ILLY Marguerite, Louise et ILLY Marie-Louise

Par Pierre Broué, Claude Pennetier

Marguerite, née le 14 août 1906 et Marie-Louise, née le 12 mars 1909 à Laragne-Montéglin (Hautes-Alpes) étaient sœurs et travaillaient dans leur commune natale au grapillonnage de graines de vers à soie. Communistes, elles contribuèrent à la création d’un syndicat et demandèrent, le 1er juillet 1927, une augmentation de salaire qui leur valut d’être renvoyées le jour même.

Marie-Louise Illy, se maria le 14 décembre 1927 avec Paul Fleurier, un paysan communiste du Cher.

Marguerite Illy, quant à elle, fit partie, en 1928, d’une délégation de l’Isère en Union soviétique dont le compte rendu publié, le 8 décembre 1928, dans le Travailleur Alpin, fut présenté comme celui d’« une paysanne française ».

La suite est plus complexe : employée à la Bourse du Travail de Grenoble, elle s’était mariée avec Abraham Palewski, fils de commerçants polonais d’origine juive, qui avait fait ses études d’ingénieur en France, à Grenoble (Isère), avant 1930. Il militait au Parti communiste et désirait aller exercer son métier en URSS avec sa compagne Marguerite,. En 1930, la police lui ayant pris son passeport, il se rendit à Paris faire les démarches nécessaires pour obtenir des papiers et un visa pour l’URSS. Il s’installa en attendant chez le beau-frère de Marguerite, Paul Fleurier, petit cultivateur à Charentonnay (Cher). Fleurier avait fait partie, en 1926, de la deuxième délégation des jeunes ouvriers français en URSS. En 1931, la préfecture du Cher, qui prenait Palewski pour un « ingénieur russe », le fit surveiller ; le courrier de Fleurier était ouvert. Les gendarmes tentèrent de l’arrêter, mais Palewski réussit à s’enfuir. Il gagna l’URSS dans les mois suivants.

Quelques années plus tard, Palewski fut accusé d’avoir « fréquenté une famille suspecte » et fut arrêté. Marguerite dut choisir entre le « cantonnement » ou le retour en France. Elle revint avec son fils en 1936, s’installa à Bollène (Vaucluse) et continua à militer. Elle fit pour les membres du PCF des exposés sur la situation en URSS. Sans nouvelles d’Abraham Palewski, déçue, elle cessa rapidement ses activités politiques. Sa famille ne put jamais obtenir de renseignements, ni sur le sort de Palewski, ni sur les motifs précis de son arrestation.

Elle mourut le 28 janvier 1982 à Digne (Alpes-de-Haute-Provence).

Marie-Louise Illy, mariée le 14 décembre 1927 à Paul Fleurier, divorcée en 1960, se remaria le 30 juillet de la même année, à Paris (XVIIIe arr.) avec Pierre, Raymond Germain.

Pierre Girardot*, député communiste de Digne, était lié à la famille Illy, par sa femme Paulette.

« Un compagnon de ma belle mère Illy a probablement été impliqué dans un procès en URSS avant-guerre. Je n’ai pas de précisions à ce sujet et je ne l’ai jamais vu ni connu. Sa belle-sœur est de retour en France, lui est resté en URSS. » (Questionnaire, 1951) (les liens de familles ne sont pas clairs).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article89908, notice ILLY Marguerite, Louise et ILLY Marie-Louise par Pierre Broué, Claude Pennetier, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 2 juin 2018.

Par Pierre Broué, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F7/13824, Briançon, 2 juillet 1927. — Arch. Dép. Isère, 77 M2. — État civil de Laragne-Montéglin. — Renseignements recueillis par P. Broué. — RGASPI 495 270 983. dossier du Komintern à son nom, pas encore consulté. — Témoignage de Paul Fleurier recueilli par Claude Pennetier.

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