LAGUNAS Simon, dit Fredo

Par Antoine Olivesi

Né le 23 juin 1912 à Marseille (Bouches-du-Rhône), mort le 28 octobre 1993 à Aubagne (Bouches-du-Rhône)  ; sculpteur sur bois ; volontaire en Espagne républicaine  ; militant communiste des Bouches-du-Rhône.

Fils de Julien Lagunas, artisan sculpteur sur bois, né à Madrid, et de Blanche David, ouvrière modiste, Simon Lagunas obtint son certificat d’études primaires en 1925. Devenu sculpteur sur bois à son tour, il fut employé par de nombreuses entreprises de la banlieue marseillaise.
En octobre 1934, il adhéra au Parti communiste, devint secrétaire de la cellule de son quartier de Saint-Loup, puis, en 1935-1936, fut membre du comité de rayon de Saint-Marcel (Bouches-du-Rhône) et suivit les écoles élémentaire, de section et fédérale du Parti communiste. Membre du syndicat CGT de l’ameublement depuis 1934, et du comité Amsterdam-Pleyel, il anima, en juin 1936, comme secrétaire, le comité de grève de la fabrique de meubles des Frères Besso, adhérents du PPF. De juin à novembre 1936, il fut secrétaire-adjoint du syndicat CGT de l’ameublement des Bouches-du-Rhône.
Célibataire, Simon Lagunas partit comme volontaire en Espagne républicaine en novembre 1936 et rejoignit la 14e Brigade internationale le 8 décembre 1936 ; par la suite, intégré au groupe d’artillerie « Anna-Pauker », il fut nommé lieutenant d’artillerie en mars 1938. A son retour en France en novembre 1938, victime de la discrimination patronale, il ne put reprendre son travail dans l’ameublement, et devint marchand de poisson jusqu’à la guerre.
Mobilisé le 2 septembre 1939 au 363e régiment d’artillerie de Draguignan (Var), il fut blessé le 13 juin 1940 à Château-Thierry (Aisne). Décoré de la Médaille militaire, il fut démobilisé à Viviers (Ardèche) le 26 juillet 1940. Il rentra à Marseille et participa aux activités communistes clandestines. Surveillé par la police, considéré comme « propagandiste acharné, très courageux », représentant un « danger pour l’ordre social », il fut proposé à l’internement administratif le 19 août 1940. L’arrêté d’internement fut signé le 20 septembre 1940, qui l’envoya au camp de Chibron (commune de Signes, Var). À la dissolution de ce camp, il fut transféré dans celui de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) le 14 février 1941. Interrogé par le commissaire du camp le 19 septembre 1942, il s’engagea à se tenir à écart de toute activité illégale s’il étai libéré, à travailler au redressement du pays et à respecter les lois françaises, mais il refusa de s’engager à suivre le Maréchal dans sa polit de Révolution nationale sous le prétexte, qu’étant interné depuis 1940, il ignorait ce que faisait le gouvernement. Sa demande de libération reçut évidemment un avis défavorable, d’autant qu’il avait refusé de se désolidariser des « meneurs » de la manifestation du 2 avril 1941. Le chef du camp écrivit à son propos : « Energumène qui ne cache pas ses opinons extrémistes – Très violent dans ses paroles – s’est particulièrement fait remarquer lors de la présence dans le camp des israélites étrangers. Dans deux de ses lettres qui ont été interceptées par notre contrôle postal, il ne cache pas l’espoir d’une proche revanche politique. Il s’agit certainement d’un convaincu qui ne paraît pas s’être amendé et qui reste dangereux au point de vue national ». Il réitérait un avis défavorable en dépit de la position du médecin du camp qui proposait sa libération. Il fut requis en février 1943 comme travailleur forcé pour la construction du mur de l’Atlantique, mais réussit à s’échapper le 29 mai 1943. Ayant rejoint le maquis, il organisa, à la demande des dirigeants FTPF du Gard-Lozère, une filière d’évasion pour les travailleurs de l’organisation Todt. Arrêté par la Gestapo, torturé, il fut déporté à Buchenwald où il arriva début septembre 1943. Il fut rapidement intégré à l’organisation clandestine communiste du camp, et se vit confier la direction de la compagnie de choc qui mena l’insurrection du 11 avril 1945, libérant le camp avant l’arrivée des troupes américaines. Rapatrié le 26 avril 1945, il reçut la Légion d’honneur et le grade de lieutenant de réserve.

Après la Seconde Guerre mondiale, Simon Lagunas fut administrateur de Rouge-Midi, puis directeur de la Société provençale de diffusion (Rouge-Midi ; La Marseillaise) de 1948 à 1950, enfin rédacteur et administrateur de Provence nouvelle jusqu’en 1952, année où il dut cesser toute activité professionnelle pour des raisons de santé. Surtout, il fut membre du bureau de la section communiste de Saint-Loup-Marseille de 1946 à 1968, membre du secrétariat de la section d’Aubagne (Bouches-du-Rhône) de 1970 à 1980, et membre du bureau de cette même section de 1980 à 1987. Il fut élu, en 1971, conseiller municipal d’Aubagne. Lagunas présida l’AVER (région provençale) à partir de 1970.

Il s’était marié à Marseille en août 1947 avec Antoinette Fleuret.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89574, notice LAGUNAS Simon, dit Fredo par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 6 octobre 2010, dernière modification le 21 février 2019.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M6 11248 bis et 5 W 195 (dossier d’internement). — Arch. Dép. Var, 7 M 12 (Jacques Girault). — Arch. Com. Marseille. — Arch. AVER. - RGASPI 545.6.1039 liste des volontaires français des Brigades internationales. — Presse communiste 1944-1946 (Rouge-Midi, La Marseillaise, Provence nouvelleLes communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), FNSP, 1987. — Renseignements communiqués par Simon Lagunas.— Etat civil.— notes Jean-Marie Guillon.

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