HERNANDEZ Christian, Ernest, Lucien

Par Éric Belouet

Né le 19 janvier 1927 à Oran (Algérie) ; ouvrier, collecteur de publicité, permanent politique ; militant jociste des Bouches-du-Rhône, permanent de la JOC (1949-1951), militant du Mouvement de la paix et du PCF des Bouches-du-Rhône puis de l’Essonne, dirigeant de la fédération communiste de l’Essonne, coordinateur de secteur auprès du comité central ; conseiller municipal de Corbeil-Essonnes (1965-1971) puis premier adjoint au maire de Morsang-sur-Orge (1971-1977).

Descendant d’ancêtres andalous venus en Algérie peu après sa colonisation par la France, Christian Hernandez était le fils d’Ernest Hernandez (1900-1962), militaire de carrière (adjudant-chef), et d’Alice née Ros (1902-1974), fonctionnaire devenue femme au foyer après son mariage, sans engagement militant mais ayant, contrairement à son mari, des opinions progressistes. Sans être des croyants fervents, ils donnèrent, par tradition, une éducation religieuse à leurs enfants. En raison de la profession du père, la famille déménagea souvent et vécut successivement au Maroc, en Corse, à Auch (Gers), à Neufchâtel-sur-Aisne (Aisne) puis à Givors (Rhône). Ce fut dans cette ville que Christian Hernandez, aîné de quatre enfants (deux sœurs et un frère), obtint le certificat d’études primaires après avoir effectué toute sa scolarité dans des établissements publics. En 1942, il devint apprenti chaudronnier à la SNCF à Oullins (Rhône) mais, dès l’année suivante, son père envoya sa femme et ses enfants à l’abri à Oran où ils vécurent une situation de grande précarité, avec pour seul revenu le modeste salaire de Christian Hernandez qui s’était fait embaucher à la Recette municipale de la ville.

En 1945, la famille fut de nouveau réunie à Marseille où le père avait été muté. Christian Hernandez fut embauché comme employé à la Trésorerie générale des Bouches-du-Rhône, mais cet emploi ne lui plaisant pas, il devint ouvrier d’entretien dans une huilerie du quartier Saint-Louis. Il adhéra très peu de temps à la CFTC avant de rejoindre la CGT au lendemain des grèves de 1947. Sursitaire pour raisons de famille, il avait accompli son service militaire pendant neuf mois à partir de mai 1946. D’abord affecté dans les bureaux du centre d’instruction de Carpiagne, entre Cassis et Marseille, il fut ensuite tôlier au garage de la caserne D’Aurelle, où son activité consistait à remettre en état des automobiles récupérées à la casse pour le compte d’officiers qui les revendaient ensuite. Quand l’affaire fut découverte, les officiers incriminés furent envoyés en Indochine.

Ne connaissant personne à son arrivée dans la cité phocéenne, Christian Hernandez avait commencé à fréquenter le patronage de son quartier où il sympathisa avec des militants de la JOC. Il adhéra à ce mouvement en 1947 et, très actif, assuma rapidement des responsabilités au sein de la fédération de Marseille-Centre. De nombreux dirigeants marseillais ayant quitté la JOC pour se marier, il devint rapidement permanent en 1949 pour la région jociste de Provence, qui s’étendait sur un vaste secteur allant de la Corse à Gap (Hautes-Alpes) et de Nice (Alpes-Maritimes) à Saint-Hyppolite-du-Fort (Gard). Il en fut un temps le responsable. En tant que chef de province, il était d’office membre de la direction nationale de la JOC. Selon lui, à cette époque, il souhaitait l’unité de toute la classe ouvrière et appartenait à « l’aile gauche » du mouvement jociste. Son mandat de permanent prit fin en août 1951. Il fut alors remplacé par Jean Caillol.

Christian Hernandez se maria à Marseille en août 1951 avec Lisa Aphrodite Apostolo, aide familiale et responsable de la fédération Marseille-Nord de la JOCF, sœur de Marius Apostolo. Le couple eut deux fils (1952 et 1957).

Après son départ de la JOC, Christian Hernandez travailla pendant trois ans comme charpentier en fer dans les chantiers navals. Très engagé au Mouvement de la paix, il adhéra au PCF le 1er mai 1952. Contrairement à son beau-frère Marius Apostolo et à d’autres militants marseillais passés de la JOC au PCF via le Mouvement de libération du peuple (MLP), il n’avait pas adhéré à cette dernière organisation, considérant les militants de ce mouvement qu’il connaissait bien comme « pas assez révolutionnaires » (témoignage, 2010). À partir de 1953, il devint collecteur de publicité, puis fut secrétaire général d’Interpresse publicité Provence (IPP), l’agence gestionnaire de la publicité du quotidien communiste La Marseillaise. Marcel Guizard*, directeur du journal et Oranais comme lui, le prit sous sa protection et en fit le responsable du service des correspondants. Il s’occupait également de la gestion de la rubrique spectacles et de quelques activités annexes (notamment la création du concours de boules de La Marseillaise, qui existait encore en 2010, et des courses cyclistes).

Au sein du PCF, Christian Hernandez suivit une école de section en février 1953, puis une école fédérale en janvier 1954. Il fut secrétaire de la section de La Cabucelle de 1952 jusqu’à son départ du quartier en 1955, tout en assurant le secrétariat du comité de paix de ce quartier. À partir de 1957, il appartint au bureau de la section de Saint-Antoine dont il devint le secrétaire en 1958. Cette même année, il devint également secrétaire de la cellule de La Viste. Parallèlement, il militait depuis 1953 au syndicat des VRP à IPP.

Selon le témoignage de Christian Hernandez, la mise sur la touche de Marcel Guizard, auquel il était très lié, entraîna son éviction du journal, déguisée en mutation. On lui demanda en effet de s’installer en région parisienne en 1963. Il accepta pour que son fils handicapé soit mieux pris en charge qu’il ne l’était à Marseille. La famille habita d’abord à Valenton (Seine-et-Oise, Val-de-Marne) jusqu’en 1965, puis à Corbeil-Essonnes (Seine-et-Oise, Essonne). Christian Hernandez retrouva le même type d’activité, travaillant d’abord à Interpresse publicité, rue Lafayette à Paris, comme responsable du groupe des quotidiens et hebdomadaires communistes de province (La Marseillaise, La Marseillaise du Languedoc, L’Écho du Centre, Liberté de Lille, L’Humanité d’Alsace-Lorraine, Le Patriote de Nice…). Élu en 1965 conseiller municipal de Corbeil-Essonnes sur la liste de Roger Combrisson, il fut chargé par le maire de créer un service de relations publiques. Il n’alla pas au terme de son mandat. Parallèlement, il s’occupa de La Marseillaise de Seine-et-Oise, regroupement de plusieurs anciennes éditions locales (Le Journal de Palaiseau, La Marseillaise d’Étampes, La Marseillaise d’Arpajon, Corbeil Express…), chargé de faire un seul journal à partir des anciennes éditions. Il s’y employa pendant quelques années, mais l’entreprise périclita pour des raisons financières (le tirage du journal se situait entre 15 et 20 000 exemplaires). Il était parallèlement trésorier de la fédération communiste de l’Essonne.

Le PCF, faisant fi du manque de goût de Christian Hernandez pour les responsabilités municipales, lui demanda de se présenter sur la liste de Geneviève Rodriguez* aux élections de 1971 à Morsang-sur-Orge (Essonne) pour contrecarrer les ambitions d’un responsable départemental, peu favorable à l’accession des femmes aux plus hautes responsabilités municipales et qui convoitait le fauteuil de maire. Élu, Christian Hernandez devint le premier adjoint de Geneviève Rodriguez. Il demanda toutefois à ce qu’il fût mis fin prématurément à cette fonction, et démissionna avant les élections suivantes. La famille resta domiciliée de nombreuses années à Morsang-sur-Orge. Au PCF, Christian Hernandez avait fait une école d’un mois, avait été le temps d’un été directeur d’une école d’un mois à Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) et suivi une école de cadres sur mesure à Montgeron (Essonne). Il fut pendant plusieurs années secrétaire fédéral de l’Essonne.

Très sensibilisé, depuis la naissance de son second fils, à la question du handicap, Christian Hernandez s’était beaucoup investi dans ce domaine et avait acquis une grande expertise. De 1977 à 1982, il travailla pour le comité central du PCF comme coordinateur du secteur « environnement, cadre de vie, logement, santé, protection sociale » (créé par Pierre Juquin* et dirigé par Mireille Bertrand). En 1978, il présenta l’ouvrage Handicaps handicaper ? (Éd. sociales) dans lequel le PCF exposait ses positions sur le handicap. Après l’élection de François Mitterrand* et l’entrée de quatre ministres communistes au gouvernement, Anicet Le Pors, ministre puis secrétaire d’État chargé de la Fonction publique et des Réformes administratives, lui demanda un rapport à titre bénévole sur l’insertion des handicapés dans la fonction publique. Il rendit sa copie en 1982 et elle fut publiée l’année suivante par « La Documentation française ».

En 1982, Roger Lakota*, président du conseil général de l’Essonne, le sollicita pour devenir son directeur de cabinet. Il accepta mais, trois mois plus tard, les socialistes s’emparèrent de la présidence de l’assemblée départementale. Michel Germa, président du conseil général du Val-de-Marne, le recruta alors comme directeur de cabinet adjoint et le chargea d’appliquer la loi de 1983 organisant la décentralisation de l’action sociale.

Christian Hernandez prit sa retraite en 1987 et continua à militer au PCF à Étampes (Essonne) où la famille s’était installée après son départ de Morsang-sur-Orge, mais poursuivit surtout son engagement en faveur des handicapés. Les problèmes de drogue affectant la commune (à cette époque, cinq jeunes de la commune moururent d’overdose en peu de temps) l’incitèrent également à s’investir localement dans le domaine de la prévention. Il se définissait lui-même comme un militant « plus social que politique ».

Dans les années 1990, Christian Hernandez s’éloigna progressivement du PCF et finit par ne plus y adhérer, mais continua de voter communiste (témoignage, 2010).

En 2010, veuf, il vivait à Évry avec son fils handicapé. Il avait été fait chevalier dans l’ordre national du Mérite en 1992 (décoration remise par Anicet Le Pors*).

Son épouse, morte le 23 mars 2004 à Évry, milita elle aussi au PCF et fut responsable de l’Union des femmes françaises (UFF) des Bouches-du-Rhône. En région parisienne, elle fut secrétaire de la section communiste de Corbeil puis de Morsang-sur-Orge, et fut chargée des questions de la petite enfance et des colonies de vacances dans plusieurs mairies, dont Grigny et Corbeil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89129, notice HERNANDEZ Christian, Ernest, Lucien par Éric Belouet, version mise en ligne le 7 septembre 2010, dernière modification le 9 février 2022.

Par Éric Belouet

ŒUVRE : Handicaps handicaper ? (présentation), Éd. sociales, 1978. — L’insertion des handicapés dans la fonction publique : rapport au ministère de la Fonction publique et des Réformes administratives et au ministère des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, La Documentation française, 1983, 188 p.

SOURCES : Arch. JOC. — Arch. PCF Bouches-du-Rhône, biographie de 1958 (transmise par J.-C. Lahaxe). — Renseignements communiqués par J. Bégassat. — Entretiens téléphoniques avec Christian Hernandez (2010).

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