AILLAUD Frédéric, Denis, Marcellin

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

Né le 31 mars 1857 à Volx (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence), mort le 27 mai 1924 à Digne (Basses-Alpes) ; boulanger, puis propriétaire-exploitant ; militant socialiste ; maire de Villeneuve (Basses-Alpes) ; député socialiste.

Frédéric Aillaud s’intéressa très tôt à la politique et, dès 1865, se livra à une propagande d’inspiration socialiste. Féru d’histoire, il fit de l’œuvre de Michelet sa lecture favorite, mais non exclusive. La culture qu’il se donna, ses qualités personnelles, son habileté en affaires et dans l’administration lui assurèrent dans sa contrée une forte influence. En 1900, il fut élu maire de Villeneuve, petite localité sise sur la Durance, en amont de Manosque : il le demeura jusqu’à sa mort. Il assura la prospérité de sa commune en promouvant la culture méthodique du pêcher et en lui procurant des revenus réguliers et substantiels par un accord avec la Société d’énergie électrique du littoral méditerranéen qui installa sur son territoire deux usines électriques.

La popularité d’Aillaud fut grande dans le Sud du département et aussi son prestige parmi les socialistes des Basses-Alpes : dans cette fédération où avocats, médecins, ingénieurs ou, à défaut, instituteurs, fournissaient les candidats, F. Aillaud fut une exception.

Aillaud devint conseiller général socialiste du canton de Forcalquier en 1919. La Fédération le présenta sans succès aux élections législatives de novembre 1919. Avec l’ensemble de ses camarades bas-alpins, Aillaud vota pour la motion dite Cachin-Frossard en décembre 1920 et adhéra au Parti communiste. En fait, il ne partageait pas les options de l’Internationale communiste et son attitude s’expliquait essentiellement par la volonté de préserver l’unité du parti. La Fédération se situa à droite du PC et en 1923 entra en conflit avec « les gamins qu’on nous envoie périodiquement et qui, on en conviendra, manquent tout de même d’un peu d’autorité pour venir faire la leçon à des hommes comme le père Aillaud » (Le Travailleur des Alpes, 1er mars 1924). En mars 1924, allié à Ch. Baron et V. Gérard, F. Aillaud entraîna la moitié des militants (environ trois cents) à la SFIO. Le 11 mai, il fut élu député sur la liste du Cartel des gauches. Le vieux paysan de Villeneuve n’eut pourtant pas l’occasion de s’asseoir au Palais-Bourbon. Épuisé par les épreuves politiques des mois précédents et par la campagne électorale, il mourut seize jours après le scrutin.

La Fédération socialiste inaugura un monument au « père Aillaud », en novembre 1931. Son fils Aimé ceignit l’écharpe de maire, en mai 1935.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89749, notice AILLAUD Frédéric, Denis, Marcellin par Claude Pennetier, Justinien Raymond, version mise en ligne le 17 octobre 2010, dernière modification le 17 septembre 2022.

Par Claude Pennetier, Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Alpes-de-Haute-Provence, état civil. — Arch. Nat. F7/13030. — Le Travailleur des Alpes, 1920-1931. — Renseignements fournis à J. Raymond par le petit-fils de F. Aillaud. — Notes de Roland Andréani.

Version imprimable