Par Jacques Girault
Né le 9 avril 1906 à Saint-Georges-de-Gréhaigne (Ille-et-Vilaine), mort le 26 janvier 1958 à Montfavet (Vaucluse) ; ouvrier à l’Arsenal maritime puis à la mairie de Toulon (Var) ; militant d’extrême-gauche ; résistant.
Fils de cultivateurs, Joseph Lambert, matelot sans spécialité au Troisième dépôt de Lorient dans la Marine nationale d’octobre 1925 à février 1931, après avoir passé des essais d’ouvrier monteur électricien TSF, fut admis, en avril 1931, comme ouvrier réglementé à l’atelier des réparations (direction des constructions navales) de l’Arsenal maritime de Toulon. Marié, il avait deux filles nées en 1928 et en 1930, dans la Manche.
Syndiqué à la CGTU, membre du Secours ouvrier international, Lambert adhéra au Parti communiste en 1933. Colporteur de l’Humanité, interpellé par la police, le 12 février 1934, à la suite d’incidents aux piquets de grève de l’Arsenal, exclu du Parti communiste, il fut qualifié de « provocateur » par l’hebdomadaire Rouge Midi, le 10 novembre 1934,
Joseph Lambert, affilié quelque temps au groupe anarchiste « La Jeunesse libre », anima, dans le courant de 1936, la section toulonnaise du Parti ouvrier internationaliste. Arrêté à La Seyne, en février 1937, puis relâché, il développait des analyses critiques dans les réunions syndicales de l’Arsenal. Sa demande de mutation pour le laboratoire central de la Marine à Paris, en novembre 1937, fut refusée.
Mobilisé dans la Marine à Lorient, le 2 septembre 1939, démobilisé le 19 mai 1940, réformé temporaire, il réintégra l’Arsenal maritime de Toulon, le 30 septembre, et fut rayé des cadres, le 9 novembre 1940. Son épouse travaillait alors dans un hôtel de Sospel (Alpes-Maritimes).
Jean-Marie Guillon a reconstitué l’essentiel de ses activités pendant la guerre. Évadé de Dunkerque en août 1940, arrêté à Cherbourg pour dépôt d’armes et espionnage, condamné à quinze ans de travaux forcés, il participa aux activités de la Résistance en Bretagne jusqu’en novembre 1942, où en liaison avec des truands, il récupérait du matériel militaire. Il aurait été condamné à mort par contumace par les Allemands en 1943. Il séjourna à Toulon, jusqu’en avril 1943, puis dans les Basses-Pyrénées. Réadmis à l’Arsenal le 11 septembre 1944, lors de sa demande de réintégration, Joseph Lambert fournit de nombreux certificats de résistance montrant notamment son appartenance aux Forces françaises combattantes, du 1er janvier 1943 au 30 avril 1944, avec le grade assimilé de lieutenant. Toutefois, le président de la commission départementale des FFI indiquait qu’il avait été exclu de la Résistance au début de juillet 1944. Aussi, sa réintégration dans l’Arsenal fut-elle refusée par le ministère, le 10 juin 1947, en raison de son activité « équivoque pendant la Résistance ». Dans le dossier qu’il remit à la mairie de Toulon pour son embauche, il affirmait, au titre du réseau Gallia (RPA), avoir été arrêté le 15 juillet 1943. Évadé le 20 novembre 1943, arrêté le 14 janvier 1944, il s’évada à nouveau le 30 avril suivant, où il s’occupa du passage de la frontière vers l’Espagne. Arrêté à Bordeaux, il s’évada du fort de Hâ, le 18 décembre 1943, et retourna à Toulon où il prit part aux actions du groupe franc des MUR sous le pseudonyme de « Marat » et au réseau de renseignements « Lepetit Michel ». Arrêté le 24 avril 1944, déporté vers l’Allemagne, il s’évada à Dijon. A nouveau arrêté au maquis de Siou Blanc, le 19 juin 1944, libéré peu après, il participa aux combats de la libération de Toulon. Les reproches faits au groupe franc sur la régularité de certaines actions furent à l’origine de son exclusion de la Résistance au début de juillet 1944 par ordre du comité départemental de Libération, puis sans doute, du refus officiel de le réintégrer à l’Arsenal maritime. Membre du bureau de la section toulonnaise du Mouvement de Libération nationale en 1945-1946, il prit part au congrès national de l’organisation en janvier 1946.
Lambert entra à la mairie de Toulon comme ouvrier auxiliaire balayeur, le 4 septembre 1950. Devenu ouvrier d’entretien de la voie publique en janvier 1951, il fut titularisé en novembre 1952.
Divorcé en mai 1947, remarié à Toulon en juillet 1951, Joseph Lambert, père de trois enfants, habitait le quartier du Mourillon.
Par Jacques Girault
SOURCES : Arch. Nat. F7/13021. — Arch. Dép. Var, 4 M 50, 54, 56 9, 59 2, 4 3, 4 4, 18 M 43, 3 Z 4 21. — Arch. Troisième Région mar., CN 20, dossier individuel. — Arch. mairie de Toulon (service du personnel). — Presse locale.— Renseignements fournis par J-M Guillon.