Par Daniel Grason
Née le 10 janvier 1913 ou le 1er octobre 1915 à Varsovie (Pologne), morte en février 1943 à Auschwitz Birkenau (Pologne) ; étudiante ; résistante ; membre de la section juive de la CGT à Paris et de Solidarité à Paris.
Fille de Aron et de Esther, née Zellmann, Chaya, Hélène Igla a été arrêtée en 1930 et renvoyée de son lycée. Elle poursuivit des études comme externe et réussit en 1936 le concours d’entrée à l’institut agronomique de Varsovie. L’année suivante, la police perquisitionna son logement où se tenait une réunion illégale. Elle réussit à s’échapper, elle quitta son pays et entra illégalement en France en juin 1937, elle passa par Strasbourg, puis gagna la région parisienne. Elle habita Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), elle demeura ensuite chez son oncle Joseph Zettman au 113 rue du Bois à Clichy-la-Garenne (Seine, Hauts-de-Seine). Elle résida ensuite dans le XIe arrondissement de Paris, au 47 rue d’Angoulême (Jean-Pierre-Timbaud), puis au 56 rue Saint-Sébastien (XIe arr.). Elle vécut avec le soutien de la famille Zettman et de celui d’une cousine demeurant 4 rue Pihet (XIe arr.), cette dernière partit en zone libre.
Avec l’appui de la Ligue Française pour la Défense des Droits de l’Homme, elle obtint un certificat attestant qu’elle était une « réfugiée politique ». Avec cette pièce, il lui fut délivré une carte d’identité d’étranger avec la mention « sans profession ». En mai 1940 ce récépissé lui a été retiré, elle fut soumise à un contrôle journalier, elle était astreinte à se présenter quotidiennement à la Préfecture de police. Á partir du 30 juin 1942 elle ne se présenta plus au contrôle.
Elle appartint à la section juive de la CGT et au mouvement de solidarité du XIe arrondissement de Paris. Le 24 décembre 1942 vers 16 heures 15, elle fut interpellée à la sortie du métro Alésia à Paris (XIVe arr.) par des membres de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) de l’arrondissement avec deux autres résistantes Hélène Kro et Laja Kubin. Dans le manchon en fourrure de cette dernière, les policiers trouvèrent un paquet qui dissimulait un engin explosif.
Lors de son interrogatoire Hélène Igla déclara ne connaître ni Hélène Kro ni Laja Kubin. Or, sur le quai du métro Alésia, un policier avait vu les trois femmes converser. Pour justifier de son identité elle présenta un récépissé de demande de carte d’identité d’étranger à son nom et portant sa photographie, cette pièce était fausse. Les policiers lui demandèrent qui lui procura le document. Elle affirma que c’était son ami, un nommé Olivier Gendron qui lui avait fourni. Elle ignorait où il habitait, elle déclara : « Lorsque j’ai été appréhendée, j’avais rendez-vous avec lui à 16 h.30, à proximité de la station de métro Alésia ». Interrogée sur ses moyens de subsistance, elle répondit que son ami l’aidait.
Frappée, questionnée sur son engagement politique, elle répondit : « Je n’ai jamais appartenu à aucune organisation tant en France qu’en Pologne. Je n’ai jamais eu ni armes ni explosifs en ma possession. Je ne suis en relation avec aucun membre de l’organisation communo-terroriste de la région parisienne ». Les policiers des Renseignements généraux doutèrent de la véracité de ce qu’elle déclara, notamment sur l’existence de son ami Olivier Gendron. Ils concluaient ainsi : « Il apparait que cette femme ment dans toutes ses déclarations ».
Le Laboratoire municipal procéda à l’analyse de l’engin dissimulé dans le manchon de Laja Kubin. Le 29 décembre 1942, le directeur concluait dans son rapport : « Cet engin, mal constitué, ne parait pouvoir produire que de faibles effets ».
Livrée à la Police de sécurité et du service de renseignements de la SS (Sipo-SD), elle fut probablement torturée, puis internée, Chaya, Hélène Igla était le 11 février 1943 dans le convoi n° 47 au départ de Drancy (Seine, Seine-Saint-Denis). Ce transport comptait 998 détenus, 802 furent gazés à l’arrivée, l’armée Soviétique libéra le camp le 27 juin 1945, 196 autres étaient morts, il ne restait que 10 survivants dont une femme.
Le nom de Chaya, Hélène Igla a été gravé sur le mur des noms au Mémorial de la Shoah rue Geoffroy-l’Asnier à Paris (IVe arr.).
Par Daniel Grason
SOURCES : Arch. PPo. GB 112 BS2. – Renseignements communiqués par M. Grojnowski. – Site internet CDJC cote : MXII 14350.