GUILLEMOT Armand, Jean, Désiré

Par Alain Prigent, François Prigent

Né le 1er février 1927 à Lorient, mort le 13 juillet 2009 à Lorient (Morbihan) ; chaudronnier à l’arsenal de Lorient ; secrétaire de l’UD-CGT du Morbihan (1958-1962) ; premier secrétaire de la fédération du PCF du Morbihan (1962-1981) ; membre du comité central puis président de la commission nationale de contrôle financier du PCF (1964-1990) ; conseiller municipal (1953-1959 ; 1965-1973) puis adjoint PCF de Lorient (1973-1995) ; révoqué de l’Arsenal en 1952.

Charpentier en fer à l’Arsenal de Lorient, son père Armand Guillemot (1902-1953) fut un des pionniers du PCF du Morbihan. Secrétaire de l’union locale CGTU de Lorient, il fut élu en 1946 conseiller général de Lorient 2 entre 1946 et 1949, succédant au maire socialiste de Lorient Emmanuel Svob*. Sa mère, Germaine, ménagère, sympathisante communiste, militait à l’UFF.

Armand Guillemot fils, entra comme apprenti à l’arsenal de Lorient à la Libération. Il fit son service militaire dans la Marine Nationale en Afrique du Nord comme mécanicien du 1er juin 1947 au 1er août 1948.

Ouvrier chaudronnier, il intégra la commission administrative dès 1950 puis devint secrétaire adjoint du puissant syndicat CGT de l’arsenal (1950-1952). En février 1950, il fut l’un des initiateurs des manifestations de soutien, organisées au sein de l’arsenal contre le licenciement de responsables CGT des arsenaux de Toulon et Brest. Le ministre de la défense congédia René Bonnaire, secrétaire du syndicat CGT, par mesure disciplinaire le 10 février 1950. Révoqué de l’arsenal le 17 juin 1952 pour avoir participé aux actions syndicales et politiques contre la venue du général Ridgway à Paris, Armand Guillemot fut élu secrétaire de l’UL CGT de Lorient, puis intégra comme permanent les instances départementales de la CGT, secondant René Bonnaire* puis Marcel Piriou* secrétaire général de l’UD à partir de mars 1955. En octobre 1956, il fut inculpé d’atteinte à la sécurité extérieure de l’État pour avoir rédigé un tract paru au cours de l’été 1956 contre la guerre d’Algérie. Il fut défendu par Roland Weil*, avocat du Secours Populaire. Malgré une difficile campagne d’opinion, menée au moment de la répression soviétique en Hongrie, Armand Guillemot et Léon Albor*, secrétaire du syndicat CGT de l’arsenal, furent condamnés en février 1957 à deux mois de prison. La cour d’appel confirma la peine en juin 1957. Le pourvoi en cassation et la demande de recours en grâce furent également rejetés. Le 8 janvier 1958, les deux militants furent incarcérés à la prison de Rennes, soumis au régime des condamnés de droit commun. À sa sortie de prison, Armand Guillemot remplaça Marcel Piriou au poste de premier secrétaire de l’UD CGT entre 1958 et 1962. Il passa le relais à la tête de l’UL CGT de Lorient à René Février*, en fonction jusqu’en 1972.

Adhérent du PCF depuis janvier 1946, il milita d’abord au sein de l’UJRF. À son retour du service militaire, il fut intégré à la cellule André Marty (section de l’arsenal) dont il devint le secrétaire en 1947. Il accéda dès 1949 au comité de section de Lorient. Roger Rio, le secrétaire de la fédération, remarqua immédiatement les qualités du jeune Guillemot en février 1950 à l’issue de l’école élémentaire de formation des militants de la section à Lorient. La même année, il fut élu au comité fédéral puis au bureau de la fédération du PCF du Morbihan après sa révocation en 1952. Le 1er juillet 1962, il succéda à Roger Le Hyaric* au poste de premier secrétaire de la fédération du Morbihan du PCF, occupant cette responsabilité jusqu’en 1981, avant de passer le relais à Jean-Claude Perron* puis Daniel Desbordes* dans les années 1980.

Il siégea au comité central du PCF pendant deux décennies (1964-1985). Élu membre suppléant au 17e congrès à la Mutualité en mai 1964, il suivit l’école centrale de quatre mois du 4 octobre 1964 au 6 février 1965. Il devint titulaire du CC au 19e congrès en février 1970 à Nanterre. En février 1976, au 22e congrès à L’Ile-Saint-Denis, il fut élu président de la commission nationale de contrôle financier du PCF, responsabilité qu’il conserva jusqu’en 1990. Avec Louis Baillot, il fut l’un des animateurs du bureau national des vétérans du PCF.

Au terme d’un conflit entre Julien Le Pan* (maire depuis 1946) et Jean Le Coutaller* (député depuis 1945) sur l’orientation de la SFIO, le PCF réussit à emporter la mairie de Lorient lors d’une élection partielle en 1951 avec Charles Le Samedy*, ancien secrétaire fédéral adjoint des JS en 1938. Lors du renouvellement de mars 1953, le puissant groupe municipal du PCF (13 élus sur 33 conseillers municipaux) fut relégué dans l’opposition à la municipalité de Troisième Force dirigée par Jean Le Coutaller (7 élus SFIO). À vint-six ans, Armand Guillemot fut élu conseiller municipal de Lorient dans ce contexte de vives tensions entre socialistes et communistes, profitant de l’homonymie avec son père, qui décéda à l’été 1953. En 1959, Armand Guillemot était chargé des négociations avec la SFIO, qui échouèrent. La désunion à gauche, avec une liste PSA conduite par René Dervout, responsable du SNI, profita à la liste de droite, entièrement élue, qui permit à Glotin de devenir maire dans ce fief socialiste depuis 1925. En mars 1965, la liste d’union de la gauche conduite par Yves Allainmat (SFIO) l’emporta, scellant le rapprochement entre les différentes composantes de la gauche. Armand Guillemot siégea sans discontinuer durant six mandats : conseiller municipal (1965-1973), 1er adjoint de Jean Lagarde* (1973-1977) puis adjoint à la culture (1977-1995) dans les équipes de Jean Lagarde et Jean-Yves Le Drian*, maire à partir de 1981. Sous sa responsabilité la ville réalisa des équipements conséquents : l’école de musique (rue Armand Guillemot), école des beaux-arts, une médiathèque. Armand Guillemot fut aussi un élu actif de l’intercommunalité lorientaise avec Jean Maurice*, conseiller général de Lanester entre 1967 et 1998 et Serge Morin*. Jusqu’en 1995, il se consacra à l’animation de l’association des élus communistes et républicains dans le Morbihan.

Lors des législatives de 1967, le candidat communiste Jean Maurice, maire de Lanester et conseiller général, arriva en tête à gauche (12 387 voix), devançant Yves Allainmat (11 853 voix). Mais les négociations nationales entre la FGDS et le PCF aboutirent au retrait du candidat communiste, afin de faire battre Pierre Messmer, poids lourd du gouvernement gaulliste. Relayant l’initiative de Roland Leroy au plan national, Armand Guillemot fut en contact avec Yves Guélard pour faire accepter cet accord stratégique, qui passa difficilement dans les réseaux militants communistes, comme socialistes (refus de Louis Le Moënic* de se désister clairement en faveur de Eugène Crépeau* dans la circonscription de Hennebont). A partir de 1967, le rapport de force s’inversa brutalement entre socialistes et communistes dans la circonscription de Lorient (en 1968, Yves Allainmat obtint 15 715 voix contre 9 373 voix pour Jean Maurice) puis dans l’ensemble du département.

En mars 1978, Armand Guillemot fut candidat dans la circonscription de Lorient (13 173 voix), soutenant au second tour Jean-Yves Le Drian (20 007 voix au 1er tour), élu député à seulement trente-et-un ans. Il se présenta également dans le canton de Lorient 2 en mars 1979, Georges Jegouzo succédant à Jean Le Moing*. Armand Guillemot figurait sur la liste du PCF aux élections européennes en 1979, en position non éligible. En mars 1982, il fut candidat dans le nouveau canton de Lorient-Nord, devancé dès le 1er tour à la surprise générale par Henri Scanvic (PS), proche de Jean-Yves Le Drian, élu entre 1982 et 1992 puis 1998 et 2004. En 1985, les relations entre le PCF et le PS se crispèrent autour de la question des dockers lors de la venue de François Mitterrand en Bretagne (manifestations radicales de la CGT). L’opposition frontale entre les leaders communiste et socialiste de Lorient, doublée de désaccords profonds au plan municipal, fut réactivée lors du passage de Jean-Yves Le Drian au gouvernement comme secrétaire d’État à la mer (1992-1993).

Les responsabilités d’Armand Guillemot au comité central du PCF lui donnèrent une autorité régionale. Il suivit les autres fédérations bretonnes avant l’élection des finistériens Paul Le Gall* et Louis Le Roux* au comité central. Il fut à l’initiative de la création du CRAC (comité régional communiste) en Bretagne au début des années 1970.

À partir de 1995 et jusqu’à son décès, Armand Guillemot anima l’association de financement de la fédération du PCF. Il assuma également le contrôle financier du périodique des fédérations bretonnes Bretagne Nouvelle, de la fête de L’Humanité Bretagne organisée chaque année à Lanester depuis 1992, et des comptes de campagnes des candidats communistes.

En 1998, il fut élevé au rang de chevalier de la légion d’honneur par Roland Leroy*. Marié à Huguette Buatier, le couple eut quatre enfants. Lors de ses obsèques civiles, Daniel Gilles, vice-président du conseil régional de Bretagne entre 2004 et 2010, maire adjoint de Lorient, prononça son éloge funèbre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89078, notice GUILLEMOT Armand, Jean, Désiré par Alain Prigent, François Prigent, version mise en ligne le 3 septembre 2010, dernière modification le 23 octobre 2020.

Par Alain Prigent, François Prigent

ŒUVRE : Armand Guillemot et Lucien Le Pallec, Lorient de ma jeunesse, Editions Le Télégramme, 2001.

SOURCES : Arch. Dép. du Morbihan. – Arch. Mun. Lorient. – Arch. du comité national du PCF. Notes de Claude Pennetier (dossier individuel). – Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne. – Le Rappel du Morbihan. —Entretiens en avril 2007 et avril 2008. — Article de Daniel Gilles, Bretagne Nouvelle, N° 58, novembre 2009. — Les réunions du CC du PCF. Etat des sources et des instruments de travail, Tomes 3 et 4, archives départementales de Seine-Saint-Denis, 2010. -Marcel Piriou, Quai des humbles, Editions VO, 2001. – François Prigent, « L’expérience de l’union de la gauche en Bretagne (1967-1978) », communication au colloque de la FJJ et de l’OURS, L’union sans l’unité. Le programme commun de la gauche (1963-1978), Saint-Denis/Pantin, 19-20 mai 2010.

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