THONI Anne [née SCHULZ Anny, Justine, épouse THONI, dite]

Par Pierre Schill

Née le 14 avril 1910 à Dieuze (Lorraine annexée), morte le 23 avril 1991 à Metz (Moselle) ; cheminote ; déléguée du personnel ; membre du comité départemental de l’Union des femmes françaises ; résistante ; syndicaliste CGT.

Issue d’une famille de quatre enfants dont elle était la troisième, fille d’un sidérurgiste, Anne Schulz entra aux chemins de fer en janvier 1937 peu de temps après le décès de son mari suite à un accident du travail alors qu’il était cheminot à la Société des chemins de fer d’Alsace-Lorraine.
Travaillant aux guichets de la gare de Metz (Moselle), elle milita au syndicat CGT des cheminots où son mari avait lui-même milité et s’était notamment engagé dans le combat antifasciste. Au moment du Front populaire, la famille Schulz résidait à Mondelange (Moselle) où enseignait Jean Burger qui était l’instituteur de leur fils Paul. C’est probablement à ce moment que Jean Burger fit la connaissance de la famille Schulz et qu’il put s’installer en toute confiance au domicile d’Anne Schulz au moment de l’annexion de la Moselle à l’Allemagne nazie et de son entrée dans la Résistance.
En septembre 1939, Anne Schulz resta travailler en Moselle. Elle fit partie du groupe de résistance « Mario », le plus important du département de Moselle annexée. Ce groupe affilié au mouvement de résistance communiste Front national, avait été mis sur pied, au cours de l’été 1941, par l’instituteur messin Jean Burger, aidé par les cheminots Charles Hoeffel et Georges Wodli. C’est son domicile messin, au 3 de la rue Vauban, qui servit de cache la plus fréquente à Jean Burger lorsqu’il était dans la clandestinité. L’immeuble présentait l’avantage d’être à deux issues.
Anne Schulz fut arrêtée par la Gestapo le 21 septembre 1943 à l’ancienne gare de Metz où elle travaillait. Le commissaire Kaeppel lui prit ses clefs et put ainsi s’introduire à son domicile et y arrêter Jean Burger. Le fils d’Anne Schulz, qui fut témoin de la scène, réussit à s’échapper et put ainsi prévenir Léon Burger de l’arrestation de son frère. Anne Schulz fut d’abord emprisonnée à la prison de Sarrebruck (Sarre, Allemagne) puis transférée au début du mois de janvier 1944 au SS Sonderlager du Fort de Queuleu dans la banlieue messine. En août 1944 elle fut déportée au camp de Schirmeck (Bas-Rhin annexé), où elle fut libérée le 21 novembre 1944 par l’armée française du général Leclerc.
À la Libération, Anne Schulz retrouva son emploi à la SNCF et recommença à militer à la CGT et à l’Union des femmes françaises.
Elle se présenta aux élections municipales du 23 septembre 1945 à Metz sur la Liste de l’union de la Résistance qui regroupait les syndicats et partis de gauche et des représentants de l’Union nationale de la Résistance (UNR). Elle représentait l’UFF. Sur 17 036 suffrages exprimés la liste obtint une moyenne de 6 405 voix contre 9 558 pour la liste d’Entente communale (droite) menée par le maire sortant Gabriel Hocquard. La liste de la Résistance n’obtint aucun élu. Elle se représenta sur la « Liste d’union républicaine et résistante et de défense des intérêts communaux » aux élections municipales du 19 octobre 1947 à Metz. Sur 22 746 suffrages exprimés la liste soutenue par le PC obtint une moyenne de 2 339 voix contre 11 895 pour la liste du RPF menée par Raymond Mondon qui remporta les élections. La liste soutenue par le PC obtint quatre élus dont elle ne faisait pas partie.
Anne Schulz était l’une des trois représentantes de la Moselle au conseil national de l’UFF en avril 1946 à Paris. En 1951, elle était membre du comité départemental de l’UFF.
Délégué du personnel à la SNCF, elle anima en 1953 les grèves contre les décrets Laniel. Elle fut réformée pour raisons de santé vers la fin des années cinquante.
Anne Schulz obtint le titre de déporté résistant et la Médaille de la Résistance française. Chevalier de la Légion d’honneur en 1973 (officier en 1981), elle était aussi titulaire de la Croix de guerre 1939-1945 avec palmes.
Mariée le 19 octobre 1929 à Metz avec Jean Schulz, cheminot, né en 1905 à Metz, mort en 1936, elle fut mère d’un fils. Elle se remaria le 4 janvier 1958 à Metz avec Léon Lapointe.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article9032, notice THONI Anne [née SCHULZ Anny, Justine, épouse THONI, dite] par Pierre Schill, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 14 janvier 2012.

Par Pierre Schill

SOURCES : Arch. Dép. Moselle, 151 W 823. — Léon Burger, Le Groupe « Mario », une page de la Résistance lorraine, Metz, Imprimerie Louis Hellenbrand, 1965, 194 p. — Émile Reiland, « Les élections municipales à Metz depuis 1945 », Cahier du Cercle Jean Macé, n° 9, 1er trimestre 1983, p. 1 à 31. — Gérard Diwo, Les formations politiques en Moselle (21 octobre 1945-17 juin 1951), thèse de doctorat d’histoire, Université de Metz, 1992, 2 tomes, 423 et 157 p. — Renseignements fournis par Paul Schulz, son fils. — État-civil de la commune de Dieuze.

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