JARRIGE Louis, Eugène. Pseudonyme : J. ARGIER

Par Pierre Lévêque

Né le 21 janvier 1871 à Villars-Fontaine, canton de Nuits-Saint-Georges (Côte d’Or), mort à Nuits-Saint-Georges le 25 novembre 1950 ; instituteur ; syndicaliste de la Côte d’Or.

Le père de Louis Jarrige, tonnelier à Villars-Fontaine, était d’opinions républicaines avancées. Sa mère était fille d’institutrice. Lui-même, brillant élève de l’école primaire de son village, fut reçu à l’École normale d’instituteurs de Dijon. Il fut instituteur à La Roche-en-Brenil, canton de Saulieu de 1896 à 1907, puis à Darcey, canton de Vénarey-les-Laumes, de 1907 à sa retraite en 1928.

En 1903, secrétaire du comité provisoire de l’Amicale de l’enseignement primaire de la Côte-d’Or dont le président était Jean Cazet, instituteur à Beurizot, il fut élu délégué au conseil départemental et se distingua par son action revendicative persévérante et son courage en face de l’administration. Partisan d’une transformation de l’Amicale en syndicat, il ne parvint pas à convaincre la majorité de ses collègues. Cependant, en 1912, sur sa proposition, l’Amicale félicita le bureau de la Fédération des syndicats d’instituteurs pour la vigilance dont il faisait preuve « pour sauvegarder les droits et les intérêts des instituteurs-citoyens ». Le 25 juin 1914, la section syndicale de la Côte-d’Or fut formée, mais elle ne comptait guère que quatorze instituteurs.

Dès 1919, cette section se reconstitua sous le nom d’Union laïque — syndicat des membres de l’enseignement de la Côte-d’Or. Louis Jarrige en fut le secrétaire. Le 12 avril 1920, il fut élu au conseil départemental par 334 voix sur 624 inscrits, 573 votants et 562 suffrages exprimés (voir Cazet*). En décembre 1920, l’Union laïque comptait 296 membres ; elle fut poursuivie, dut se transformer en association le 13 janvier 1921 et ne redevint syndicat qu’en 1924. Elle comptait alors 260 cotisants. Par le référendum du 1er août 1926, elle décida de se rattacher à la Fédération unitaire de l’enseignement et à la CGTU. Malgré le dynamisme de Jarrige et la présence à l’Union laïque de nombreux instituteurs du Parti socialiste SFIO — le Parti communiste était alors très faible en Côte-d’Or — l’effectif des syndiqués tendit à baisser à moins de deux cents à la fin des années 1920 ; il remontera cependant à plus de trois cents en 1935, à la veille de la fusion en novembre 1935 avec le syndicat national des instituteurs, héritier de l’Amicale.

En 1921-1922, Louis Jarrige écrivait sous le pseudonyme transparent de J. Argier, dans Le Populaire de Bourgogne, quotidien de Barabant alors communiste pour défendre la cause des instituteurs syndicalistes. Réélu avec Cazet au conseil départemental en 1920, il démissionna le 31 décembre 1921 à la suite de la révocation de Marthe Bigot* ; il fut réélu sans concurrent avec Cazet en mars 1922 ; il le fut encore en mars 1926, mais cette fois aux côtés d’un candidat du syndicat national. En 1925, il était président de l’Union laïque des instituteurs et institutrices adhérente à la CGTU, la secrétaire étant Mme Debruière.

Lorsqu’il fut admis à la retraite en 1928, il enseignait toujours à Darcey, n’ayant pu obtenir de mutation en raison de ses activités syndicales. Le 1er août 1928, l’assemblée générale de l’Union laïque, en témoignage de reconnaissance, lui attribua le titre de secrétaire-fondateur et le droit d’assister avec voix délibérative aux réunions du conseil syndical.

Retiré à Nuits-Saint-Georges, Louis Jarrige y devint secrétaire du groupe des Libres penseurs du canton, dirigea le comité de vigilance antifasciste, présida les meetings de gauche à Nuits lors du Front populaire. En 1941, il fut arrêté et emprisonné à Beaume pendant six mois ; il ne bénéficia que d’une liberté surveillée jusqu’à la fin de l’Occupation.

Selon le témoignage de sa fille, il « n’adhéra jamais à aucun parti, car il voulait garder son indépendance, et, disait-il, le droit et la possibilité de contredire en toute liberté ». Il se rattachait en quelque sorte à la tradition syndicaliste révolutionnaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article88984, notice JARRIGE Louis, Eugène. Pseudonyme : J. ARGIER par Pierre Lévêque, version mise en ligne le 31 août 2010, dernière modification le 31 août 2010.

Par Pierre Lévêque

SOURCES : Arch. de Louis Jarrige, communiquées par sa fille, Mlle Suzanne Jarrige et témoignage de celle-ci. — Bulletin de l’Amicale de l’enseignement primaire de la Côte-d’Or. — Bulletin de l’Union laïque. — Jeanne Demarolle, L’Instruction primaire en Côte-d’Or de 1833 à 1914, thèse de IIIe cycle, Dijon, 1969, pp. 340-347. — Le Rappel, 17 avril 1920.

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