THIBAUT Guy

Par Pierre Vincent

Né le 8 juin 1924 à Is-sur-Tille (Côte-d’Or), mort le 23 février 2018 à Castelnau-le-Lez (Hérault) ; agent Exploitation ; membre du conseil national, du bureau fédéral et de la commission exécutive (1973-1979) de la Fédération CGT des cheminots.

Né à l’hôtel-buffet de la gare d’Is-sur-Tille (Côte-d’Or), à l’époque à la jonction du réseau PLM et Est, le devenir de cheminot de Guy Thibaut était dessiné. Son père, capitaine titulaire de nombreuses décorations, avait été un héros de la guerre de 1914-1918. Par la suite, il allait devenir, en 1944, maire de la commune à l’initiative du Comité départemental de Libération. Après avoir passé le brevet et fait une année supplémentaire en vue du brevet supérieur, Guy Thibaut entra à la SNCF comme auxiliaire bureau.
Engagé à la CGT, Guy Thibaut fut élu délégué dès les premières élections d’après-guerre, plus jeune délégué sur la Région Sud-Est. Ce fut le début d’une longue série de délégations à tous les niveaux de la structure de l’entreprise. À vingt-deux ans, secrétaire technique Exploitation de la Région Sud-Est, il eut mission de rebâtir, là où cela s’avérait nécessaire, les organismes locaux touchés par la scission.
En 1949, il siégea au comité mixte régional et au comité mixte central. La même année, il fit sa première intervention à un congrès fédéral au nom du syndicat d’Is-sur-Tille ; ensuite, on le revit souvent à la tribune des congrès.
Ayant de solides connaissances en économie, maîtrisant bien ses dossiers, préférant le travail en solitaire, Guy Thibaut était particulièrement caustique avec ses interlocuteurs, amis de combat ou adversaires. Vis-à-vis de ces derniers, sa détermination étant grande. Il en paya le prix dans son déroulement de carrière. Il fut même convoqué à la fin de l’année 1953 par le directeur général Louis Armand, sans que cela puisse, évidemment, faire changer ses opinions. Spécialisé dans la branche secrétariat, bien que possédant tous les éléments requis pour exercer un poste de commis, il fut considéré comme trop engagé pour tenir l’emploi. Maintenu à Is-sur-Tille, il fallut l’intervention de l’organisation syndicale pour qu’il soit muté à Dijon-Porte neuve. Il y devint aussitôt le secrétaire du syndicat. Conseiller national de la Fédération en 1956, il fut membre du bureau et du secrétariat de l’Union départementale CGT de la Côte-d’Or, aux côtés de Gaby Lejard. Délégué auprès du directeur général en 1959, il fut également au cœur des grèves tournantes en gare de Dijon-Ville, première action de grève contre le pouvoir gaulliste.
En 1967, il prit la relève de Daniel Rispincelle comme secrétaire de la Section technique nationale Exploitation. Dans cette période, dans les organismes économiques de la Région de Bourgogne, dans la presse, malgré l’hostilité générale des notables et décideurs, Guy Thibaut mena le combat pour le TGV Sud-Est. Logiquement la Fédération CGT le choisit pour être, avec le secrétaire général Charles Massabieaux, l’un des deux représentants de la CGT au conseil d’administration de la SNCF lorsque l’ostracisme la frappant fut levé le 4 avril 1972. Il devint à ce moment-là membre du bureau fédéral jusqu’en 1976, puis membre de la commission exécutive de cette date à son départ en retraite en 1979. Très investi dans cette responsabilité, il fut aussi très présent au plan international, à Bruxelles, au Comité CGT-CGIL (Confédération générale italienne du travail), au Comité européen des transports ou encore à l’Union des transports de la Fédération syndicale mondiale (FSM).
Membre du PCF dès septembre 1944, il fit partie du comité fédéral du PCF en Côte-d’Or, avant de s’éloigner de cette organisation au milieu des années quatre-vingt.
Guy Thibaut fut décoré chevalier de l’Ordre national du Mérite. Marié puis divorcé, il eut deux filles et un garçon de cette union. Il se remaria avec Pierrette Darnis, cheminote, militante CGT des Services centraux, du centre fédéral de la jeunesse et de la commission féminine fédérale, et eut une fille avec elle.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8969, notice THIBAUT Guy par Pierre Vincent, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 22 novembre 2021.

Par Pierre Vincent

ŒUVRE : « Intervention de l’État et évolution des chemins de fer », Issues, n° 2, 2e trimestre 1981.

SOURCES : Arch. PPo, SNCF S26, S28. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — Comptes rendus des congrès fédéraux. — Comités fédéraux du PCF. — Notes de Marie-Louise Goergen. — Renseignements fournis par Guy Thibaut.

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