LAMOUR Marcel, Clovis, Julien.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 19 décembre 1902 à Douai (Nord), mort le 13 octobre 1970 à Roquefort-les-Pins (Alpes-Maritimes) ; chaudronnier, agent technique ; militant communiste ; conseiller municipal de Gennevilliers (Seine, Hauts-de-Seine) ; résistant déporté.

Photo d’identité.
Photo d’identité.

Enfant naturel légitimé par le mariage, le 5 octobre 1907, de sa mère Marie Verbeke avec Léon Lamour, chaudronnier, Marcel Lamour fit son service militaire en 1922 comme matelot mécanicien à Cherbourg (Manche). Il se maria le 19 avril 1924 à Hautmont (Nord) avec Hélène Vinchon, bonnetière. En 1932, le couple vivait 50 rue Jean-Jaurès à Gennevilliers.
Chaudronnier comme son père, titulaire du CEP ; il obtint un Certificat d’aptitude professionnelle de dessinateur et de traceur, il suivra l’École des ingénieurs civils, puis les cours des Arts et Métiers. Il fut embauché comme agent technique (dessinateur) à l’Alsthom de Saint-Ouen en octobre 1928. Il adhéra au parti communiste en 1932, fut élu conseiller municipal de Gennevilliers (Seine) lors de l’élection partielle du 14 octobre 1934. Réélu le 5 mai 1935 sur la liste de Jean Grandel*. Le 6 février 1935, il était appréhendé Place de la Concorde lors de la commémoration du 6 Février 1934. Militant syndical CGT, délégué de la Fédération des métaux, la direction de l’Alsthom le licencia pour sa participation à la grève du 30 novembre 1938.
Mobilisé en septembre 1939, affecté à la 531e compagnie du Parc de réparation d’automobiles d’Armée, il fut réformé le 1er février 1940. Il fut déchu de son mandat le 9 février 1940 pour appartenance au Parti communiste. Il fit l’objet d’un rapport policier où il était décrit comme « un militant dangereux ». En juillet 1940 il prit la parole dans un préau d’école, fut interpellé par la police, fit l’objet d’un contrôle d’identité au commissariat d’Asnières. Des policiers l’arrêtèrent à nouveau le 9 septembre 1940 pour « détention de tracts en vue de la distribution ». Il témoigna en novembre 1960 qu’il fut condamné à quatre mois de prison, incarcéré à Fresnes, libéré en janvier 1941, il entra dans la clandestinité. La direction clandestine du parti communiste lui demanda en juillet 1941 d’organiser l’action des militants communistes et la distribution de la propagande sur le secteur très industriel de Boulogne-Billancourt.
Le 27 août 1942 vers 18 heures 45, protégé par des groupes spéciaux il haranguait les ouvriers à la sortie des usines Renault à Boulogne-Billancourt, leur demandant de ne pas répondre au Service du travail obligatoire (STO), des militants lançaient des tracts à la volée. Des gardiens de la paix et des inspecteurs tous en civil surveillaient les lieux, pressentant l’hostilité des ouvriers à leur égard, ils ne l’arrêtèrent pas immédiatement. Prit en en filature, à la station de métro Marcel-Sembat, son arrestation eut lieu à La-Motte-Picquet-Grenelle par un gardien de la paix en civil aidé par deux agents du métropolitain. Un second agent de police maîtrisa Jean Repussard de Montreuil-sous-Bois.
Marcel Lamour portait sur lui quelques tracts qui venaient d’être distribués « Debout métallos parisiens » ainsi que le schéma dactylographié de son intervention. Son domicile clandestin, une chambre au 16 rue Daunou à Paris IIe arr. fut perquisitionné, les policiers saisirent trois cents tracts et brochures, un plan des usines Renault avec les diverses entrées, les effectifs communistes de l’entreprise, six clefs, une carte d’électeur de Courbevoie au nom de Leleu.
Lors de son interrogatoire, il fit part des difficultés que rencontrait l’organisation, une trentaine de militants qui n’assuraient que « d’une façon incertaine, allant même jusqu’au refus la diffusion des tracts qui leur étaient confiés ». En août 1942, il affirma qu’il était responsable secteur Colombes et Argenteuil.
Des inspecteurs de la BS2 l’interrogèrent à la préfecture de police. Marcel Lamour était remis aux autorités allemandes le 18 septembre, il fut emprisonné à la Santé, à Fontevrault, puis interné au camp de Royallieu à Compiègne, déporté le 24 janvier 1943 vers Sachsenhausen, il fut libéré en avril 1945. Il retrouva son siège à la Libération dans le conseil municipal provisoire, demeura toujours à Gennevilliers au 17 Rue du Pont-d’Argenteuil. Il fut à cette période, directeur adjoint au cabinet du ministre du Travail. Il siégea à la commission exécutive de la Fédération CGT des travailleurs de la métallurgie de mai 1948 à juin 1950 (16e au 17e congrès).
Absent du conseil en 1945, il fut réélu en octobre 1947, avril 1953 et mars 1959. Son mandat prit fin en mars 1965. Marcel Lamour était titulaire de la carte de déporté résistant, titulaire de la carte de combattant volontaire de la Résistance, homologué Déporté interné résistant (DIR) et au titre de la Résistance intérieure française (RIF). Grand invalide de guerre, il fut amputé d’une jambe.
Il mourut le 13 octobre 1970, la Municipalité de Gennevilliers donna en 1973 le nom de Marcel Lamour à la une rue de la ville (ex-rue Potamia), la nouvelle voie fut inaugurée par Waldeck L’Huillier* et Lucien Lanternier*.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89133, notice LAMOUR Marcel, Clovis, Julien. par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 8 septembre 2010, dernière modification le 17 septembre 2019.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier

Photo d'identité.
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Marcel Lamour.
Marcel Lamour.

SOURCES : Arch. PPo. 87 et 101, BA 2447, BS2, 41, GB133, GB107, BA 1928, BA 2309, CB 81.24, PCF cartons 5 et 13, 77W 1436. – Arch. Dép. Seine, D M 3 ; versement 10451/76/1 ; listes électorales et nominatives. – Arch. Mun. Gennevilliers 25/135, témoignage de Marcel Lamour 20 novembre 1960. – Bureau Résistance GR 16 P 334615. – La Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Le livre mémorial... op.cit. – Comptes rendus des congrès de la FTM CGT. - Lettre de M. le Maire de Gennevilliers, 26 décembre 1984. – Renseignements recueillis par Michèle Rault et Nathalie Viet-Depaule. – État civil de Douai, Hautmont et Roquefort-les-Pins.

PHOTOGRAPHIES : Arch. PPo. GB 190 cliché du 10 septembre 1940.

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