ISRAEL Gaston [ISRAEL Isaac, dit, né BARUCH]

Par Antoine Olivesi

Né et mort à Marseille (Bouches-du-Rhône), 4 septembre 1903-7 mars 1955 ; avocat ; militant communiste des Bouches-du-Rhône.

À gauche Israël Moïse médecin pharmacien au 92 bd de la Corderie Marseille et son frère Israël Isaac Gaston

Gaston Israel était fils de commerçants. Il fit ses études secondaires d’abord au lycée Fesch, à Ajaccio, puis au lycée Louis-le-Grand, à Paris, où il suivit également les cours de l’École des Sciences politiques. Il passa les examens de la licence en droit à Aix-en-Provence et devint avocat à Nice, puis à Marseille où il adhéra au Parti communiste.

En 1937, le périodique régional le présentait non seulement comme l’avocat du journal, mais aussi comme « le défenseur du peuple contre les gangsters ». (Rouge-Midi, 8 octobre.)

Au cours de la même année, Gaston Israel fut le candidat de son parti aux élections pour le conseil général en octobre 1937, dans le 2e canton de Marseille contre Henry Bergasse qui fut élu. Il obtint 1 792 voix sur 16 983 inscrits au premier tour. Sa désignation avait été contestée par certains militants qui estimaient qu’il « n’avait pas assez fourni de gages de ses convictions communistes ». Israel défendit Esprit Pioch* lors de l’invalidation de l’élection de ce dernier dans le canton des Saintes-Maries-de-la-Mer, la même année. En février 1939, il fut candidat sur la liste communiste dans le 4e secteur aux élections municipales partielles à Marseille et obtint 2 133 voix.

Un mois plus tôt, Rouge-Midi exprimait « la fierté » pour le PC de compter dans ses rangs un intellectuel de sa valeur. Au mois de mai, Israel défendit Rouge-Midi, alors en procès avec Le Petit Marseillais. Par ailleurs, au moins depuis 1938, Israel enseignait à l’école communiste de Marseille. En octobre 1939, il était classé comme « conférencier du Parti communiste » sur la liste des militants suspects.

En août 1943, d’après un rapport de police, Israel était toujours compté parmi les membres du Parti communiste. Effectivement, après la Libération, en 1944-1945, Gaston Israel militait toujours au Parti communiste à Marseille. En revanche, on perd ensuite sa trace. En 1951, Gaston Israel était toujours avocat à Marseille.

Marié à Marseille le 5 septembre 1934 avec Aïda Zarcate, Israel se remaria à Miramas (Bouches-du-Rhône) le 19 février 1938 avec Thérèse Travaglino dont il divorça le 18 juillet 1945. Le 11 octobre 1947, il épousa, à Paris (XVIe arr.), Georgine, Charlotte, Eugénie Hardenne.

Par rectification du tribunal civil de Marseille du 6 janvier 1937, le nom patronymique Israel remplaça celui de Baruch.

Lettre à Monsieur le Président Laval
 
Monsieur le Président
 
Le 8 avril 1943. Monsieur Moïse Israël né le 27 février 1911 à Ajaccio Corse pharmacien, demeurant à Marseille 94 bd de la Corderie a été arrêté, transféré et interné à Drancy Seine sans aucun ordre judiciaire ou administratif
J’ai l’espoir d’être justifié dans votre esprit pour solliciter sa libération en vous exposant que Mr Moïse Israël est pharmacien ex-interne des hôpitaux de Marseille ,diplômé de l’Institut Colonial étudiant en médecine, il a servi au 3éme RIA à Hyères, puis il est parti en 1936 comme volontaire sur le théâtre des opérations extérieures avec le grade de sous-officier.
Il a fait la guerre de 1939-1940. Revenu à la vie civile, il ne s’occupait que de travaux scientifiques.
Je serai heureux si ces considérations étaient de nature à retenir votre attention sur cette situation douloureuse et navrante faite à un Français qui n’a commis aucun acte répréhensible tant au point de vue légal qu’au point de vue administratif.
Il a le droit d’espérer d’être protégé dans sa patrie, par son gouvernement.
Je suis persuadé Monsieur le Président que votre conscience se fera un devoir d’accueillir favorablement mes doléances
 
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de mes sentiments respectueux
 
Lettre d’indignation de Isaac Israël adressée au Maréchal Pétain Chef de l’Etat Français
 
Monsieur le Maréchal,
 
Je ne me lasserai pas, Monsieur le Maréchal, de vous exposer ! Sous votre gouvernement, un Français est interné illégalement .que sa famille ne peut savoir où il se trouve, et que le tord de ce Français est d’être Juif.
Le 8 Avril 1943, Mr Moïse Israël né à Ajaccio Corse le 27 ; février 1911, pharmacien, demeurant à Marseille 94 boulevard de la Corderie. Ex interne des hôpitaux de Marseille diplômé de l’institut colonial, étudiant en médecine, à été arrêté et transféré à Drancy avec son épouse Raymonde Bénichou et son beau-frère Gabriel Bénichou.
Depuis nous sommes sans nouvelles d’eux. L’appartement et la pharmacie ont été complètement vidés, cette arrestation est purement arbitraire et illégale, aucun acte administratif ni judiciaire n’a été donné à l’appui d’une telle mesure.
Rien dans la conduite de Monsieur Moïse Israël ne la justifie, il ne faisait en autre pas de politique, de pareils procédés sont plus désolants que les lettres de cachets ou les ventes d’esclaves.
Fort de notre droit, nous nous ne découragerons pas de vous soumettre nos doléances. Mr Israël a rempli ses devoirs de citoyen et de soldat envers la France, il a fait son service militaire au 3éme RIA à Hyères. Reçu au concours des élèves officiers engagé volontaire pour le théâtre des opérations extérieures en 1936. Il a été mobilisé pendant toute la durée de la guerre 1939-1940
S’il a défendu sa patrie, sa patrie dont vous êtes le représentant responsable lui doit la plus entière protection. Nous n’avons pas défendu la France pour qu’elle nous poignarde dans le dos et nous livre sans protection à la discrétion de la haine.
Je ne sais Monsieur le Maréchal, si vous prenez connaissance de mes lettres. Je ne sais si vous pouvez imaginer ce que telle situation peut avoir de poignant et d’odieux.
Il n’est pas possible, Mr le Maréchal que vous consentiez consciencieusement à ne pas intervenir pour révoquer une pareille mesure. Je n’ignore pas que tout gouvernement a ses indispensables rigueurs. Il ne s’agit pas en l’occurrence de l’application d’un tel principe.
Tant que ma voix pourra s faire entendre, elle implorer pour obtenir non seulement une mesure d’élémentaire justice, mais le respect des obligations imprescriptibles que la patrie doit à ses défenseurs.
Elevés et grandit en Corse, nous ne consentirons jamais à n’être que des ilotes et à nous taire devant l’arbitraire.
Nous avons le culte de l’honneur et du souvenir. Notre attitude est celle de l’honneur, je souhaite qu’elle ne soit pas celle du souvenir.
Vous concevrez Mr le Maréchal que lorsqu’on n’a pas peur de mourir pour la patrie, on ne redoute pas les conséquences qu’encoure actuellement un plaignant à revendiquer le respect des droits élémentaires qu’on ne peut laisser méconnaitre sans indignité.
S’il y a des Français qui ont perdu le sens du courage et de l’honneur, il doit vous plaire que je n’en sois pas du nombre
Nous estimons que Mr Israël doit être remis en liberté, ou placé dans un camp de Français sans discrimination de religion, et qu’il doit pouvoir nous donner de ses nouvelles
Veuillez agréer Mr le Maréchal l’expression de mes sentiments respectueux
Texte intégral Signé Israël Isaac Gaston
 
Signé Israël Isaac Gaston 6 août 1943

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88983, notice ISRAEL Gaston [ISRAEL Isaac, dit, né BARUCH] par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 31 août 2010, dernière modification le 16 janvier 2018.

Par Antoine Olivesi

À gauche Israël Moïse médecin pharmacien au 92 bd de la Corderie Marseille et son frère Israël Isaac Gaston

ŒUVRE : Gaston Israel, outre de nombreux articles, avait aussi écrit des pièces de théâtre dont « Malgré tout ».

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/53 (rapport cité du 2 septembre 1937), 54 et 56 ; V M2/290 ; M6/10809, rapport du 15 mars 1938 ; M6/10933, rapport du 2 octobre 1939 (préfet). — Arch. Com. Marseille, listes électorales de 1937. — Le Petit Provençal et Marseille-Matin, octobre 1937 et 4 novembre 1937. — Rouge-Midi, notamment le 8 octobre 1937 (photo), les 31 janvier (photo) et 5 mai 1939 et Rouge-Midi, septembre-octobre 1944. — La Marseillaise, 26 avril 1945. — Indicateur Marseillais, 1935 à 1966. — Renseignements fournis par Denis Bizot et Marcel P. Bernard.

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