Par Claude Pennetier
Né le 9 mai 1910 à Thauvenay (Cher), mort le 22 mars 1985 à Saint-Denis-de-Palin (Cher) ; instituteur ; militant communiste dans le Cher, maire de Thauvenay ; journaliste à l’Humanité après 1951.
André Laloue était issu d’une famille socialiste. Son grand-père, tonnelier, vigneron et cafetier à Thauvenay dans le Sancerrois, était républicain. Son père, Victor (1888-1968), cheminot sanctionné pour avoir participé aux grèves de 1920, dut quitter la région où il ne revint qu’après sa mise à la retraite en 1937 ; il était membre du Parti communiste. Son oncle Gustave Laloue (1879-1935), militant du Parti socialiste avant 1920 puis du Parti communiste, fut conseiller municipal de Thauvenay en 1929 et secrétaire de la cellule en 1934-1935.
André Laloue fit ses études à l’école primaire supérieure puis à l’École normale d’instituteurs de Bourges (1927-1930) où il fréquenta les militants de l’Union générale des étudiants pour l’enseignement (voir Marcel Ragon et Robert Chaton). Après avoir enseigné un an à Lignières, il fit son service militaire au Maroc comme caporal dans un régiment de tirailleurs marocains. Ce séjour aux colonies le conforta dans ses idées communistes.
Nommé instituteur à Saint-Satur en 1932, il adhéra en mars au Parti communiste. Le cordonnier Émile Lerat lui inculqua « le goût de la polémique par la plume comme par la parole » (« André Laloue évoque É. Lerat », Dix-huit, 13 décembre 1970). André Laloue collaborait régulièrement à L’Émancipateur sous la signature du « Gâs de Fertoué » (de Fretoy, hameau de Thauvenay). De 1934 à 1939, il fut secrétaire puis trésorier de la section communiste de Sancerre et membre du bureau régional. Le Parti communiste le présenta aux élections cantonales, dans le canton de Vailly, en 1937 et 1939.
Adhérent du Syndicat national des instituteurs (CGT) depuis avril 1932, André Laloue se mit à disposition des ouvriers locaux comme secrétaire du syndicat CGT des carriers de Saint-Satur, sous le Front populaire. Militant du Secours rouge international depuis 1932, il était aussi secrétaire de la section de Saint-Satur des Amis de l’Union soviétique en 1934, et effectua un voyage en Russie en 1934. Il fut aussi le secrétaire de la section de Sancerre du mouvement Paix et Liberté à partir de 1937.
André Laloue se maria le 29 février 1936 à Thauvenay avec Huguette Dantard, sans profession. Le couple eut un enfant.
Après avoir été mobilisé dans un régiment de tirailleurs marocains au début de la Seconde Guerre mondiale, André Laloue reprit son poste à Saint-Satur. Mais l’administration le déplaça bientôt à l’école de Bréviandes (commune d’Ivoy-le-Pré) pour avoir refusé de lire à ses élèves une circulaire du gouvernement de Vichy. En contact avec la résistance communiste à partir de mai 1941 (selon son témoignage), et avec le parti en 1942 (selon les réponses qu’il donna au questionnaire biographique en 1945), il devint responsable pour le Cher du Front national (1942-1943) sous le pseudonyme de « Joseph Dubois ». Il fonda un journal clandestin, Le Patriote berrichon. Informé par un ami d’un parachutage d’armes en mai 1943, il communiqua l’information à Marcel Cherrier qui chargea Roland Champenier de saisir les armes. Il échappa à la Gestapo en septembre 1943, devint clandestin et quitta le Cher. Il fut alors un des dirigeants des FTPF de la Nièvre, participa à l’organisation du maquis du Morvan jusqu’à son arrestation le 25 mai 1944 à Cosne. Sévèrement torturé, en vain, par la Gestapo et par son auxiliaire français Paoli (des séquelles restèrent dont un biceps atrophié), il fut interné à la prison de Bourges, puis à Compiègne (2-15 juillet), déporté à Neuengamme (18 juillet 1944- 29 avril 1945). Libéré par les Anglais, il fut rapatrié le 9 juin 1945.
André Laloue devint secrétaire de la section communiste de Sancerre en septembre 1945. Domicilié à Bourges dans les HBM près de l’aérodrome, il fut élu au comité de la fédération communiste, entra à son secrétariat en mars 1946, chargé de l’organisation, et participa à l’école centrale d’organisation en juin suivant. Il resta au secrétariat jusqu’en 1949 et fut rédacteur en chef de L’Émancipateur (1946-1951).
Divorcé, il se remaria en 1950 à Thauvenay avec Gisèle Policard, dite Léone, née le 13 septembre 1921 à Saint-Fargeau (Seine-et-Marne), veuve d’un fusillé (André Maurice Giraudon), conseillère municipale de Bourges de 1945 à 1951, mère de deux enfants. Ils eurent un fils en 1950, prénommé Maurice à l’occasion du cinquantième anniversaire de Maurice Thorez*).
André Laloue fut maire de Thauvenay d’août 1946 à 1953. Le Parti communiste ne pouvant pas maintenir un permanent pour l’Émancipateur (Maurice Renaudat reprit ce travail), André Laloue quitta le Cher en 1951 pour devenir journaliste à la rubrique de politique intérieure de l’Humanité puis directeur de cette rubrique en 1953 et enfin responsable du service de documentation. Directeur de publication de l’Humanité à partir du 10 juillet 1964, il assuma cette responsabilité juridique qui le conduisit souvent devant les tribunaux jusqu’à son décès.
Il habitait Pierrefitte (Seine, Seine-Saint-Denis) en banlieue Nord. Membre du comité de la section communiste, du comité de la fédération communiste Seine Nord-Est en 1956, il fut « proposé en raison de la tâche qu’il assumait à la rédaction de la page fédérale quotidienne de l’Humanité ». Il ne fut pas réélu par la conférence fédérale de 1957. Son épouse Gisèle, était conseillère municipale et adjointe au maire de Pierrefitte.
En 1971, André Laloue prit sa retraite à Saint-Denis-de-Palin avec son épouse. Secrétaire de la section communiste de Dun-sur-Auron, il siégea au comité fédéral de 1972 à 1977. Jovial, affable, efficace, il resta jusqu’à sa mort, en 1985, une figure populaire du communisme berrichon.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Archives du comité national du PCF. — L’Émancipateur. — Le Patriote berrichon. — L’Humanité. — Dix-huit. — Témoignage de l’intéressé. — Témoignage de Maurice Renaudat. — Notes de Jacques Girault. — État civil.