Par Claude Pennetier
Né le 9 décembre 1903 à Paris (XIe arr.), mort le 7 février 1938 à Paris (XIIe arr.) ; ouvrier du Bâtiment puis de la Compagnie du gaz de Paris ; militant syndicaliste confédéré CGT puis unitaire CGTU ; conseiller municipal de Saint-Denis (Seine) ; doriotiste.
Fils de Moïse Abremski, journalier puis employé de bureau et de Marie Combet, ménagère, Alexandre Abremski était cimentier. Il se maria le 15 mars 1923 à Paris XXe arr. avec une ménagère puis, veuf, se remaria avec une teinturière, à Bagnolet, le 12 septembre 1925. Membre du syndicat CGT du Bâtiment depuis 1918, il milita activement en 1919 et 1920. Fin 1921, au moment de la scission syndicale, il resta à la CGT. Libéré des obligations militaires en 1925, il reprit son métier de maçon puis entra comme journalier à la Société du gaz, où il poursuivit son activité syndicale. Selon Le Gazier de Paris, (n° 202, mars 1930 et n° 214, avril 1931), il travaillant à l’usine à gaz de Saint-Mandé et avait été secrétaire adjoint de la Commission exécutive de la section des ouvriers confédérés du Gaz de Paris en 1930 ; il avait été présenté comme ayant été candidat de cette section à l’élection du conseil du travail du 29 mars 1930. Alexandre Abremski accéda aux fonctions de secrétaire fédéral adjoint du syndicat confédéré du gaz et il se prononça, au début des années trente, pour l’unité d’action avec la CGTU. Son conseil syndical le mit en minorité et accepta sa démission de ses responsabilités.
Alexandre Abremski vit dans le mouvement Amsterdam-Pleyel l’occasion d’un rapprochement entre les organisations ouvrières. En juin 1933, il siégeait, comme syndicaliste, au Comité européen antifasciste et au Comité mondial contre la guerre et le fascisme. Habitant de Saint-Denis (Seine), dans un lotissement de la Cité Mon Jardin, il prit une part active au mouvement antifasciste local, en intervenant dans de nombreuses réunions publiques de la banlieue nord. Quand, après les événements de février 1934, éclata le désaccord entre [Jacques Doriot et le Comité central du Parti communiste, Alexandre Abremski était en pleine communion d’esprit avec la majorité du rayon de Saint-Denis et le maire de cette ville. Doriot lui demanda de se présenter aux élections municipales complémentaires du 6 mai 1934 avec lui-même, Louis Lesueur et Paul Charton. Il ne semblait pas être membre du PCF car la biographie publiée alors dans L’Émancipation (24 avril 1934) ne précisait pas son appartenance politique, mais il déclarait qu’il était candidat « pour sceller l’unité d’action ». Il indiquait par contre sa qualité de « membre du comité exécutif de lutte contre la guerre et le fascisme ». Élu, Alexandre Abremski resta solidaire de Jacques Doriot et conserva son siège au renouvellement général du 5 mai 1935.
Au milieu de l’année 1934, un rapport interne du Parti communiste sur le fonctionnement du Mouvement Amsterdam-Pleyel présentait ainsi ce membre du bureau exécutif : « Ouvrier d’usine à gaz. Appartenait à la CGT jusqu’au 1er janvier 1934, date à laquelle il adhéra à la CGTU. Élément arriviste, a été élu conseiller municipal le 6 mai 1934 sur la liste Doriot à Saint-Denis ; a adhéré à la même époque au PC. Il est évidemment absolument contre nous maintenant après avoir lutté contre Bergery quand celui-ci tenta de scissionner notre Mouvement en constituant Front commun. » (RGASPI, Moscou, 517 1 1697).
Alexandre Abremski participa à la fondation du Parti populaire français en juin 1936 puis fit le rapport sur le travail ouvrier lors du premier congrès de cette organisation, tenu à Saint-Denis du 9 au 11 novembre 1936. Il était membre du Bureau politique et responsable du travail corporatif lorsqu’il mourut accidentellement le 7 février 1938. Les doriotistes firent au « pionnier de l’action corporative du PPF » des funérailles imposantes.
Son itinéraire s’interrompt trop vite pour savoir si ce militant ouvrier, peut-être d’origine juive et venu vers Jacques Doriot par l’action antifasciste, aurait suivi durablement ce dernier.
Par Claude Pennetier
SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3, Versement 10451/76/1. — Arch. RGASPI, Moscou. — L’Émancipation, 24 avril 1934, février 1938 et 4 février 1939. — Bulletin municipal de la ville de Saint-Denis, numéro spécial, 6 mai 1934. — Jean-Paul Brunet, Une banlieue ouvrière : Saint-Denis (1890-1939) : problèmes d’implantation du socialisme et du communisme, Thèse d’État, Paris IV, 1978. — J.-P. Brunet, Saint-Denis la ville rouge (1890-1939), Paris, 1980, p. 378. — Victor Barthélemy, Du communisme au fascisme, Paris, 1978, p. 97, 110, 130, 131.