JOLIBERT Josette, Étiennette, Félicité

Par Jacques Girault

Née le 29 août 1935 à Virazeil (Lot-et-Garonne) ; professeur ; militante syndicaliste du SNPEN et de la FEN, militante pédagogique ; militante communiste jusqu’à la fin des années 1970.

Josette JOLIBERT
Josette JOLIBERT
Photographie d’identité en 1992.

Fille d’un viticulteur devenu fonctionnaire (adjudant-chef de gendarmerie), Josette Jolibert effectua sa scolarité en Haute-Savoie (Cluses, Abondance, Thonon-les-Bains comme boursière au collège de jeunes filles) au gré des mutations de son père qui participa à la Résistance (passage au maquis des jeunes refusant de partir au Service du travail obligatoire, acheminement d’armes au plateau des Glières, participation à la libération de Thonon et d’Evian). Ce dernier fut ensuite nommé dans le Gers ; elle entra à l’Ecole normale d’institutrices de Tarbes (Hautes-Pyrénées) en 1952 puis de Toulouse (Haute-Garonne) où elle obtint le baccalauréat « Philosophie ». Elle prépara au lycée Jules Ferry à Paris le concours de l’École normale supérieure de Fontenay-aux-Roses où elle fut reçue en 1957. Agrégée de lettres modernes en 1962, nommée, à sa demande, professeur à l’École normale de Montpellier, elle poursuivit sa carrière de 1975 à 1990, à l’École normale du Val d’Oise à Cergy. Après le changement politique de 1989 au Chili, elle fut détachée de 1990 à 2000 pour des missions de coopération éducative, auprès du Ministère de l’Éducation du Chili, puis du Bureau de l’Amérique Latine pour l’Education de l’UNESCO.

Josette Jolibert adhéra à l’Union nationale des étudiants de France en 1955 et fit partie du bureau de la section UNEF de l’ENS. Elle participa au festival mondial de la jeunesse à Moscou en 1957 comme déléguée de l’UNEF. Adhérente du Syndicat national de l’enseignement secondaire, elle fit partie du conseil syndical du cartel des ENS en 1959-1960. Entre 1955 et 1962, elle participa aux luttes militantes contre la guerre en Algérie, pour l’indépendance des anciennes colonies et pour la démocratisation de la vie politique et sociale en France. Elle prit part à la campagne d’alphabétisation de l’été 1963 en Algérie (Alger- Hussein Dey) mais l’orientation en éducation du nouveau gouvernement algérien ne lui permit pas d’aller y enseigner.

En 1962, lors de sa nomination comme professeur à l’École normale de Montpellier, Josette Jolibert adhéra au Syndicat national des professeurs d’écoles normales, et, à la fin des années 1970, fit partie de son bureau national, comme secrétaire pédagogique (tendance « Unité et Action ») où elle participa à la bataille pour l’amélioration de la formation des instituteurs (élévation de la formation théorique au niveau universitaire et meilleure relation entre théorie et pratique dans la formation pédagogique).

Josette Jolibert adhéra à l’Union des étudiants communistes en 1960 puis au Parti communiste français en 1962. Membre du comité de la section communiste de Montpellier-Nord, elle eut une activité politique essentiellement dans le domaine culturel, participant en particulier à l’organisation des semaines de la pensée marxiste de Montpellier et de leurs débats. Elle suivit une école centrale du PCF du 1er au 28 août 1965. Elle entra au comité de la fédération communiste en 1965 et y resta jusqu’en 1970, choisissant alors le militantisme syndical.

Désapprouvant ses orientations, notamment en 1968, sur les questions des droits des femmes (contraception) et du « pédagogisme » (méfiance à l’égard de l’autogestion et de ses traductions dans l’enseignement, vie coopérative, pédagogie par projets, etc ), Josette Jolibert s’éloigna du PCF à la fin des années 1970, au moment de la rupture du programme commun de la Gauche, pour se consacrer au militantisme pédagogique, essentiellement à la recherche-action en didactique de la langue maternelle et au militantisme pédagogique pour la démocratisation de l’éducation.

En 1964, Josette Jolibert participa à la fondation, à Toulouse, du Groupe d’études pour des méthodes actives dans l’Enseignement, mouvement pédagogique proche des Centres d’entraînement aux méthodes d’éducation actives. Le GEMAE adhéra en 1970 au Groupe français d’éducation nouvelle. Entre 1970 et 1980, membre du secrétariat national du GFEN elle co-dirigea plusieurs ouvrages collectifs parus, pour l’essentiel, aux éditions Casterman. Parallèlement, elle fut responsable d’une équipe de recherche de l’Institut national de la recherche pédagogique dans le cadre du plan de rénovation du français, avec des maîtres-formateurs des écoles normales de Montpellier puis de Cergy. Entre 1980 et 1990 elle fut, dans la circonscription d’Ecouen (Val d’Oise), responsable d’équipes de recherche-action sur la transformation de l’enseignement et de l’apprentissage de la lecture et la production d’écrit. La proposition didactique résultant de ces recherches donna lieu à la publication, de 1984 à 1992, de quatre ouvrages parus chez Hachette Éducation.

De 1990 à 2000, trois missions de coopération éducative amenèrent Josette Jolibert à travailler en Amérique Latine et à résider à Santiago du Chili. Lors de la première mission bilatérale, comme professeur détaché et spécialiste en didactique de la langue maternelle, elle eut pour tâches la participation aux projets nationaux de lutte contre l’échec scolaire et pour la rénovation profonde de l’école publique héritée des dictatures (Chili, Argentine, Uruguay, Brésil), l’élaboration avec les équipes nationales de propositions pour la rénovation des contenus et démarches de programmes en langue maternelle de l’école élémentaire et de la formation des enseignants, l’animation de séminaires nationaux de formateurs, la contribution aux publications produites. Lors de la deuxième mission multilatérale au sein du bureau de l’UNESCO-Amérique Latine, étendue à d’autres pays d’Amérique Latine (Bolivie, Paraguay, Pérou), elle eut des tâches analogues et notamment la création de « Réseaux nationaux pour la transformation de la formation des enseignants en langage » et leur coordination latino-américaine. Enfin, de 1996 à 2000, en tant que consultante auprès de l’UNESCO-Amérique Latine, elle assura la poursuite du travail entrepris dans les divers pays, avec extension à de nouveaux pays (Colombie, Équateur, Mexique, Venezuela).

Après son retour en France, retraitée depuis 2000, habitant Montpellier, Josette Jolibert continuait le travail entrepris en Amérique Latine en participant à divers colloques et séminaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89573, notice JOLIBERT Josette, Étiennette, Félicité par Jacques Girault, version mise en ligne le 6 octobre 2010, dernière modification le 28 juin 2021.

Par Jacques Girault

Josette JOLIBERT
Josette JOLIBERT
Photographie d’identité en 1992.

ŒUVRE :
1) Dans le cadre du GFEN, coordination d’ouvrages collectifs,
-  L’échec scolaire : doués ou non doués ?, Paris, Éditions Sociales, 1974,
-  « Réconcilier poésie et pédagogie », numéro spécial de Cahiers de Poèmes, Paris, 1974.
aux éditions Casterman,
-  (avec Robert Gloton*), Le pouvoir de lire, 1975,
-  (avec Hélène Romian*), Pour une autre pédagogie de la lecture, 1976,
-  (avec Claire Ambite et Michel Cosem), Parler et écrire « pour de bon » à l’école, 1977,
2) Recherches du groupe d’Ecouen sur le thème « Proposition didactique globale pour transformer l’apprentissage de la lecture et de la production d’écrits » dans la collection « Pédagogie pratique à l’école », chez Hachette-Education, (ouvrages traduits ensuite en espagnol au Chili, en Argentine et en Espagne et en portugais au Brésil et au Portugal ),
-  Former des enfants lecteurs : un enjeu fondamental pour une pédagogie de la réussite, 1984,
-  Former des enfants producteurs de textes, 1988,
-  Former des enfants lecteurs de textes, 1991,
-  Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes, 1992
Ensemble complété en 2006 par un ouvrage d’actualisation et de synthèse :
Des enfants lecteurs et producteurs de textes, (avec Christine Sraiki) dans la collection « Profession Enseignant ».
3) Production en espagnol avec des équipes latino-américaines :
- Transformar la formacion docente inicial. Propuesta en didactica de lengua materna (Transformer la formation initiale des enseignants. Proposition en didactique de langue maternelle). Ouvrage collectif des « Réseaux pour la transformation de la formation des enseignants en langage en Amérique Latine », publié sous les auspices de l’UNESCO-Education (Amérique Latine). Coordination : J. Jolibert, I. Cabrera, G. Inostroza, Santiago,
Ed. Santillana, 1996,
Interrogar y producir textos autenticos. Vivencias en el aula (Questionner et produire des textes authentiques. Expériences vécues en classe), produit d’une recherche-action de cinq ans menée par des équipes d’enseignants de Valparaiso, sous la responsabilité et avec la coordination de J. Jolibert et J. Jacob, Santiago, Ed. Dolmen/ JCSaez, 1998.

SOURCES : Archives du comité national du PCF. — Renseignements fournis par l’intéressée. — Notes d’Éliane Cosserat-Lefevre.

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