LEMRET Pierre

Par Frédéric Stévenot

Né le 13 février 1913 et mort le 3 juin 2014 à Château-Thierry (Aisne) ; cheminot puis ouvrier électricien à EDF ; syndicaliste CGT de l’Aisne, président de la CMCAS de Reims (1949-1968), administrateur du CCOS puis de la CCAS (1960-1971) ; militant communiste, maire de Château-Thierry (1964-1971), conseiller général de l’Aisne (1964-1985).

Pierre Lemret
Pierre Lemret

Pierre Lemret est le cadet d’une famille de neuf enfants. Son père, Victor Lemret, était mouleur à la fonderie Lavabre, à Château-Thierry ; il mourut à quarante-deux ans, en 1920. Pierre Lemret aida sa mère, Louise née Karch, d’origine alsacienne, qui, le matin, livrait le pain pour un boulanger avec sa brouette et l’après-midi faisait des lessives à domicile. La pauvreté obligea Pierre Lemret à fréquenter la soupe populaire, rue de Fère, entre 1920 et 1925.

A treize ans, en 1926, sortant de l’école publique de la Madeleine, il entra comme apprenti à l’Espérance régionale COOP (Coopérateurs de Champagne), où il travailla de 1926 à 1929. Sa mère mourut cette année-là. Pierre Lemret se rendit alors à Paris, où il fréquenta une école technique de 1929 à 1933 puis entra comme auxiliaire aux chemins de fer. Il fut ensuite maître électricien à Château-Thierry. Son engagement politique et syndical date de cette époque : il adhéra à la CGT.

En 1933, il entra aux Faucons rouges, organisation de jeunesse de la SFIO, où il devint guide. C’est là qu’il rencontra une autre guide, Lucienne Beckmann, qu’il épousa en 1936 à Château-Thierry. Ils travaillèrent main dans la main et Lucienne fut à l’origine du Secours Populaire à Château-Thierry. Pierre Lemret fit son service militaire en 1934.

En 1937, Pierre Lemret et sa femme, institutrice, n’admirent pas la politique de la SFIO à l’égard des républicains espagnols : cela décida le couple à d’adhérer au Parti communiste.

Mobilisé en septembre 1939 dans la DCA, Pierre Lemret revint à Château-Thierry en août 1940. Il entra au SUNE (Secteur électrique de la Société unifiée du Nord-Est) comme monteur-électricien. Durant l’Occupation il participa à la Résistance passive dans un groupe interne à la SUNE ; à partir d’août 1943, il entra au Parti communiste clandestin. Selon les bases de données en ligne, les services de Pierre Lemret au titre de la Résistance ne semblent cependant pas avoir été homologués, pas plus qu’il ne semble avoir reçu la médaille de la Résistance. Lors d’un entretien en novembre 1995, Pierre Lemret et son épouse se montrèrent discrets sur leurs activités pendant l’Occupation, renvoyant leur interlocuteur au fait que la vie était difficile et les choses peu compréhensibles pour qui n’avait pas vécu à cette époque.

À la Libération, Pierre Lemret fut élu secrétaire de l’Union locale des syndicats CGT de Château-Thierry et de la région. Avec la nationalisation des entreprises électriques, il entra à la subdivision EDF de Château-Thierry, où il termina sa carrière comme agent de maîtrise en octobre 1967.

Il fut secrétaire du syndicat CGT d’Épernay en 1951, administrateur du CCOS (Comité central des œuvres sociales) de 1949 à 1973 et de la CCAS (Caisse centrale d’activités sociales) de 1960 à 1971. Il fut également administrateur de la Caisse primaire de Sécurité sociale de l’Aisne de 1947 à 1981, élu président de 1951 à 1967. Il fut aussi administrateur de l’hôpital de Château-Thierry de 1947 à 1996.

Élu conseiller général communiste le 15 mars 1964 et secrétaire du conseil général de l’Aisne en décembre 1964, il y siégea jusqu’en 1985. Après des tentatives infructueuses en 1947 et 1953, il fut élu conseiller municipal en 1959 et 3e adjoint au maire André Pichard. Il succéda à ce dernier pendant un mandat, de 1965 à 1971. Battu alors par le centriste André Rossi (Centre républicain), il demeura dans l’opposition jusqu’en 1989. À cette date, la gauche reprit la mairie avec le socialiste Dominique Jourdain ; Pierre Lemret devint premier adjoint et le resta jusqu’en 2001, quand il démissionna.
Pendant son mandat municipal, Pierre Lemret créa le Syndicat d’assainissement de la région de Château-Thierry en 1966 ; son nom fut donné en 2006 à la station d’épuration de Château-Thierry. Il en fut président de 1966 à 1971 et de 1977 à 2001.
Il y eut d’autres réalisations importantes pour la vie locale : foyer de jeunes travailleurs, école de musique, agrandissement des écoles maternelles, piscine, maison des jeunes et de la culture (MJC) d’où est partie une nouvelle activité théâtrale de la ville, planning familial, foyer-restaurant pour personnes âgées, construction d’HLM aux Vaucrises, centre aéré... En juin 2020, son nom fut attribué à la piscine municipale : il en avait été l’initiateur.

Pierre Lemret représenta le Parti communiste aux élections législatives de 1967 et 1968 dans la 5e circonscription de l’Aisne. Il fut à chaque fois battu au second tour par André Rossi. Il obtint 25 % des voix au premier tour et 31 % au second, en mars 1967 ; ses résultats furent à peu près semblables en juin 1968. Pierre Lemret se présenta encore face à André Rossi aux législatives de mars 1973 : s’il eut davantage de suffrages au premier tour, relativement aux exprimés, avec 29,5 %, sa progression au second tour fut plus importante encore, avec 43,4 %, avec un bon report des voix obtenues par le socialiste Antoine-François Donsimoni. Cela ne suffit pas pour battre André Rossi, qui en obtient 56,6 %. Marc Laurent fut désigné comme candidat communiste en 1978 : il réduisit l’écart avec Rossi, candidat de l’UDF (48,5 contre 51,5 %). En juin 1981, Pierre Lemret représenta à nouveau le PCF : avec 19,15 % des voix, il fut devancé par le socialiste Bernard Lefranc, et il se désista. La guache put ainsi battre André Rossi.

En novembre 1991, il lança un manifeste pour la création d’un musée du trésor de l’Hôtel-Dieu et créa l’association Arts et Histoire dont il fut président de 1991 à 2004.
Il est le père de deux filles : Claudine et Françoise. Son épouse, Lucienne, est décédée en 2007 à l’âge de 92 ans. Pierre Lemret lui survécut pendant six ans ; il fut inhumé au cimetière de Château-Thierry.

Pierre Lemret reçut plusieurs décorations : chevalier des Palmes académiques, chevalier et officier de l’Ordre national du mérite, chevalier du Mérite social, médaille d’or départementale et communale pour dévouement au service des collectivités.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89764, notice LEMRET Pierre par Frédéric Stévenot, version mise en ligne le 18 octobre 2010, dernière modification le 14 août 2020.

Par Frédéric Stévenot

Pierre Lemret
Pierre Lemret

SOURCE  : Arch. Dép. Aisne, Délibérations du Conseil général de l’Aisne (1945-1998). Arch. CCOS, CCAS. Arch. FNME CGT. — Entretien de Frédéric Stévenot avec l’intéressé, novembre 1995. — Notice biographique par Michel Dreyfus dans le dictionnaire Gaziers-électriciens. — Notes de Tony Legendre. — Site Internet : Mémoire des hommes. — L’Union, 8 juin 2020. — Alain Trogneux, Dictionnaire des élus de Picardie, tome III, « L’Aisne », Encrage éditions, coll. « Hier », Amiens, janvier 2010 (notice biographique rédigée par Frédéric Stévenot).

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