ALLAMERCERY Jean-Pierre

Par Yves Lequin, Jean Lorcin

Né le 16 janvier 1880 à Trévoux (Ain), mort à Trévoux le 7 juillet 1965 ; instituteur ; militant socialiste et syndicaliste de la Loire.

Jean-Pierre Allamercery
Jean-Pierre Allamercery

Fils d’un sabotier, instituteur adjoint à Saint-Chamond (Loire) bien noté sur le plan professionnel, Jean-Pierre Allamercery fut signalé dès 1902 pour son attitude « imprudente » (sic) ; en mai 1909, il était considéré comme un des militants les plus actifs du personnel de l’État ; avec Baldacci, il avait été dans la Loire l’un des pionniers du syndicalisme enseignant. Au début de l’année 1912, il fréquentait le groupe « Germinal » des Jeunesses syndicalistes de Saint-Étienne animé par les libertaires Liothier et Berthet, et y donnait des conférences de vulgarisation scientifique ; en octobre, il fut l’un des douze instituteurs du département punis de la « réprimande » par l’inspecteur d’Académie pour avoir signé le manifeste syndicaliste du 16 septembre 1912. Son action ne se limitait pas au milieu enseignant ; en 1914 il était membre du bureau de la Ligue des droits de l’Homme, et très populaire dans les milieux ouvriers où il fréquentait Torcieux. Il animera, à partir de sa création en mars 1919, la section stéphanoise du syndicat des instituteurs. Son action a été orientée dans le sens de la majorité confédérale — il expliquera ainsi son refus de voter la grève du 21 juillet 1919. Il a représenté les instituteurs de Saint-Étienne au congrès de Tours du 22 août 1919, et a participé activement à la vie syndicale du département, tant au niveau de la Bourse du Travail, que du comité général de l’Union départementale. En tant que militant socialiste, il a proposé la suppression d’un article des statuts de l’UD interdisant le cumul des mandats syndicaux et politiques, mais sa motion fut repoussée le 20 juin 1920. Il fut délégué au congrès de Bordeaux en août 1920 et participa le 11 décembre à une réunion du Cartel des fonctionnaires où il s’éleva contre les poursuites engagées contre le syndicat des fonctionnaires déclarant : « la tentative de nous séparer de la classe ouvrière échouera ».

Il devait adopter par la suite une position moyenne entre la CGT à laquelle il reprochait son inaction et les comités syndicalistes révolutionnaires qu’il accusait de ne pas agir en conformité avec les directives du bureau confédéral, et auquel il reprochait d’accepter en leur sein des non-syndiqués.

Selon le commissaire spécial de Saint-Étienne, en décembre 1921, il avait adhéré au groupe communiste. Mais, il faisait l’objet d’une demande d’exclusion du Parti communiste : « en tant que secrétaire du syndicat des instituteurs, il se refuse absolument à donner à son groupement l’orientation révolutionnaire […] » notait le rapport. Le 2 mars 1922, se tenait une assemblée générale des instituteurs syndiqués. Par 37 voix contre 28, elle décidait d’adhérer à la CGTU. Le 22 avril 1922, Allamercery était un des signataires de l’appel pour constituer un syndicat qui allait s’affilier au syndicat national (CGT).

Secrétaire de la section SFIO de Trévoux (Ain) vers 1930, J. Allamercery fut le candidat du Parti aux élections législatives de 1932, circonscription de Trévoux. Il recueillit 1 233 voix au premier tour, contre 345 pour le candidat du PC, Claude Goy, et 5 749 pour le radical Fribourg ; il se retira et ce dernier fut élu au 2e tour avec 9 718 voix (Inscr. : 22 730 ; votants : 18 525).

Sous l’Occupation, Trévoux, où demeurait toujours Allamercery, constitua, avec Lyon, l’un des points de départ du mouvement de résistance L’Insurgé, issu du Parti socialiste ouvrier et paysan de Marceau Pivert : une fille d’Allamercery, Suzanne, avait été à l’origine de ce parti, né d’une scission du Parti socialiste SFIO en 1938.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89754, notice ALLAMERCERY Jean-Pierre par Yves Lequin, Jean Lorcin, version mise en ligne le 17 octobre 2010, dernière modification le 14 août 2020.

Par Yves Lequin, Jean Lorcin

Jean-Pierre Allamercery
Jean-Pierre Allamercery

SOURCES : Arch. Nat. F 7/13053, F 7/13743 et F 7/13744, rapport du 29 juillet 1921, F 7/13745. — Arch. Dép. Loire, 19 M 28, 93 M 97, 92 M 258, 93 M 70. — L’Éclaireur de l’Ain, 8, 15 mai 1932. — R. Fiat, « L’Insurgé », in : Aspects de la Résistance française, N° spécial de la Revue d’histoire de la Seconde Guerre mondiale, N° 47 – Juillet 1962, p. 61-78. — Michelle et Gérard Raffaelli, Introduction bibliographique, méthodologique et biographique à l’étude de l’évolution économique et sociale du département de la Loire, 1914-1920. Le Mouvement ouvrier contre la guerre, Mémoire de Maîtrise - Histoire, Paris- Nanterre, 1969.

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