LAÏ Louis

Par Yves Le Maner

Né le 21 février 1904 à Metlaoui (Tunisie) ; italien, naturalisé français ; ouvrier mineur ; militant syndicaliste et communiste du Nord.

Après une tentative malheureuse d’installation en Tunisie, la famille de Louis Laï revint à son port d’attache, San Vito en Sardaigne. Mais, en 1915, le père du jeune Louis décida d’émigrer vers la France avec femme et enfants. Ils s’installèrent à Saint-Étienne (Loire). Après avoir travaillé quelques mois dans une usine métallurgique, Louis Laï descendit à la mine et, à l’âge de treize ans, il participa à sa première grève, la « grève pour la paix » de 1917. En 1921, il vint s’installer dans le Nord après avoir obtenu sa naturalisation et fut embauché au puits Notre-Dame à Waziers. Adhérent des Jeunesses communistes puis du Parti communiste, il devint trésorier, puis secrétaire de la cellule du puits Notre-Dame à la fin des années vingt. Son action militante s’intensifia à partir de 1931 lorsqu’il mena une importante grève des syndicalistes CGTU pour soutenir Henri Martel. Licencié en 1934, il dirigea le comité des chômeurs de Waziers et entra au conseil municipal de cette localité en mai1935.

Réembauché à la fosse Desjardins, il fut peu après élu délégué mineur face au socialiste Doisy. Ce dernier contesta le déroulement de la consultation et, sur décision préfectorale, le mandat de Laï fut annulé et une procédure de déchéance de nationalité fut engagée ; elle ne devait pas aboutir. Mais, en septembre 1939, ayant refusé de désavouer le Pacte germano-soviétique, il fut privé de ses droits civiques. Mobilisé malgré tout, il fut placé en affectation spéciale (comme la quasi totalité des mineurs) et envoyé dans les Vosges. Fait prisonnier près de Gérardmer, il fut astreint au travail obligatoire dans les mines allemandes. Libéré en 1943 car il était père de famille nombreuse, Louis Laï travailla à la gare de Waziers, n’ayant pu être réembauché à la mine en raison de sa réputation de militant. Réintégré à la Libération, il reprit son mandat de délégué mineur et le conserva jusqu’en 1948.

Secrétaire de la section syndicale CGT de Waziers, il fut désigné comme interprète par la direction des Houillères pour effectuer un voyage à Turin, dans le courant de l’année 1946, afin de recruter de la main-d’œuvre italienne. Lors de la grève de 1948, l’armée occupa le puits Desjardins. Cette présence provoqua un sabotage important des installations et Louis Laï fut arrêté en tant que meneur du mouvement. Incarcéré pendant quatorze jours à Cuincy, il fut condamné à vingt jours de prison avec sursis et à la déchéance de ses droits civiques pour une durée de cinq ans. Licencié par la direction des Charbonnages, il travailla dans le textile, puis dans le bâtiment, enfin dans une pharmacie mutualiste jusqu’à sa retraite.

A nouveau élu conseiller municipal de Waziers en 1952, adjoint au maire à partir de 1959, Louis Laï était toujours, en 1973, trésorier de la section syndicale et membre du comité de la section communiste de sa commune d’adoption.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89672, notice LAÏ Louis par Yves Le Maner, version mise en ligne le 10 octobre 2010, dernière modification le 10 octobre 2010.

Par Yves Le Maner

SOURCES : Arch. Dép. Nord, M 154/191. — J. Dandoit, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1973, op. cit.

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