LECLERCQ Paul

Par Jean-François Lassagne

Né le 18 mars 1937 à Uckange (Moselle) ; ajusteur dans la sidérurgie puis mécanicien à la plateforme pétrochimique de Carling (Moselle) ; syndicaliste à la CGT ; dirigeant du syndicat ; membre du Comité d’Entreprise de CDF-Chimie ; militant communiste (de 1960 à 1991) ; conseiller municipal d’Hagondange (Moselle) de 1964 à 1969.

Paul Leclercq
Paul Leclercq
Photographie par Jean-François Lassagne le 19 octobre 2009.

Son père Pierre Leclercq, né le 10 octobre 1910 à Valenciennes (Nord), fut d’abord mécanicien-pilote dans l’armée de l’air, puis à la suite de la crise des années trente, il devint surveillant militaire au pénitencier de Saint-Laurent du Maroni en Guyane française. Il avait épousé Odile Bieber qui vit le jour le 20 avril 1912 à Uckange (Uckingen en Lorraine annexée), et le couple décida que la jeune mère se rendrait à Uckange pour la naissance de Paul le 18 mars 1937. Après le décès de Pierre Leclercq en 1944, Odile et son fils y retournèrent vivre définitivement.

Paul Leclercq débuta à l’école primaire de Saint-Laurent du Maroni, puis à celle d’Uckange, avant d’entrer au centre d’apprentissage des Forges et aciéries du Nord et de Lorraine, l’usine sidérurgique locale qui devint par la suite les Hauts-Fourneaux Réunis de Saulnes et Uckange (HFRSU), usine qui fut fermée le 17 décembre 1991, et dont ne demeure désormais qu’un haut-fourneau-musée. Ayant obtenu son diplôme d’ajusteur, Paul Leclercq fut ensuite incorporé en mai 1957 dans les unités combattantes, au premier régiment des hussards parachutistes (1er RHP), dans le constantinois, jusqu’en octobre 1959.

Libéré du service militaire, Paul Leclercq reprit quelques mois son travail à l’usine Nord-et-Lorraine d’Uckange à l’entretien des hauts-fourneaux, avant de rejoindre l’entreprise Weitz à Hagondange (Moselle), spécialisée dans la construction de grues à tour pour les chantiers, et qui par la suite devint Richier-Weitz. Ce fut le début de son engagement syndical, tout d’abord à la CFTC, seul syndicat alors dans cette entreprise au début de l’année 1960, puis sollicité au bout de deux mois par un de ses camarades, il créa le syndicat CGT qui obtint la moitié des élus aux élections professionnelles. Engagé contre la guerre d’Algérie, puis dans les manifestations contre l’OAS, et surtout dans le combat pour la paix au Vietnam (arrêts de travail et grèves furent organisés), il adhéra au Parti communiste en 1960. En novembre 1961 Paul Leclercq épousa Irène Winckel, originaire de Mondelange (Moselle), qui était secrétaire à l’entreprise Weitz, et qui devint également membre du Parti communiste en 1962. Le couple eut deux enfants. Il fut élu conseiller municipal d’Hagondange en 1964 et, alors que la section du parti l’avait proposé pour remplacer le maire Paul Lamm décédé, ce fut finalement Ferdinand Lodi* qui le devint grâce au poids des cellules de l’usine sidérurgique de l’UCPMI.

Sous l’impulsion de Paul Leclercq, la décennie des années 1960 fut marquée par de multiples grèves et manifestations pour les salaires et les conditions de travail à l’entreprise Weitz, avec pour point d’orgue les trois semaines de grève en mai 1968, durant lesquelles le drapeau rouge flotta au sommet des grues. Cependant, en 1969 et après une première délocalisation dans les Ardennes, Richier-Weitz décida la fermeture de l’usine d’Hagondange qui employait environ deux cents travailleurs, ouvriers et employés. La plupart d’entre eux trouvèrent un reclassement dans la sidérurgie, à l’UCPMI ou la SAFE, ainsi qu’à la construction de l’usine de Gandrange-Rombas, mais Paul Leclercq refusa de partir, considérant qu’il revenait à l’entreprise de lui faire des propositions. Il accepta l’offre d’emploi à la Société Chimique des Charbonnages de Carling (Moselle), au moment de la transition de cette entreprise carbochimique vers la pétrochimie, avec la mise en chantier du premier vapocraqueur. Il y occupa un emploi de mécanicien d’abord au « vapo et essences », puis au parc de stockage lorsque sa construction fut achevée.

Ayant démissionné de son mandat de conseiller municipal après son départ d’Hagondange, et militant désormais à Saint-Avold, il fut à l’origine en 1973 de la création de la cellule du parti communiste à la plateforme chimique de Carling, dont il devint le secrétaire. Mécontent du fonctionnement du syndicat CGT de la SCC, (qui représentait environ vingt pour cent aux élections), notamment son absence aux mobilisations extérieures, son manque d’activité et de démocratie, il mit en cause ses principaux dirigeants. Ainsi le 7 octobre 1976, ceux-ci suivirent sans consultation des adhérents une grève engagée par la CFDT majoritaire et qui dura plus d’une semaine. À cette occasion Paul Leclercq distribua alors au portier un tract de soutien du PCF qui souleva leurs critiques. Alors à son initiative, plusieurs réunions syndicales se tinrent en 1976, avec l’Union départementale, la Fédération de la Chimie et l’Union Locale de Saint-Avold, pour réorganiser le syndicat. Un nouveau bureau fut mis en place en décembre, une partie des anciens dirigeants ayant déjà fait le choix de créer Force ouvrière, notamment Mullet, Adam et Doyette. Au congrès du 17 février 1977 Jean-Jacques Cheyssal fut élu secrétaire du syndicat. De son côté Paul Leclercq, membre du bureau, se concentra sur son activité politique en développant la cellule de la plateforme dont il demeura le secrétaire. Il fut élu au comité d’entreprise de CDF Chimie, qui remplaça la Société Chimique des Charbonnages en 1975, et fut un des artisans des luttes qui marquèrent la plateforme chimique lors des nombreuses restructurations qu’elle subit alors.

Puis, déçus par la gauche après 1981, son épouse et lui quittèrent le PCF en 1991, et après le décès tragique de plusieurs jeunes militants, il se libéra de ses différents mandats, et partit en retraite avec le FNE le 31 octobre 1993. Dès lors, et après leur retour à Hagondange en 1992, Paul se consacra à la voile, et à la suite d’une première tentative sans succès de traversée de l’Atlantique en 1994, il réussit l’année suivante, lors de la seconde à rallier les Antilles et à se rendre en Guadeloupe. Il était également membre du club de marche de l’Entente Sportive d’Hagondange.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89818, notice LECLERCQ Paul par Jean-François Lassagne, version mise en ligne le 21 octobre 2010, dernière modification le 12 avril 2022.

Par Jean-François Lassagne

Paul Leclercq
Paul Leclercq
Photographie par Jean-François Lassagne le 19 octobre 2009.

SOURCES : Entretien avec Paul Leclercq et Richard Szynkolewsky le 19 octobre 2009. Archives personnelles de Paul Leclercq.

ICONOGRAPHIE : Photographie de J. François Lassagne le 19 octobre 2009.

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