Par Jean Maitron, Claude Pennetier, complété par Jean-Noël Dutheil
Né le 19 novembre 1911 à Neuilly-sur-Seine (Seine, Hauts-de-Seine), mort le 12 février 1995 à Montluçon (Allier) ; électricien ; secrétaire de la Jeunesse communiste puis de la section communiste de Montluçon ; conseiller municipal de Montluçon après 1945 et député de l’Allier (1945-1958, 1968-1973).
Fils d’une blanchisseuse et du célèbre aviateur Jules Védrines qui avait d’abord été ouvrier mécanicien jusqu’en 1910, Henri Védrines s’installa avec sa famille à Bussière-Dunoise (Creuse), pays d’origine de sa grand-mère maternelle, après la mort de son père en 1919. Adopté par la Nation par jugement du Tribunal civil de Guéret le 22 mars 1923, il obtint son certificat d’études et entra en 1924 à l’École pratique d’industrie, annexe du lycée de Montluçon. Il en sortit en 1929 avec un CAP et un certificat d’études pratiques industrielles. La même année, il entra à la Compagnie électrique de la Loire et du Centre où il travailla au bureau d’études ainsi que, sur le terrain, à l’électrification des campagnes.
Pendant cette période, Henri Védrines se lia peu à peu au mouvement ouvrier montluçonnais. Henri Védrines adhéra à l’Union centrale des ouvriers métallurgistes (syndicat unitaire), en octobre 1934. et fut l’un des dirigeants, du syndicat CGTU de la métallurgie, à laquelle étaient rattachées à l’époque les industries électriques. C’est à ce titre qu’il participa, en septembre 1935, au dernier congrès de la CGTU à Issy-les-Moulineaux.
Le secrétaire du syndicat, le futur doriotiste Louis Vénuat, trouva en lui, un adversaire à sa hauteur et la lutte fut vive entre les deux hommes. Les prises de position syndicales et publiques de Vénuat mirent le feu aux poudres. Au cours d’une réunion syndicale, il fut question de le faire démissionner de son poste de conseiller prud’homme. Le 15 décembre 1934, il fut finalement écarté de la direction du syndicat, Henri Védrines le remplaça au poste de secrétaire général. Il dénonça le sort fait aux jeunes apprentis de l’école des Ilets (école de la compagnie Châtillon-Commentry), « des compagnons mal payés, il n’y a pas d’hygiène, les jeunes sont contraints de rester à l’usine tant que dure l’apprentissage, puis lorsqu’ils sont devenus ouvriers, c’est la mise à la porte. » Il proposa un cahier de revendication pour les jeunes : salaire égal à celui des ouvriers une fois l’apprentissage terminé. En mars 1935, l’idée d’un journal d’usine englobant toutes les revendications ouvrières fut reprise au niveau des entreprises métallurgiques. La fusion des métaux fut réalisée, le 21 novembre 1935, en présence de 80 militants. La proportionnelle fut réalisée au sein de la nouvelle commission exécutive. Vénuat bien qu’évincé de la délégation des « ex-unitaires », fut imposé par les « ex-confédérés ». Védrines participa également à la réunification de l’Union locale CGT de Montluçon. Sa lutte contre Vénuat se poursuivit jusqu’en mars 1936.
En novembre 1932, Henri Védrines avait adhéré à la Jeunesse communiste. Membre du bureau du rayon, il y représenta les Jeunesses à partir de 1933. En 1935, il devint secrétaire de l’Entente des JC de l’Allier. Ses activités syndicales, sociales et politiques lui valurent de ne pas être repris à la Compagnie Loire et Centre après son service militaire et de connaître la répression patronale et une longue période de chômage forcé. En novembre 1935, il fit partie, avec Pierre Valignat* et Roger Duprat*, du secrétariat collectif qui remplaça Jean-Baptiste Aucouturier* et devint, à l’âge de vingt-quatre ans, secrétaire de la section de Montluçon du PC. Il intégra le comité régional-Allier en 1935 s’opposant aux éléments sectaires du parti communiste.
Ayant passé son brevet de pilote de tourisme à l’Aéroclub des métallurgistes de la région parisienne, où il habita et milita à l’époque du Front populaire, Henri Védrines devint l’un des secrétaires de la Fédération populaire des sports aéronautiques.
Revenu dans l’Allier en 1938, à la demande du parti. En 1938, le centre régional fut déplacé de Moulins à Montluçon. Henri Védrines devint secrétaire fédéral en remplacement du moulinois, Marcel Guyot. (Rapport au camarade Cadras sur l’organisation du centre régional, 21 mai 1938).
il fut mobilisé, en août 1939, au 16e régiment d’artillerie où il avait fait son service militaire. Il fut fait prisonnier dans la banlieue de Lille en mai 1940 et envoyé en captivité au Stalag III B à Francfort-sur-Oder (Allemagne). Dans ce camp, ainsi qu’au commando A 104 (Usine Fimag à Finsterwald, région de Cottbus), il participa à la constitution d’une cellule communiste clandestine puis, avec des chrétiens, des socialistes et des gaullistes, à la constitution de comités patriotiques.
Libéré en 1944, rentré en France en mai 1945, Henri Védrines reprit sa place à la direction du Parti communiste de l’Allier. En octobre 1945, il fut élu, avec Pierre Villon*, député de l’Allier à la première Assemblée constituante. Réélu à la seconde Constituante en juin 1946, puis à l’Assemblée nationale en novembre 1946, il fut réélu en 1951 et 1956, mais échoua au conseil général à Montluçon-Ouest en 1949. Non réélu à la députation dans la 2e circonscription en 1958, il reprit son activité professionnelle à l’EDF.
En 1959, Henri Védrines fut élu conseiller municipal de Montluçon dans une élection partielle. De nouveau candidat lors du renouvellement de 1962, il se désista en faveur du socialiste après le premier tour de scrutin, également en 1967. Élu député en 1968, il fut tenu en échec au renouvellement de 1973, après s’être présenté en vain aux élections municipales de 1971. En mars 1977, il fut élu conseiller municipal de Montluçon et adjoint, mais abandonna ce poste en 1978.
Membre de la commission de contrôle financier du PCF, du congrès de juin 1947 à celui de juillet 1956, Henri Védrines fut alors élu suppléant au Comité central. À ce titre, il participa à la délégation du parti à la Ire conférence des Partis communistes et ouvriers qui eut lieu à Moscou en 1957. Il était toujours membre du Comité central à l’issue du congrès de 1961.
Henri Védrines s’était marié à Montluçon le 13 décembre 1945 avec Nicole Joubert puis à Montluçon le 22 juillet 1954 avec Denise Lhoste.
Pierre Golberg, qui fut son héritier politique, le décrit comme « passionné de lecture et en particulier de philosophie ».
Par Jean Maitron, Claude Pennetier, complété par Jean-Noël Dutheil
SOURCES : Arch. PPo. 88. — Arch. de l’IHS-CGT de l’Allier cartons des métaux de Montluçon. — Pandor, fonds de la Section Française de l’Internationale Communiste 517_1_1804 517_1_1890. — L’Humanité, 14 février 1995. — Pierre Goldberg, Ah, je suis bien votre pareil, Limoges, Éditions SNEM, 2008. — Rens. mairie Neuilly-sur-Seine. — Rens. du militant. — Renseignements recueillis par M. Rault. — Notes de G. Rougeron.