THIBON Joseph, Louis

Par Pierre Bonnaud, Roger Pierre

Né le 31 décembre 1888 à Chandolas (Ardèche), mort le 4 mai 1972 au Teil (Ardèche) ; cheminot, chauffeur puis mécanicien ; syndicaliste unitaire, secrétaire du rayon communiste de l’Ardèche ; maire du Teil (1945-1955).

Fils de petits paysans catholiques illettrés, Joseph Thibon fut envoyé par eux à l’école laïque tenue par un instituteur fervent républicain mais ils le retirèrent pour le placer chez les Frères aux Vans (Ardèche), où il resta jusqu’à l’âge de treize ans. En 1903, il fut mis en apprentissage chez un mécanicien de Joyeuse (Ardèche) qui l’employa comme ouvrier de 1905 à 1907. Il travailla ensuite à Marseille (Bouches-du-Rhône), fit son service militaire de 1909 à 1911 à Nîmes (Gard), se maria et retourna à Marseille. Embauché à la Compagnie PLM, il fut en 1912 envoyé au Teil où il exerça successivement les métiers d’ajusteur, de chauffeur et de mécanicien jusqu’à son admission à la retraite, en 1936.
Il avait adhéré à la CGT à Marseille dès 1907. Affecté spécial au Teil pendant la guerre, il participa à la reconstitution du syndicat des cheminots et fut révoqué pendant la grève de mai 1920. Réintégré, il milita à la CGTU et fut secrétaire du syndicat unitaire des cheminots pendant plusieurs années. En 1936, délégué à la propagande de l’Union locale CGT, il contribua à organiser l’occupation des cimenteries Lafarge, de la métallurgie du Teil et des usines à chaux de Montélimar (Drôme). En 1937, il fut l’un des fondateurs de la Maison du peuple du Teil.

Sympathisant socialiste dès 1912, Thibon adhéra au Parti communiste en 1921 (il dit 1925 dans son autobiographie de 1937) et y milita activement à partir de 1926. Après l’exclusion de Vincent Mortier et la création de la Région Drôme-Ardèche du PC, il devint membre du secrétariat, comme responsable de la Drôme. En 1936, il était toujours secrétaire du rayon du Teil. Candidat à diverses élections municipales, cantonales et législatives, il obtint en 1932, dans l’arrondissement de Montélimar-Nyons (Drôme) 1 008 voix sur 22 207 inscrits, et en 1936, dans la 1re circonscription de Privas (Aubenas), il en recueillit 1 995 sur 19 116 inscrits. Il entra au conseil municipal du Teil en 1935 et y siégea jusqu’à la déchéance de la petite fraction communiste en 1939.

Il fut l’objet d’un arrêté d’internement administratif au premier semestre de 1940. Il était au centre de séjour surveillé de Chibron (commune de Signes, Var) à l’été. Il était alors retraité du PLM. À la dissolution du camp de Chibron, il fut transféré dans celui de Fort-Barraux (Isère) le 14 février 1941. Il fut relâché pour raisons de santé et assigné à résidence surveillée à Rocher, près de Largentière (Ardèche).

De retour au Teil vers la fin de l’été 1944, Joseph Thibon succéda à son camarade Marius Gamondès à la présidence du Comité local de Libération. Aux élections municipales du printemps 1945, il conduisit la Liste d’union républicaine et antifasciste, où les militants communistes étaient largement majoritaires, face à une liste radicale. Il obtint l’un des meilleurs scores de sa liste (2 686 voix) qui fut entièrement élue. Il devint maire du Teil et conserva son mandat jusqu’en 1955.

En juillet 1953, Joseph Thibon fut poursuivi en justice et fut condamné à six mois de prison avec sursis en raison d’une « tentative pour soustraire des déserteurs aux poursuites et fabrication de fausses cartes d’identité ». Thibon, qui n’était pas toujours docile envers la direction du parti, avait apporté son aide à deux jeunes militaires qui refusaient de combattre en Indochine. Le PCF afficha localement sa solidarité avec le maire du Teil tout en affirmant que seule devait prévaloir « l’action de masse ». Un meeting de solidarité rassemblant plusieurs centaines de Teillois réclama l’annulation du jugement (Les Allobroges du 20 juillet 1953). Mais la direction du PCF donna un blâme à Joseph Thibon qui présenta sa démission de premier magistrat. Celle-ci ne fut officielle qu’à partir de 1955. L’instituteur René Montrérémal lui succéda à la tête de la mairie du Teil.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8973, notice THIBON Joseph, Louis par Pierre Bonnaud, Roger Pierre, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 26 juillet 2022.

Par Pierre Bonnaud, Roger Pierre

SOURCES : RGASPI, 495 270 4409. — Arch. Dép. Ardèche, 2 M 365-430, 10 M 158. — Arch. Dép. Rhône, 668 W 24. — Arch. Dép. Drôme, M 89. — Arch. Dép. Var, 4 M 291. — site Mémoire des hommes SHD Vincennes GR 16 P 568107 (nc). — Le Travailleur alpin, 1928-1936. — La Voix populaire, 1936-1939. — Les Allobroges, 1951-1956. — Autobiographie de Joseph Thibon. — Rens. de son gendre, Marceau Brès. — Renseignements de René Montrérémal. ⎯ notes Jean-Marie Guillon.

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