HUTREL Eugène, Henri

Militant libertaire, fils d’un cocher et d’une lingère, Eugène Hutrel s’établit à Narbonne en 1912, où il exerça la profession de marchand d’engrais, puis de gérant du hall du journal l’Éclair. Il se maria à Saint-Babel (Puy-de-Dôme) le 21 août 1916. Au cours des trois années qui précédèrent la Seconde Guerre mondiale, les rapports de l’administration le signalaient comme un des principaux animateurs du cercle libertaire « Élisée Reclus » vers 1923-1925 (voir André Daunis). En 1938, le groupe, qui avait établi son siège au bar Arthur, ne comprenait qu’une petite vingtaine de sympathisants, originaires pour la plupart de Narbonne même ou du proche bourg de Coursan, localité où s’était formé peu après la Grande Guerre un foyer restreint, mais actif et original, d’anarchisme. Il avait recueilli une trentaine d’abonnements au Libertaire. Lorsque la guerre d’Espagne eut éclaté, il connut un net regain d’activité en nouant des relations avec les anarcho-syndicalistes réfugiés dans la région et en s’efforçant de procurer des armes à certains éléments catalans de la Fédération anarchiste ibérique. Dans le même temps, un petit groupe s’était constitué à Carcassonne (Aude), portant le nom de son fondateur, Juan Assisclo.

Le 20 septembre 1941, Eugène Hutrel fut interné au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn), où le gouvernement de Vichy rassemblait un grand nombre des opposants de la région, en même temps que plusieurs autres anarchistes narbonnais, en particulier André Daunis et Paul-Louis Estève. Il y demeura jusqu’au 10 octobre.