LADSOUS Édouard, Émile

Par Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

Né le 2 Juillet 1911 à Tourcoing (Nord), mort en déportation le 17 avril 1945 à Koselitz (Allemagne) ; infirmier ; militant communiste ; résistant FTP.

Édouard Ladsous était le fils d’Édouard Isidor, vingt-sept ans, gazier et de Marie Louise Schoenmack, vingt-neuf ans, sans profession. Son père de la classe 1904 fut mobilisé au 165ème Régiment d’infanterie lors de la Première guerre mondiale. Il a été tué le 6 septembre 1914 à Ville-sous-Cousances dans la Meuse. Il a été déclaré « Mort pour la France » par jugement rendu le 22 juin 1920, Édouard a été adopté par la Nation.
Il obtint à l’issue de sa scolarité le Certificat d’études complémentaires. Marié il était père de deux enfants. De la classe 1931, recrutement de Lille, il fut mobilisé en 1939 au groupe sanitaire divisionnaire n° 2 et démobilisé par le centre de Capdenac dans l’Aveyron. Dès 1935, il exerça sa profession d’infirmier à l’hôpital Saint-Louis à Paris, adhéra au syndicat du personnel des services hospitaliers qui était affilié à la CGT. Il s’était marié à Ormesson-sur-Marne (Seine-et-Oise) le 31 août 1938 avec Christiane Claudia Nespoulous.
Entré dans la résistance, il rencontra Roland Cauchy au cours de l’année 1941. Sur sa demande, Édouard Ladsous donna des soins à un jeune qui souffrait d’une ampoule au pied. Il soigna Roger Rouxel, blessé lors de l’attaque contre le maire POPF d’Alfortville, Marcel Capron le 10 avril 1943.
Au cours de la semaine qui précéda son interpellation, Cauchy apporta deux pistolets qu’il dissimula dans un placard où étaient rangés des vêtements. Le 18 novembre 1943 L. et T. deux inspecteurs de la BS2 interpellaient Édouard Ladsous à son domicile au 45 rue Bichat à Paris (Xe arr.). Fouillé lors de son interpellation il ne portait ni arme ni tract. La perquisition de son domicile se déroula en sa présence, les policiers saisissaient : un pistolet automatique marque Ruby calibre 7,65 mm, muni de son chargeur garni et trois chargeurs garnis pour la même arme ; un pistolet calibre 6,35 mm armé, marque Le Français ; six dossiers contenant de la documentation relative à son activité ; une enveloppe contenant 2 600 francs, ainsi qu’un laissez-passer de nuit ; une fausse carte d’identité et un Ausweiss au nom de René Marc ; un certificat de travail au nom de Marc ; un certificat de recensement au nom de Roland Amely ; une enveloppe au nom de Georges Dolfi 291 rue de Belleville, et une autre au nom de Jacquemin 17 rue de la Varenne à Sucy-en-Brie ; des tracts édités par le Parti communiste clandestin ; des cartes de viande et de matières grasses portant le cachet d’un" mairie de la région parisienne ; une feuille de coupons textiles et une carte de lait et des produits pharmaceutiques. Les médicaments furent livrés à la Maison de Santé des gardiens de la paix.
Livrés aux Allemands, les vingt-sept FTP de « l’affaire Estain » furent traduits devant un tribunal de guerre le 20 mars 1944. Le procès dura quatre jours et vingt d’entre eux furent condamnés à mort pour « actes de francs-tireurs », y compris Édouard Ladsous. Mais le 11 avril 1944 à 11 heures, un officier vint à Fresnes pour annoncer aux condamnés qu’ils seraient exécutés dans l’après-midi, à l’exception de deux d’entre eux dont les recours en grâce étaient acceptés : Édouard Ladsous et Georges Nicol.
Édouard Ladsous était le 7 juillet 1944 dans le convoi de 61 prisonniers enfermés dans des wagons de 3e classe au départ de la gare de Lyon-Bercy à destination du camp de Natzweiler en Alsace parmi eux onze FTPF qui étaient déportés pour activités communiste dont Lucien Gabardi et Georges Mandy. Tous étaient étiquetés « NN », Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard), ce qui signifiait condamnés à disparaître sans laisser de traces. Cette expression avait été empruntée par Hitler au livret de L’Or du Rhin de Richard Wagner.
Ce n’était que partie remise pour Édouard Ladsous. Classé « NN », il fut déporté le 7 juillet 1944 vers Natzweiler puis transféré à Dachau et à Flossenburg, enfin affecté dans un commando extérieur à Gröditz, il fut massacré avec 183 autres déportés « intransportables » dans un champ prés de la petite ville de Koselitz en Saxe le 17 avril 1945, en pleine débâcle du IIIe Reich.
Son épouse Christiane Ladsous a été convoquée en 1945 pour témoigner devant une commission rogatoire sur les circonstances de l’arrestation de son époux. Hospitalisée, elle mandata monsieur Fourment, gardien de la paix au IIIe arrondissement de Paris. Il déclara : « Madame Ladsous a appris dernièrement par une camarade de captivité que celui-ci avait été fusillé dans le courant d’avril 1945 peu avant l’arrivée des troupes alliées. »
Édouard Ladsous a été homologué combattant des Forces françaises de l’intérieur (FFI), et Déporté interné résistant. Son nom figure sur une plaque commémorative dédiée au personnel de l’hôpital Saint-Louis Mort pour la France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89008, notice LADSOUS Édouard, Émile par Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery, version mise en ligne le 20 novembre 2020, dernière modification le 20 novembre 2020.

Par Daniel Grason, Jean-Pierre Ravery

SOURCES : Arch. PPo. BS2/25, GB 133, GB 137, 77 W 5349-292008. – Bureau Résistance GR 16 P 328447. – Archives de la CCCP : notes Jean-Pierre Ravery. – Notes de Jean-Pierre Besse. – L’Humanité, 9 février 2007. – Site internet de la Première Guerre mondiale. – État civil AD Nord Tourcoing 3 E 16181 acte N° 762.

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