Par Claude Pennetier
Né le 25 août 1938 à Chouvigny (Allier) ; ouvrier des PTT ; maire communiste de Montluçon (1977-1998) ; député de l’Allier (1978-1981, 1988-1993, 1997-2007) ; quitte le Parti communiste en 2010.
Fils de deux enfants de l’Assistance publique de Paris placés dans l’Allier, le père étant ouvrier agricole puis facteur des postes (fils d’émigrés ayant quitté la Russie à la fin du XIXe siècle, puis la Pologne, qui l’avaient abandonné) à Saint-Sornin et la mère, laissée dans un panier devant Notre-Dame de Paris, était ménagère. La famille était chrétienne, prudente en politique au point d’interdire d’en parler à Pierre, à son frère (de trois ans son aîné) et à sa sœur (de trois ans sa cadette). Son instituteur, un résistant d’origine Kabyle, lui fait faire du théâtre avec succès.
Après sa réussite au CEP en 1952, son instituteur souhaita qu’il prépare l’école normale mais ses parents refusèrent en disant qu’il ne fallait pas faire de différence entre les enfants : l’aîné, bon élève aussi, était cuisinier, le jeune devait suivre le même chemin. Il choisi d’être paysan et travailla donc comme ouvrier agricole chez un patron de droite. C’est le départ en Algérie de son frère aîné qui l’orienta vers l’engagement. Des jeunes lui proposèrent de faire des paquets pour les soldats du contingent ; il ne réalisa que progressivement qu’il s’agissait des militants de l’UJRF et réalisa que son instituteur et le maire de sa commune étaient communistes. Il fut même envoyé à Paris au congrès des Jeunesses communistes avec la complicité de son nouveau patron de gauche qui cacha son absence à ses parents.
Il fit son service militaire au Maroc (son frère étant en Algérie) et à son retour, en dépit de son envie de devenir exploitant agricole, écrivit au directeur de son père pour demander à entrer dans les PTT. Il fut recruté comme laveur de voitures puis travailla comme ouvrier des lignes, avant de devenir, plus tard, chef de secteur des télécommunications et cadre. Dès son arrivée il fut contacté par la CGT en la personne de Gustave Goux, et huit jours après par la cellule communiste. Il adhéra en avril 1961 et fut très vite remarqué pour ses qualités de conviction et d’organisation. Henri Védrines* lui proposa, dès avril, d’être secrétaire de la section « Montluçon vieilleville », lui fit suivre une école centrale d’un mois et le fit entrer directement au bureau fédéral en 1966 comme responsable fédéral à l’éducation. Il participa au secrétariat fédéral après 1968, mais n’étant pas permanent, il renonça en raison de la charge de travail.
Sur le plan syndical, il était secrétaire du syndicat des ouvriers des lignes, mais c’est à l’engagement politique et électoral qu’il se consacra essentiellement.
À l’occasion d’une élection complémentaire, Pierre Goldberg entra au conseil municipal de Montluçon en compagnie de son ami Roger Loury, ouvrier et dirigeant communiste de Dunlop. L’électorat de la ville se partageait traditionnellement entre socialistes - longtemps à la tête de la municipalité- et communistes qui en étaient exclus en raison du soutien des voix de droite aux socialistes. La politique d’union de la gauche changea la donne et la droite après le décès de Jean Nègre* en 1972, géra la ville jusqu’en 1977. Conseiller général depuis 1973, vice-président du conseil en 1976, conseiller régional d’Auvergne en 1977, la même année il prit avec succès la tête de la liste d’union de la gauche et devint maire de Montluçon. L’année suivante il entra à l’Assemblée nationale.
Son échec aux élections législatives de 1981, face au socialiste Albert Chaubard, contribua à un changement de climat politique au conseiller municipal. C’est en l’absence des socialistes sur sa liste qu’il conserva la municipalité en 1983. Les élections législatives de 1988 lui furent favorables. Il perdit son mandat en 1988 mais le reconquit en 1997. Son mandat de maire fut marqué par des réalisations et des avancées dans le domaine culturel, particulièrement par l’installation du Centre dramatique national « Les fédérés ».
À l’âge de soixante ans, en 1998, Pierre Goldberg décida d’abandonner son écharpe de maire au profit Jean-Claude Micouraud, son premier adjoint (fils du maire de Vierzon, Fernand Micouraud) mais celui-ci fut nettement battu aux élections municipales de 2001. Les années difficiles commençaient : Pierre Goldberg, Jean-Claude Micouraud et Denis Planchet furent condamnés pour emplois fictifs à six mois d’emprisonnement, un an d’inéligibilité et 800 900 euros de dommages et intérêts à la ville de Montluçon. Goldberg dut démissionner de son mandat de député en 2006. Lorsqu’il fut rétabli dans ses droits, en l’absence de Jean-Claude Micouraud qui avait quitté la ville, il prit en main la reconquête de la ville mais connut un net échec en mars 2008, sa liste arrivant en troisième position derrière celle de l’UMP (Daniel Dugléry) et celle du socialiste Bernard Lesterlin. Il démissionna de sa fonction de conseiller municipal minoritaire en mars 2008.
Son départ du Parti communiste avec « les 200 » dont Lucien Sève qu’il admire, est le fruit d’une prise de conscience née avec l’effondrement du mur de Berlin. Il se lança alors avec intensité dans des lectures diversifiées de classiques (Lénine, Trotsky, Rosa Luxembourg) et de textes contemporains. Il regarda vers les refondateurs, s’enthousiasma pour la « mutation », fut déçu et finit par se demander quel était le lien entre le Parti communiste et le communisme : « Le parti c’est la charrue, le communisme c’est la terre ; on peut abandonner la charrue pour mieux servir la terre » disait-il aux militants ruraux.
Marié à Désertines en mars 1961 avec, Colette Catinois, une institutrice, père de deux enfants, il divorça en 1982 et se remaria en mai 1988 à Montluçon avec Michèle Chambon.
Retiré de la vie politique active, membre des « communistes unitaires », il mène une réflexion personnelle et publique sur la nature du communisme.
Par Claude Pennetier
ŒUVRE : Pour un humanisme partagé, Limoges, Édition SNEM, 2006, 76 p. — Ah, je suis bien votre pareil, Limoges, Édition SNEM, 2008, 250 p.
SOURCES : « Pierre Goldberg ou la passion de la terre », l’Humanité, avril 1984. — Entretien avec Pierre Goldberg, septembre 2010.— Etat civil.