le PCF qui le tança vertement au sujet d’un conflit social dans un supermarché à Rivery. Le parti lui reprochait une approche trop personnelle du pouvoir. En 1985, après 52 ans d’appartenance, il quitta le PCF pour avoir exprimé des positions critiques vis-à-vis de la direction. Pendant quelques temps, il rejoignit le courant des Rénovateurs de Pierre Juquin. Dans les années 1990, il s’opposa aussi à Gilles de Robien (UDF), maire d’Amiens, qui rêvait d’inclure Rivery et sa taxe professionnelle au district du Grand Amiens.
René Carouge réadhéra au PCF tout en affirmant son indépendance au tournant des années 2000. Ami et compagnon de René Lamps, comme ce dernier, René Carouge réussit à rassembler au-delà de sa famille politique, grâce à son aura d’ancien résistant. Il était pour les Amiénois « l’autre René ».

Conseiller général du canton d’Amiens Nord-Est, élu en juin 1975, successeur de Léon Dupontreué, il conserva ce mandat jusqu’en 2001, date à laquelle il fut battu par Isabelle Griffoin (UDF) et se retira de la vie politique en 2001, sans renoncer à son engagement communiste.

Suite à son décès, Le Courrier picard lui consacra une page entière dans son édition du mercredi 25 février 2009. Pour le quotidien local, « après René Lamps, c’est une autre figure de la Résistance et du monde politique qui disparaît ». Ses obsèques furent organisées par sa famille et la fédération du PCF de la Somme, qui perdait aussi une de ses figures historiques. Selon ses dernières volontés, elles se déroulèrent sous les chants de l’Internationale et Nuit et brouillard.

Il s’était marié en juillet 1942 à Blaringheim (Nord) puis remarié en août 1946 à Abbeville.

René Carouge était titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance.

Un homonyme militait aussi au Parti communiste à Abbeville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88902, notice CAROUGE René, Louis par Jean-Pierre Besse, Julien Cahon, Yves Le Maner, Philippe Pauchet, version mise en ligne le 29 août 2010, dernière modification le 23 janvier 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Julien Cahon, Yves Le Maner, Philippe Pauchet

René Carouge dans les années 1980-1990
René Carouge dans les années 1980-1990
Le courrier picard, 25 février 2009.

SOURCES : Arch. Dép. Somme, 1471W16, 79W 125/2229. — Le Travailleur de la Somme, 1945-1986. — Le Courrier picard, 25 février 2009. — Gérard Maisse, Occupation et Résistance dans la Somme 1940-1944, éditions F. Paillard, Abbeville, 2005. — Notes de Philippe Pauchet . — État civil.

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