JOSNIN Jean, Albert

Par Claude Geslin

Né le 21 juin 1909 à Nantes (Loire-Inférieure), mort le 27 juillet 1993 à Vertou (Loire-Atlantique) ; instituteur ; militant syndicaliste du SNI ; militant communiste en Loire-Inférieure- Loire-Atlantique.

Fils d’instituteur, Jean Josnin fut baptisé. Elève de l’école primaire supérieure de Nantes, il entra à l’École normale d’instituteurs de Savenay où il refusa de suivre la préparation militaire et occupa son premier poste à Couëron, de 1927 à 1930. Il militait alors aux Jeunesses socialistes SFIO et au Syndicat national des instituteurs. Les responsables du syndicat, voyant en lui un futur dirigeant, l’intégrèrent au bureau départemental pour compléter sa formation, lui confiant les fonctions d’un secrétaire adjoint spécialement chargé des comptes rendus, sans qu’il ait été élu au conseil syndical. La période du service militaire fut pour lui capitale. Il fit la connaissance d’instituteurs du Finistère, comme lui instructeurs dans la Marine à Lorient, qui étaient membres de la CGTU mais d’une tendance centriste inconnue jusque-là en Loire-Inférieure. Sans se convertir à leurs thèses, il n’en fut pas moins intéressé et impressionné.

En 1930, son service militaire terminé, Jean Josnin revint en Loire-Inférieure et fit part de cette tendance à son entourage. Il prit contact avec les premiers exclus du SNI au niveau départemental (Emmanuel Bouyer et A. Brohand) qui le remarquèrent lors d’une réunion d’information où, conspué par les membres du Syndicat national, il s’efforçait d’exposer les thèses des Finistériens. En 1931, après de nombreuses réunions avec Bouyer et Jean Bruhat (tous deux de la tendance communiste de la Fédération CGTU de l’enseignement), il eut la conviction qu’il était possible d’établir des liens entre la CGT et la CGTU, surtout au niveau des jeunes, première démarche vers l’unité. Il entra alors dans tous les groupements dont l’objectif était à terme l’unité. Il adhéra successivement au comité des 22, au comité du personnel enseignant, au cartel élargi des fonctionnaires mais surtout au groupe des jeunes de l’Enseignement. Ces démarches le conduisirent de plus en plus à agir en marge du SN. Il existait déjà un groupe des jeunes en 1931, appendice de la CGTU mais sans influence. Avec Jean Josnin comme secrétaire, le groupe redémarra avec pour but de montrer aux anciens qu’il était possible de travailler sur des bases unitaires. Le groupe se développa en 1931-1932 mais il rencontra de grandes difficultés de la part du SN. Cependant, avec l’adhésion d’Alphonse Braud et d’André Lermite, très longtemps réticents et même hostiles, le groupe progressa rapidement.

Dès lors, Jean Josnin, animateur du groupe des jeunes, fut pris pour cible par les dirigeants du SN. Le 2 mars 1933, il fut violemment attaqué lorsque, en assemblée générale de la section de Loire-Inférieure, il déposa un ordre du jour demandant l’adhésion du syndicat au Comité mondial de lutte contre la guerre impérialiste (mouvement d’Amsterdam) dont il était secrétaire pour le département. Sa proposition ne recueillit que 12 voix. Quelques mois plus tard, lors de l’AG de juillet 1933, on lui reprocha vivement d’avoir rendu visite aux Normaliens de Savenay avec un responsable CGTU, huit jours avant le délégué du SN, et une motion fut votée à l’unanimité lui retirant la confiance de l’AG et l’invitant à démissionner de son poste de conseiller syndical. Son cas fut à nouveau évoqué lors des conseils syndicaux des derniers mois de 1933 car il n’avait pas démissionné n’étant sortant qu’en 1935. On l’accusait d’apporter sa collaboration aux cours d’éducation ouvrière lancés par les syndicats unitaires alors que le SN en avait lui-même organisés. Un discours de Pérodeau fut même imprimé en entier dans le bulletin sous le titre "Pour en finir avec Josnin". Il se terminait par "Josnin, dehors !". Finalement, l’assemblée générale du 8 février 1934 vota son exclusion malgré l’intervention de Bessac pour qui l’heure n’était plus aux discordes, par 130 voix contre 35.

Josnin continua son action au sein du groupe des jeunes dont plusieurs membres (Braud, Lermite, Alice Le Roy qu’il avait épousée exclusivement civilement à Nantes le 26 septembre 1932) adhéraient toujours au SN, à la limite de l’exclusion d’ailleurs. Il adhéra à la Fédération de l’enseignement (CGTU) où il devint conseiller syndical. Gréviste le 12 février 1934, il adhéra au Parti communiste cette année-là, fut délégué du comité de propagande en faveur de l’URSS et resta secrétaire du comité régional Amsterdam-Pleyel jusqu’en 1939.

Lors de la réunification en décembre 1935, le nouveau conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs fut formé sur la base de la parité entre les deux syndicats, SNI (CGT) et Fédération unitaire de l’Enseignement. Josnin se heurta à l’intransigeance des dirigeants du SN qui lui refusèrent une place dans le conseil syndical. Mais les unitaires réussirent à imposer sa présence. Il fut membre de la commission de l’action sociale et délégué à la Fédération de l’enseignement et à l’Union locale CGT de Nantes en 1936. En décembre 1936, il intervint, lors d’une réunion du conseil syndical, en faveur du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes. Il fut aussi secrétaire adjoint du SNI de novembre 1937 à novembre 1938. Hostile aux accords de Munich, il fut gréviste le 30 novembre 1938, et sanctionné de huit jours de retenue de traitement.

Adhérent du PC depuis 1934, il devint membre du comité régional, puis du bureau de la région communiste Atlantique et enfin du secrétariat de la région communiste Loire-Inférieure-Vendée. Lors de la réunion du comité régional, le 19 juin 1939, son intervention fut consacrée au travail des communistes en direction de la paysannerie. Au début de 1939, le rapport sur les régions communistes, indiquait qu’il appartenait seulement au comité régional.

Mobilisé en 1939 dans la Marine à Lorient, Jean Josnin y forma une cellule distribuant aux soldats de nombreux tracts destinés surtout à expliquer la position de Moscou lors du Pacte germano-soviétique. En mai 1940, il fut muté dans un régiment disciplinaire de chars de combat à Vannes. Ayant quitté Vannes pendant la débâcle, il se fit démobiliser par les Allemands à Nantes. Après un bref séjour dans la ville, il fut emprisonné à Châteaubriant, puis à Hesdin (Pas-de-Calais), enfin en Allemagne au Stalag 11A à Alten-Grabow en Saxe. Avec de nombreux Bretons, il fut envoyé dans une fonderie à Tanger-Hutte, en octobre 1940, où il établit des contacts avec des ouvriers allemands antifascistes. Mis sur la liste des marins qui devaient être rapatriés en France (pour reconquérir la Syrie sur les Britanniques) il fut envoyé, en juin 1941, d’abord à Clermont-Ferrand puis à Montluçon. Ayant appris que les non-marins étaient démobilisés, il fit état de son appartenance au régiment de chars de Vannes et il fut libéré en juillet. Quelques jours plus tard, il arriva à Saint-Aignan où il enseignait avant la guerre, mais, prévenu par un camarade que la gendarmerie était sur le point de l’arrêter en tant que communiste (ce qui venait de se produire pour Braud et Lermite), il s’enfuit à Nantes puis en Charente-Inférieure où, dans un village, il s’efforça, sans grand succès d’ailleurs, d’organiser la résistance paysanne aux livraisons aux Allemands. Révoqué en 1943, il y resta jusqu’à la fin de la guerre.

Jean Josnin revint à Nantes à la Libération. Il obtint sa réintégration avec difficultés (tout comme Marthe Gallet, l’épouse de Frédéric Gallet). Il devint secrétaire adjoint de la section de Loire-Inférieure du SNI de 1944 à 1947. Il était en même temps secrétaire du groupe des jeunes puis de la commission des jeunes. Il fut membre de la commission technique paritaire jusque vers 1950. Il resta conseiller syndical, de la Libération à 1965. Responsable des questions pédagogiques, il fut chargé de l’enseignement agricole par correspondance, de 1954 à 1965. Il prit sa retraite en 1965 après avoir enseigné à Vertou en 1931-1932, à Saint-Aignan-Grandlieu, de 1932 à 1954 et enfin à Beautour (en Vertou) de 1954 à 1965. Il continua à habiter Vertou, avec son épouse, pendant sa retraite.

Sur le plan politique, Josnin fut quelques mois membre du comité fédéral du Parti communiste français puis, vers 1954-1955, responsable paysan.

Il fut aussi administrateur de la caisse départementale de la Sécurité sociale en 1955-1956, membre du conseil d’administration de la Mutuelle générale de l’Education nationale depuis sa création à la Libération jusqu’en 1969. Enfin, il fit partie du Front national après la guerre et en fut le secrétaire adjoint chargé du sud de la Loire-Inférieure, de la Libération à la disparition du journal du mouvement, Front.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89779, notice JOSNIN Jean, Albert par Claude Geslin, version mise en ligne le 19 octobre 2010, dernière modification le 17 juin 2021.

Par Claude Geslin

SOURCES : Arch. Dép. Loire-Atlantique, série M. — RGASPI, 517,1, 1863, 1893, 1908. — Bulletin mensuel des institutrices et instituteurs publics, section de Loire-Inférieure, 1932-1940. — Bulletin du Groupe des jeunes de l’enseignement de la Loire-Inférieure, 1934-1935. — Notice par C. Geslin, dans DBMOF. — Renseignements fournis par l’intéressé à Claude Geslin et à Jacques Girault. — Notes de J. Girault.

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