DESCAVES Lucien

Par Jean Maitron

Né le 18 mars 1861 à Paris (au Petit-Montrouge), mort le 6 septembre 1949 à Paris ; écrivain naturaliste ; membre de l’Académie Goncourt ; socialiste libertaire.

Fils d’un graveur en taille-douce, Lucien Descaves sympathisa avec la Commune de Paris et ses militants « antiautoritaires ». Les collections importantes qu’il avait réunies sur l’événement et sur les hommes sont aujourd’hui à l’Institut international d’Histoire sociale d’Amsterdam. Deux de ses ouvrages au moins se sont inspirés de la Commune : La Colonne, 1902, et Philémon, vieux de la vieille, livre d’histoire plus que roman.

Le Manifeste des cinq unit, en 1887, Paul Margueritte, Paul Bonnemain, Gustave Cuiches, Rosny et Lucien Descaves dans une critique d’Émile Zola qui venait de publier La Terre. Descaves fut rédacteur à l’Aurore dont il suivit les position dreyfusardes.

L. Descaves, homme de théâtre, écrivit des pièces d’inspiration libertaire : La Cage, 1898, en collaboration avec G. Darien, invite les hommes à se rallier à la cause révolutionnaire et à briser leurs chaînes ; La Clairière, 1900, et Les Oiseaux de passage, 1904, en collaboration avec M. Donnay, abordent, la première, le problème des « milieux libres » ou colonies anarchistes, la seconde, l’étude des mœurs des nihilistes russes. Il donna en 1908 une importante préface au livre de Léon et Maurice Bonneff, La Vie tragique des Travailleurs.

Lucien Descaves fut aussi journaliste et syndicaliste. Il fut un militant de l’Association de défense et de discipline professionnelle, fondée le 10 mars 1918. Lucien Descaves succéda en mai 1919 à Jean-Ernest Charles, chroniqueur littéraire au Temps, au poste de président ou de secrétaire général de cette association professionnelle. A la suite de difficultés internes, il démissionna et il fut alors remplacé par Georges Bourdon. Cette association se transformera en syndicat en 1928.

En 1927, son nom figura, au côté de ceux d’Alain, Louis Guilloux, Henry Poulaille, Jules Romains, Séverine... sur la pétition qui dénonçait la loi sur l’organisation générale de la nation pour le temps de guerre, abrogeant toute indépendance intellectuelle et toute liberté d’opinion.

Cet écrivain, qui a figuré parmi les collaborateurs de l’En Dehors de Zo d’Axa (5 mai 1891-19 février 1893) et des Temps Nouveaux (4 mai 1895-août 1914), a conté l’histoire de sa vie dans Souvenirs d’un ours, Paris, 1946, 296 p.

S’il fut un des membres fondateurs de l’Académie Goncourt en 1903, il eut des rapports difficiles avec ses collègues de 1932 à 1939 après la refus du prix pour Le Voyage au bout de la nuit de Céline. Il en fut président de 1945 à 1949.

Dans La Révolution prolétarienne de septembre 1949, Pierre Monatte écrivit : « Nous avons admiré et aimé ce grand écrivain. Malheureusement nous ne l’avions plus retrouvé après la première guerre. Il renonça même à écrire deux livres dont il avait réuni les éléments, deux biographies, celles de Varlin et de Louise Michel. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89697, notice DESCAVES Lucien par Jean Maitron, version mise en ligne le 12 octobre 2010, dernière modification le 3 décembre 2020.

Par Jean Maitron

Lucien Descaves
Lucien Descaves
Ouvrage de 1946
Ouvrage de 1946
Lucien Descaves dans L’Aube du 7 septembre 1949.

SOURCES : Jean Maitron, Histoire du Mouvement anarchiste, op. cit.Larousse du XXe siècle. — Marc Martin in Métiers et journalistes de la République, Collection Odile Jacob, avril 1997, p. 205. — Le Journaliste, SNJ, publié à l’occasion du 100e congrès national, Paris 17-18-19 octobre 2018 : "Un siècle de combats". — Christian Delporte, 100 ans de journalisme, une histoire du SNJ, op. cit. — Note de Julien Chuzeville.

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