THIÉFAINE Maurice

Par Claude Geslin, Gilles Morin

Né le 19 juin 1897 à Vervins (Aisne), mort le 22 octobre 1981 à Nantes (Loire-Atlantique) ; dessinateur à la compagnie du Paris-Orléans ; militant socialiste de Loire-Inférieure : maire-adjoint de Nantes (1935 à 1941), conseiller général de Bouaye (1937 à 1941) ; député (1936 à 1942).

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

Fils d’un ouvrier de filature et d’une lingère, qui eurent neuf enfants, Maurice Thiéfaine réussit pourtant à faire des études qu’il termina au collège d’Avesne. Il commença à travailler comme comptable. Mobilisé en 1914, il revint de la guerre mutilé, amputé d’une jambe, et entra au service des Voies et Bâtiments du chemin de fer Paris-Orléans.

Devenu socialiste pendant la guerre, Maurice Thiéfaine se consacra dorénavant sans compter à l’action et à la propagande. Il fut secrétaire de la section des mutilés et réformés de Rezé et trésorier de la société de secours mutuels. Il fut aussi membre de la commission cantonale des pupilles de la Nation du canton de Bouaye. Collaborateur du Travailleur de l’Ouest dès 1925, secrétaire de la section socialiste SFIO de Rezé de 1926 à 1928, il fut membre de la commission exécutive de la Fédération socialiste de Loire-Inférieure de 1928 à 1939 et secrétaire adjoint de cette même fédération de février 1936 à mars 1937. Il représenta le Parti socialiste dans de nombreuses élections, au conseil général dans le canton de Bouaye en 1930 et 1931, lors des élections législatives dans la 3e circonscription de Nantes où il obtint, en 1928, 1 391 voix sur 18 620 inscrits, contre 10 637 à Aristide Briand qui fut élu et, en 1932, 3 953 voix sur 18 684 inscrits, contre 8 684 à Duez, successeur de Briand.

Élu en 1929 conseiller municipal de Rezé et nommé adjoint au maire, Maurice Thiéfaine se présenta ensuite à Nantes où il fut élu conseiller municipal en 1935 où on lui confia aussi le sixième poste d’adjoint, chargé des travaux publics. Il était devenu premier adjoint en 1940. En 1936, il se présentait de nouveau dans la troisième circonscription de Nantes lors des élections législatives émaillées de nombreux incidents, notamment à Verton le 23 avril. Il fut élu député au deuxième tour par 8 150 voix contre 7 461 au député sortant, Duez, sur 18 994 inscrits. Enfin, il fut élu conseiller général en octobre 1937 dans le canton de Bouaye.
À l’Assemblée nationale, Maurice Thiéfaine n’intervenait pas en séance publique mais participait activement aux travaux des commissions auxquelles il appartenait, celle de l’administration départementale et communale et celle des travaux publics et moyens de transport.

Membre de la commission administrative fédérale, il fut délégué au congrès de Nantes en mai 1939. Il fut pendant de nombreuses années président de la section de Nantes de la Fédération ouvrière et paysanne des anciens combattants et mutilés. Il était Franc-Maçon selon le Service des sociétés secrètes.
Sa carrière politique s’acheva du fait de son vote des pouvoirs constituants au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Il démissionna de ses fonctions de maire adjoint le 6 janvier 1941 après l’arrestation de Pageot et son expulsion en zone libre et refusa d’entrer dans la nouvelle administration municipale par la suite. Il fut exclu de l’Assemblée départementale. N’ayant pu obtenir une démission collective, il parti seul du conseil. Thiéfaine, qui avait refusé d’écrire dans le Rouge et Bleu de Spinasse* et dans la France socialiste de Château*, appartint à la Résistance, comme membre du Front national qu’il rejoignit en juin 1943 sous le pseudonyme de “Le Brochet”. Grand mutilé, il ne put prendre part à des actions militaires mais fut chargé de taches comme les collectes de fonds, les distribution de matériel de propagande et la fourniture de faux papiers. Exclu par le congrès socialiste de novembre 1944, il ne tenta pas de retrouver une activité politique.
Le Jury d’honneur, présidé par René Cassin, en accord avec le Comité départemental de la Libération, refusa de le relever le 1er octobre 1945 de l’inéligibilité qui le frappait après son vote accordant les pouvoirs constituant au gouvernement nommé par le maréchal Pétain “Considérant que si l’intéressé a eu pendant l’Occupation une attitude digne, les faits allégués par lui ne constituent pas une participation à cette lutte [contre l’ennemi ou l’usurpateur] (J.O. du 14 octobre 1945).

En 1978, il apporta son soutien à François Autain et Jacques Floch qui reprirent à la droite « sa circonscription ».

Marié, il était père de deux enfants.

Chevalier de la Légion d’honneur, il avait aussi été décoré de la Croix de guerre et de la Médaille militaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article8978, notice THIÉFAINE Maurice par Claude Geslin, Gilles Morin, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 13 juillet 2015.

Par Claude Geslin, Gilles Morin

[Assemblée nationale, Notices et portraits, 1936]

SOURCES : Arch. Nat., Z6/1917, scellé 329 ; 20050137/9/2430. — Arch. Dép. Loire-Atlantique, 1 M 614, 1 M 2 638. —Le Travailleur de l’Ouest, 1927-1939. — Arch. du Conseil d’État, dossiers du Jury d’honneur.

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