THIBOUT Robert, Arthur, Marcel

Par Didier Bigorgne

Né le 24 janvier 1916 à Lindry (Yonne), mort le 22 janvier 2004 à Charleville-Mézières (Ardennes) ; cheminot révoqué en 1948, puis ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT, secrétaire général du 6e secteur Est SNCF en 1948 ; militant communiste, conseiller municipal de Mézières (1947-1953).

Robert Thibout était le fils d’un menuisier à la Compagnie des chemins de fer de l’Est et d’une mère au foyer. Après la Première Guerre mondiale, son père Marcel Thibout vint travailler aux ateliers des chemins de fer de Mohon (Ardennes). Il s’installa avec sa famille dans la ville voisine de Villers-Semeuse dont il fut conseiller municipal socialiste SFIO de 1919 à 1925, puis de 1945 à 1947.

Après l’obtention du certificat d’études primaires, Robert Thibout entra comme apprenti à la Compagnie des chemins de fer de l’Est en 1930. Il devint ajusteur. Le 4 mars 1939, à Mézières, il épousa Lucie Sablan, couturière ; de cette union naquirent six enfants (deux garçons et quatre filles).

Robert Thibout, qui avait effectué son service militaire au 91e régiment d’infanterie à Mézières, fut mobilisé pendant la Seconde Guerre mondiale. Il combattit les Allemands en Côte-d’Or et fut fait prisonnier. D’abord détenu en Allemagne, il fut transféré dans un camp au pays des Sudètes. Il réussit à s’évader le 20 novembre 1941 en s’intégrant à un convoi de marins prisonniers rapatriés en France. Il fut légalement libéré par les autorités allemandes à Lyon. Rentré à Mézières le 19 janvier 1942, il reprit son travail aux ateliers SNCF de Mohon. Il adhéra au syndicat CGT clandestin et au Parti communiste. Le 11 novembre 1943, il fit partie des cheminots qui débrayèrent pendant une heure. Il participa aussi avec ses camarades du dépôt à une série de sabotages de matériel en janvier 1944.

À la Libération, Robert Thibout se révéla un militant cégétiste fort influent. En 1945, il fut élu secrétaire général du syndicat des cheminots de Mohon. Le 18 mai 1947, il entra à la commission exécutive de l’UD-CGT des Ardennes et fut élu membre du bureau. En 1948, il devint secrétaire général du 6e secteur Est SNCF. Dans le courant du mois d’octobre, il participa aux grèves qui paralysèrent les centres ferroviaires ardennais de Charleville, Mohon, Lumes et Amagne. Il fut à la tête des grévistes qui firent circuler pendant trois jours un train irrégulier qui s’approvisionna en lait à Challerange afin d’assurer le ravitaillement de la population de la vallée de la Meuse. La SNCF prit des sanctions, Robert Thibout fut révoqué. En outre, il fit partie des quarante-huit cheminots inculpés d’entrave à la liberté du travail qui comparurent devant le tribunal correctionnel de Charleville le 1er juin 1949. Le jugement rendu le 29 juin condamna sévèrement vingt-et-un grévistes ; parmi eux, Robert Thibout se vit infliger une peine d’amende avec sursis de six mille francs et l’obligation de verser mille francs à la SNCF à titre de dommages et intérêts. La cour d’appel de Nancy, saisie par la direction de la SNCF, confirma ce jugement le 17 novembre suivant.

Dans le même temps, Robert Thibout s’investit dans son parti. Il entra au comité fédéral du Parti communiste des Ardennes lors de la conférence fédérale des 14 et 15 juin 1947. Aux élections municipales du 19 octobre 1947, il fut élu conseiller municipal de Mézières sur la liste du PCF qui remporta six sièges. Il ne se représenta pas au scrutin d’avril-mai 1953 ; par contre, son épouse qui figurait sur la liste communiste ne fut pas élue. Il fut une dernière fois candidat le 14 mars 1965 sur la liste de son parti qui n’obtint aucun siège.

Robert Thibout eut une passion, la musique. Il l’apprit dès l’âge de douze ans. En 1935, il obtint un prix d’excellence, catégorie trombone, à Paris. À vingt-deux ans, il devint professeur à l’école de musique de Mohon et dirigea l’Harmonie La Prolétarienne. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut directeur de l’Harmonie de Mézières jusqu’en 1966, puis de l’Harmonie de Charleville-Mézières, et professeur au conservatoire de Charleville-Mézières.

Après la révocation de la SNCF, Robert Thibout exerça son métier d’ajusteur à l’usine La Macérienne à Mézières. Il partit à la retraite, en qualité de contremaître, le 1er mars 1977. Il fut réintégré en 1982 à la SNCF. Veuf depuis 1997, il habita jusqu’à sa mort dans une maison du quartier de Saint-Julien à Charleville-Mézières qu’il avait acquise en 1942. Il était toujours membre du Parti communiste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8975, notice THIBOUT Robert, Arthur, Marcel par Didier Bigorgne, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 6 août 2015.

Par Didier Bigorgne

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes 3 M 8 et 9. — Arch. Fédération CGT des cheminots. — Liberté, 28 juin 1947. — L’Ardennais, 2 juin 1949 et 30 juin 1949. — Presse locale. — Notes de Jean-Pierre Bonnet. — Renseignements et documents fournis par l’intéressé.— Etat civil.

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