Par Jean-Pierre Besse, Frédéric Stévenot
Né le 15 mars 1907 à Beauvais (Oise), exécuté le 25 mai 1944 à Dury (Somme) ; instituteur ; militant communiste ; militant syndicaliste du SNI ; résistant du Front national, FFI.
Edmond Léveillé qui avait six ans lorsque sa mère mourut en donnant naissance à un second fils, Jean, fut élevé par son père, employé de banque, et sa grand mère.
A sa sortie de l’École normale d’instituteurs de Beauvais (Oise), promotion 1923, il fut nommé instituteur à Compiègne (Oise) puis, après son service militaire, à Nogent-sur-Oise. Il adhéra alors au Syndicat national des instituteurs (CGT) et au Parti communiste. Au début des années 1930, il animait le groupe des Jeunes réunissant militants du Syndicat national et du Syndicat unitaire qui oeuvra activement pour l’unification syndicale et publia à partir de novembre 1933 La voix des jeunes, organe mensuel du groupe des jeunes de l’enseignement laïque dans l’Oise. Il anima, avec Omer Bouchet, le comité de Creil chargé de préparer, au début de 1934, le congrès international d’unité du personnel enseignant à l’initiative de l’Internationale des travailleurs de l’Enseignement.
Délégué avec son épouse Jeanne au congrès des groupes de jeunes à Montpellier en 1934, Edmond Léveillé fut membre du conseil syndical provisoire constitué en décembre 1935 lors de la réunification entre le syndicat national et le syndicat unitaire dans l’Oise. Il le demeura jusqu’à la guerre, occupant en 1936 le poste de secrétaire-adjoint de la section départementale du Syndicat national des instituteurs. Il fit grève le 30 novembre 1938.
En 1935, Edmond Léveillé fut nommé avec son épouse à Thiescourt (Oise), commune du Noyonnais où ils animaient le comité de Front populaire et le rayon puis la section du Parti communiste. Il fut candidat de son parti aux élections cantonales de 1937 et obtint 696 voix sur 3 013 suffrages exprimés et 3 686 inscrits et se désista pour le radical-socialiste Terteaux qui fut élu au second tour. Il était membre du comité de la région communiste de l’Oise-Somme en 1938.
Parallèlement, Edmond Léveillé poursuivait son action syndicale. Selon un rapport, il passa la nuit du 29 au 30 novembre 1938 à la porte des usines pour exhorter les ouvriers à la grève. L’évolution de la situation internationale accentua les divergences au sein du SNI. La tendance École émancipée, bien implantée dans le département, ne ménagea pas ses critiques à l’encontre d’Edmond Léveillé très isolé au sein de la direction départementale. En mai 1939, à l’issue du congrès de Margny-lès Compiègne de l’UD CGT qui vit les ex-unitaires prendre la direction de l’UD, il accéda au bureau avec le poste d’archiviste.
Mobilisé en 1939, caporal au 148e régiment d’infanterie, il fut démobilisé en Bretagne puis rejoignit son épouse dans le Loir et Cher avant de rentrer dans l’Oise à la fin de juin 1940. Il obtint alors un poste à l’école des Aigles à Gouvieux (Oise). En raison de son passé politique et syndical, il fut relevé de ses fonctions le 28 novembre 1940 et admis à faire valoir ses droits à la retraite le 1er mars 1941.
Edmond Léveillé avait été, entre temps, contacté par Jean Catelas, ancien député communiste d’Amiens (Somme), qui lui demanda de mettre sur pied des réseaux pour collecter vivres et vêtements pour les familles des militants communistes arrêtés ou prisonniers en Allemagne. Ces premiers contacts lui permirent par la suite d’organiser le Front national dans le département, en prenant contact en particulier avec ses anciens collègues instituteurs qui furent dans l’Oise l’épine dorsale de ce mouvement.
Edmond Léveillé échappa en juillet 1941 à l’arrestation, contrairement à un certain nombre de ses camarades, et entra alors dans la clandestinité.
En avril 1942, il participa avec Pierre Auzi à la création du journal Le Patriote de l’Oise, organe du Front national, qui connut sous l’Occupation une parution régulière et s’imposa comme le journal clandestin possédant le plus fort tirage.
En novembre 1943, Edmond Léveillé fonda le Comité départemental de Libération clandestin dont il assura la présidence. Profondément respecté par tous ceux qui le côtoyèrent dans la clandestinité, il fit preuve de capacités d’organisation qui conduisirent la direction nationale à lui confier, en janvier 1944, des responsabilités interdépartementales pour le Front national.
Arrêté le 25 avril 1944, aux abords de la gare d’Amiens (Somme), dans des circonstances qui ne furent jamais éclaircies, Edmond Léveillé subit la torture, avant d’être exécuté à Dury (Somme) le 25 mai 1944.
En septembre 1944, son corps fut découvert avec trois autres dans une fosse creusée dans l’enceinte de l’hôpital militaire de Dury (actuellement hôpital Philippe-Pinel
Une plaque commémorative fut apposée sur le mur de l’hôpital. Le nom d’Edmond Léveillé figure sur le monument commémoratif des instituteurs de l’Oise, à Beauvais (actuellement lycée François-Truffaut), sur le monument aux morts de la ville, et sur une place commémorative de la mairie de Thierscourt (Oise). Il fut donné à une école de Montataire (Oise).
Edmond Léveillé fut homologué FFI et DIR (GR 16 P 369387). Il reçut à la Libération l’hommage de toute la population et aujourd’hui de nombreuses écoles et rues dans l’Oise portent son nom.
Edmond Léveillé avait épousé en août 1932 à Gouvieux (Oise), Jeanne Assassin, institutrice et militante communiste, qui eut aussi des responsabilités au sein de la résistance féminine, et fut à la Libération la première femme élue député dans l’Oise.
Par Jean-Pierre Besse, Frédéric Stévenot
SOURCES : Arch. Nat. F 1a/3655. — Arch. Dép. Oise, série M et W (en particulier 33 W 8252). — RGASPI, 495 270 3047, autobiographie, 27 octobre 1937 ; 517 1 1895, 1909. — Le Patriote de l’Oise, 1945-1950. — Bulletin du SNI,1935-1939. — Jean-Pierre Besse, L’Oise, septembre 1940-septembre 1944, Creil, 1994. — Souvenirs de vieux militants et de résistants. — Note de Jacques Girault.— Sites Internet : MémorialGenWeb ; Service historique des armées.