Par Claude Pennetier
Né le 28 mai 1908 à Roost-Warendin (Nord) ; ouvrier boiseur cimentier ; élève de l’École léniniste internationale de décembre 1932 à février 1934.
Fils de Henri Potiez, mineur à la fosse Notre-Dame de la mine d’Aniche, et de Zélia Grammont, ménagère, Jean Potiez, doté d’une instruction primaire, fut lui-même galibot mineur à treize ans. Il avait adhéré au Parti communiste en 1927 (les date varient dans ses documents de Moscou : JC 1923, PC 1930, PC 1931..). Il effectua son service militaire comme matelot chauffeur entre 1928 et 1930. Il quitta les mines en août 1930 pour travailler comme manœuvre dans le bâtiment. L’entreprise Desbarbieux de Valenciennes l’embaucha pour travailler à la construction de la nouvelle mairie de la municipalité communiste de Waziers de juin 1931 à septembre 1932, puis il fut au chômage. Il était marié et père d’un enfant. Sa femme, Eugénie Broudin née à Kervenne Ploumour, née dans une famille de petit paysan, était membre de l’Union des femmes contre la guerre. Il s’étaient mariés le 28 février 1931 à Waziers.
Membre du bureau régional, membre du bureau du comité de chômeurs, il fut orienté vers l’ELI par Henri Martel, membre du comité central et arriva à Moscou le 28 décembre 1932 avec un passeport espagnol au nom de Sio Veincente. Potiez fit partie du 3e contingent d’un an. Cette promotion comprenait vingt-deux militants : Bonardel, Bécret, Hulot, Ancelle, Oscar Mériaux, Moermans, Duquesne, Potiez, Leroy, Héroldy, Minard, Wilhm, Mioch, Terrat, Janin, Mathieu, Rencato, Herr, Weigel, Durmayer, Heck.
La « Biographie d’un aspirant à l’École de Moscou » qui était rédigée d’une autre main que la sienne, sans doute par un responsable de sa région, le présentait comme membre de la CGTU et du PCF depuis 1922. Il précisait qu’il « ne joua jamais un rôle dirigeant, mais [qu’il] accompli avec discipline tous les travaux matériels qui lui furent donné avec entrain courage et audace, ainsi qu’esprit de décision. » Il précisait qu’il avait participé à la grève des mineurs de mars-avril 1931. La commission d’accueil, présidée par Cebriansky de 4 janvier 1933, contesta son appartenance au PC, pour affirmer qu’en fait il était membre de la JC. Elle nota que toute sa cellule est au courant de son départ en URSS avec la délégation, alors qu’il avait reçu l’avertissement de n’en parler à personne jusqu’à la veille de son départ. Il suivit cependant les cours de l’ELI de janvier 33 à fin février 1934.
Son épouse Eugénie Broudin est originaire de Kerverven à Brignogan-Plages (Finistère), à l’époque de sa naissance, cette commune dépendait de Plounéour-Trez. Eugénie décida de divorcer en 1941, quelques années après le retour de son mari d’URSS. Elle prit son fils et rentra en Bretagne. Sa famille étant très croyante et son fils n’étant pas baptisé, ses parents refusèrent de l’accepter sous leur toit. Elle a alors du traverser la Bretagne pour trouver un prêtre qui accepte de baptiser Maurice. Elle put alors rentrer chez ses parents. Peu de temps après, Jean-Baptiste Potiez décida de venir reprendre son fils mais il se heurta à l’opposition de sa femme. Il retourna dans le Nord et y fut, semble-t-il clandestin, au début de la guerre. Jean-Baptiste Potiez aurait été porté disparu alors qu’il tentait de se rendre à Londres D’après les rumeurs familiales, il aurait été appelé son fils Maurice en raison de son admiration pour Maurice Thorez.
Maurice Potiez fut ouvrier pour l’arsenal de Brest. Personne de sa famille, jusqu’à la lecture de cette article, en 2012, n’était au courant du séjour de Jean-Baptiste Potiez en Russie, sa femme ayant gardé le secret.
Par Claude Pennetier
SOURCES : RGASPI, 517 1 998. 495 270 347 autobiographie du 15 janvier 1933. — Notes de Sylvain Boulouque. — Notes de son arrière-petite-fille, Typhaine Potiez. — État civil.