LAMARQUE Pierre, Aimé

Par Justinien Raymond

Né le 10 avril 1905 à Paris (XVIIe arr.), mort le 18 octobre 2000 à Langres (Haute-Marne) ; instituteur, puis inspecteur administratif des écoles communales de la ville de Paris ; militant laïque, syndicaliste et socialiste ; membre suppléant de la CAP du Parti socialiste SFIO (1927-1928) et de la Commission de contrôle (1933-1935).

Pierre Lamarque, fils d’un vigneron devenu employé d’octroi de la ville de Paris, fréquenta, de 1914 à 1917, les écoles communales de Paris (XVIIe arr) et de Vicq (Haute-Marne). En 1921, il se prépara au concours d’entrée à l’École normale d’instituteurs de la Seine, à l’École primaire supérieure Jean-Baptiste-Say à Paris (XVIe arr.). Il obtint tous les diplômes de l’enseignement primaire et primaire supérieur, brevet élémentaire, brevet supérieur et le certificat d’aptitude professionnelle à l’enseignement. Après son service militaire, Pierre Lamarque fut officier de réserve d’artillerie. Tout en exerçant sa profession d’instituteur, de 1924 à 1938, et en assurant pendant deux ans la fonction de directeur intérimaire, il poursuivit, jusqu’aux licences, des études de lettres et de droit. Aussi accéda-t-il en 1938 à la fonction d’inspecteur administratif des écoles communales de la ville de Paris.

Pierre Lamarque ne cessa jamais de militer dans le syndicat de sa profession. En octobre 1924, il entra au Syndicat national des instituteurs. En 1938, il passa au syndicat des employés de la Ville de Paris, affilié à la CGT réunifiée depuis trois ans. En novembre 1947, à l’issue de la nouvelle scission syndicale, il fut parmi les fondateurs du syndicat des agents de la ville de Paris, qui adhéra à la CGT-FO. Il fut membre de sa commission exécutive et, pendant un temps, représentant du personnel à la commission paritaire.

Mais Pierre Lamarque appartint également au mouvement coopératif depuis son adhésion en septembre 1924 à l’Union des coopérateurs. Sa conception jacobine de la société et son attachement profond à la laïcité de l’État le conduisirent, en août 1924, aux Jeunesses laïques et républicaines. De 1925 à 1927, il siégea au conseil national de cette organisation où voisinaient des militants de gauche aux tendances diverses. Pour d’autres combats, il retrouva le même pluralisme à la Ligue des droits de l’Homme et du citoyen. Son humanisme rationaliste le conduisit, à vingt-trois ans, à la Franc-maçonnerie et il fut initié, en 1928, au Grand Orient de France. Il lui fut toujours fidèle, collabora à sa revue Humanisme et, en 1977, fut coopté au Grand collège des rites, suprême conseil de l’institution.

Sur les plans national, européen et international, Pierre Lamarque déploya une grande activité et parvint aux plus hautes fonctions dans les organisations de défense et d’enrichissement de l’école laïque. Il appartint depuis sa sortie de l’École normale à la Ligue française de l’enseignement (LFE) devenue, en 1968, Ligue française de l’enseignement et de l’éducation permanente. Il fut membre de son bureau en 1957, vice-président en 1959, vice-président-délégué en 1976-1978. Fondateur en 1954 du CAEDEL (Centre d’action européenne démocratique et laïque), il en assura la présidence jusqu’en 1980 et fut l’éditorialiste de la revue Europe et Laïcité. De 1959 à 1979, Pierre Lamarque fut le vice-président de la Ligue internationale de l’enseignement, de l’éducation et de la culture populaire à laquelle est rattachée la LFE.

Mais, c’est dans l’action socialiste pour une société égalitaire et juste assurant le plein épanouissement de l’individu que convergeaient les combats du coopérateur, du franc-maçon et du ligueur, qu’il s’investit totalement. En septembre 1924, alors qu’il n’avait pas vingt ans, il adhéra au Parti socialiste SFIO en s’inscrivant à la 5e section de Paris, celle du Quartier latin où il habitait boulevard Saint-Germain. Au mois de janvier 1925, il s’inscrivit en outre aux Jeunesses socialistes. De 1932 à 1935, il fit partie du conseil national mixte de cette organisation et dirigea en même temps son organe mensuel Le Cri des Jeunes. Il collabora aux revues Jeunesse et Révolte. C’est en militant qu’il rencontra la compagne de sa vie, Mireille Osmin, fille de Léon Osmin, le reconstructeur de la Fédération socialiste de la Seine après la scission de Tours (décembre 1920). Ils se marièrent le 3 août 1933 à Paris (VIe arr.)

A partir des années trente, c’est dans la Haute-Marne, où il avait passé une partie de son enfance, que Pierre Lamarque milita. De 1932 à 1939 et de 1947 à 1958, il fut secrétaire de la Fédération socialiste de ce département. Il en dirigea les organes hebdomadaires, L’Aurore de la Haute-Marne, de 1932 à 1934, Le Réveil ouvrier et paysan, de 1936 à 1939. Par la persévérance de son action, par l’œuvre d’éducation poursuivie par le journal, par la parole, devant les sections socialistes ou en réunion publique, conjuguant les qualités du pédagogue et de l’orateur, il contribua à implanter le socialisme dans ce département. Aussi, se retrouva-t-il candidat aux élections législatives de mai 1932, dans l’arrondissement de Chaumont qui réélut au premier tour de scrutin le député radical-socialiste Lévy-Alphandéry par 7 966 voix sur 18 659 inscrits et 15 838 suffrages exprimés, Pierre Lamarque rassemblant 892 voix, soit un gain de plus de 250 sur le candidat socialiste de 1928, et devançant, cette fois, le candidat communiste. En 1936, il fit beaucoup mieux : avec 2 281 suffrages sur 18 618 inscrits, il suivit Lévy-Alphandéry (6 273) et le candidat de droite Bocquillon (6 205), le candidat du Parti communiste, Chef, en obtenant 714. En se désistant, Pierre Lamarque assura une confortable réélection au second tour à Lévy-Alphandéry. Aux élections pour le conseil général, dans le canton de Chaumont, il frôla le succès en 1935 et en 1938.

A la Libération, des socialistes SFIO de Haute-Marne envisageaient de lui confier à nouveau le secrétariat fédéral. Robert Verdier estima que ce serait une « maladresse » dans une lettre du 29 novembre 1944 à Laurent*, maire de Saint-Dizier qui assumait en intérim cette responsabilité, invoquant « son attitude pour le moins très prudente, et même réticente pendant la période de l’occupation ». Il retrouva le secrétariat fédéral en 1949.

A trois reprises, 1946, 1951 et 1956, Pierre Lamarque figura sur la liste socialiste de la Haute-Marne, aux élections à la seconde Constituante et à l’Assemblée nationale. En 1946 et en 1952, il mena la liste socialiste aux élections municipales à Chaumont, et, dans le canton, il se présenta encore aux élections cantonales de 1956. Deux ans plus tard, avec les militants qui condamnaient l’orientation générale de la SFIO et notamment la politique algérienne de Guy Mollet, Pierre Lamarque, toujours secrétaire fédéral, après s’être prononcé pour le « non » au référendum, quitta le Parti socialiste SFIO. Il s’en expliqua par lettre du 16 octobre 1958 à la direction du Parti :

« […] le secrétaire général de la SFIO a déclaré en substance au dernier congrès qu’il croyait actuellement plus à l’action des hommes qu’à l’influence des doctrines et le congrès l’a suivi. Entre cette prise de position et la doctrine du Parti auquel j’ai adhéré il y a un peu plus de 34 ans, il existe une telle différence fondamentale que je suis contraint à rompre les liens qui ne seraient plus que formels. Je n’ai pas pour autant l’intention de me retirer de l’action et j’agirai en souhaitant que tous les socialistes se regroupent rapidement dans la fidélité à la doctrine qui inspira Jules Guesde, Jean Jaurès et Léon Blum. »

Pierre Lamarque rejoignit le Parti socialiste autonome (PSA), avec lequel, en 1960, il participa à la création du Parti socialiste unifié (PSU).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89595, notice LAMARQUE Pierre, Aimé par Justinien Raymond, version mise en ligne le 6 octobre 2010, dernière modification le 2 mai 2011.

Par Justinien Raymond

SOURCES : OURS, dossier de la fédération socialiste SFIO de Haute-Marne. — G. Lachapelle, Les élections législatives, op. cit. — Enquête auprès de Pierre Lamarque. — Notes de Jacques Girault.

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