CHAPELAIN Lucien, Pierre

Par Michel Dreyfus, Claude Pennetier

Né le 3 juin 1920 à Bondy (Seine), mort le 21 décembre 2008 à Sevran (Seine-Saint-Denis) ; militant du PSOP ; déporté en Allemagne ; secrétaire général de l’Amicale Buchenwald-Dora ; maire adjoint communiste de Bondy ; député suppléant de la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis depuis mars 1967.

Fils de militants socialistes  : Charles Chapelain, ouvrier métallurgiste et de Louise Caillot, blanchisseuse, Lucien Chapelain suivit les cours de l’École primaire supérieure Turgot avant de faire une année de droit (1938-1939), tout en travaillant comme ouvrier chez Marret-Bounin à Noisy-le-Sec. Animateur du groupe bondynois des Amis de l’Enfance Ouvrière (Faucons Rouges), il donna son adhésion aux JS et au PS en 1935. Il fut secrétaire du groupe des Jeunesses socialistes de Bondy de 1937 à Pâques 1938. Mais ses prises de position en faveur de la Fédération socialiste de la Seine de tendance pivertiste le firent exclure par le Comité national mixte des Jeunesses socialistes à l’issue de la Conférence nationale de Limoges (Pâques 1938) avec les militants dont les noms suivent : Maurice Pissariouk (12e), Henrick (20e), Touzé (15e), Ziegler (17e), Pouderoux (Vincennes), Vauthier (La Garenne), Benoist (Arcueil), Dercourt (20e), Gorgie (20e), Pressouyre (Lot), la citoyenne Benoist (Arcueil), Ruhaert (10e), Cuny (Puteaux), Daurelle (Boulogne), Franhert (Boulogne), Mathieu (14e), Nahon (10e), Jean Gaillard (Meaux).

Lucien Chapelain milita ensuite aux Jeunesses socialistes ouvrières et paysannes, l’organisation de jeunesse du Parti socialiste ouvrier et paysan (PSOP), dont il fut responsable national. Il fut également membre de la CAP de ce parti jusqu’au 31 août 1939 au moins, mais à partir de cette date il fut en désaccord avec la majorité « légaliste » de ce parti et partisan d’une certaine action clandestine, de même que Émile Rouaix et Henri Barré*. Il était alors inscrit sur le Carnet « B » qui contenait la liste des antimilitaristes.

Lucien Chapelain fut arrêté le 9 décembre 1939 en compagnie de Raymond Lesergent, Paul Chodat et Maurice Goiron à la suite d’une distribution de tracts aux usines Renault à Billancourt dénonçant la « drôle de guerre ». Tous les quatre rejoignirent en prison Émile Rouaix, Lucien Preiss, Maurice Jaquier et Daniel Haas qui étaient également membres du PSOP. Lucien Chapelain comparut le 1er mars 1940 devant le 2e tribunal militaire de la Seine et fut condamné à cinq ans de prison. Fin septembre 1942, apprenant la décapitation du député communiste Jean Catelas, il donna son adhésion au PCF à la prison de Fontevrault. Il fut déporté au camp de Buchenwald le 4 septembre 1943.Il devint un des adjoints de Marcel Paul* dans l’organisation de la résistance du camp. Selon son témoignage : “J’ai adhéré au PCF clandestin à la Maison de Force de Fontrevault (Maine et Loire) lors du premier anniversaire de la décapitation du député communiste Jean Catelas, ordonnée par les autorités du gouvernement du maréchal Pétain. C’est moi qui avait été désigné pour célébrer cet anniversaire devant les politiques de l’atelier "INOCCUPÉS 2". Mon intervention montra les différences fondamentales entre les "guillotinades" de 1792 et celles de 1941. J’ai donc adhéré en fin septembre 1942, dans les premiers mois de la bataille de Stalingrad, donc bien avant ma collaboration avec Marcel Paul, puisqu’il est arrivé à Büchenwald le 14 mai 1944. Je suis arrivé à ce camp avec le convoi des 20 000 (4 septembre 1943) dont j’étais le responsable communiste clandestin, convoi qui compta plus de 100 évadés.” (Lettre aux auteurs du DBMOF, 6 septembre 1984).

Élu conseiller municipal communiste de Bondy le 13 mai 1945, maire adjoint de mai 1945 à 1947 et à partir de 1965, il nous écrit en janvier 1983 qu’il pense garder ce mandat encore six ans. Ses responsabilités au PCF furent nombreuses : membre du comité fédéral de Seine-Est (1945-1946) ; de la Seine (1946-1948) ; secrétaire de la section de Saint-Denis ; collaborateur du Comité central de janvier 1948 à mai 1949 (envoyé en Haute-Saône) ; secrétaire de la section communiste de Saint-Aignan-sur-Cher de 1955 à 1956 (Loir-et-Cher), secrétaire de la section du PCF de Bondy de 1965 à 1975. Il avait été arrêté le 10 mai 1956 pour l’organisation de quatre manifestations de rue pour la paix en Algérie et libéré après sept mois de prison. Avec Daniel Anker, Chapelain dirigea l’Association des anciens déportés de Buchenwald.

Il s’était marié le 29 mars 1947 à Bondy avec Mireille Jeanne Wolff, secrétaire particulière du président du conseil général de Seine-Saint-Denis ; père de deux enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89832, notice CHAPELAIN Lucien, Pierre par Michel Dreyfus, Claude Pennetier, version mise en ligne le 16 septembre 2015, dernière modification le 20 février 2022.

Par Michel Dreyfus, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3. — Parti socialiste SFIO CNM des Jeunesses socialistes. Commission de documentation, Information sur les exclusions de Limoges (Pâques 1938), Numéro spécial du bulletin national, mensuel mai 1938. (Ce document se trouve sous la cote S pièce 17 161 à la Bibliothèque de documentation internationale contemporaine). — Jean Rabaut : Tout est possible. Les « gauchistes » français, 1929-1944, Paris, Denoël/Gonthier, 1974, 416 p. — Jean-Paul Joubert : Marceau Pivert et le pivertisme. Révolutionnaires de la SFIO, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1977, 296 p. — Pierre Durand, Les armes de l’espoir, les Français à Buchenwald et à Dora, Paris, 1977. — Renseignements fournis par Lucien Chapelain en janvier 1983. — État civil.

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