ALLAUD Albert, François

Par Jean Lorcin

Né le 3 octobre 1883 à Ferrussac (Haute-Loire), mort le 1er octobre 1965 à Jumeaux (Puy-de-Dôme) ; professeur à Firminy (Loire) ; militant socialiste SFIO ; maire et conseiller général de Firminy.

Albert Allaud avec le conseil municipal de Firminy en 1925
Albert Allaud avec le conseil municipal de Firminy en 1925

Fils d’un instituteur, Albert Allaud, élu conseiller municipal de Firminy en 1925, avec 3 198 voix, fut adjoint au maire et délégué sénatorial de Firminy entre 1927 et 1932. Il soutint la candidature du maire socialiste de Firminy, Antoine Brioude , aux élections législatives de 1928. Albert Allaud se rapprocha ensuite des adversaires de Brioude au sein du Parti socialiste, Ernest Lafont et Jean-Baptiste Mallard. Ceux-ci accusaient le maire de Firminy d’avoir fait écarter à son profit la candidature de Lafont, son prédécesseur à la tête de la municipalité, en se livrant à une « combinaison politique » qu’ils n’hésitaient pas à qualifier de « tripotage » : les partisans de Brioude, dont Albert Allaud, auraient fait « feu de tout bois pour organiser et créer de nouvelles sections » afin de lui assurer une majorité au comité socialiste de Firminy, quitte à faire l’avance des cotisations aux nouveaux adhérents qui ne pouvaient pas payer. Brioude fut exclu du Parti socialiste SFIO après que la preuve de ses « tripotages » eût été faite, en janvier 1929, et Albert Allaud le remplaça à la tête de la section socialiste SFIO de Firminy. En fait, Brioude glissait à droite : il eut, aux élections municipales de 1929, l’appui du Mémorial de la Loire, quotidien conservateur.

Candidat aux élections cantonales de 1931, Albert Allaud fut en butte aux attaques d’un « Comité socialiste indépendant » qui s’était constitué à Firminy pour soutenir contre lui la candidature de Brioude : un tract injurieux — on traitait Albert Allaud de « brebis galeuse » — lui rappelait son passé récent (Arch. Dép. Loire, 4 M 125, pièce 310. — La Tribune Républicaine, 9 octobre 1931). Avant le deuxième tour, le candidat socialiste SFIO du canton de Firminy reçut les propositions de désistement du Parti communiste : elles visaient à rien moins qu’à lui faire désavouer ses « chefs », notamment le leader socialiste de la Loire Ferdinand Faure , qui, à Saint-Étienne, avait fait alliance avec Louis Soulié, ancien maire républicain socialiste de Saint-Étienne (Le Cri du Peuple, 24 octobre 1931). Il ne semble pas qu’Albert Allaud ait répondu favorablement aux offres du PC.

Albert Allaud, sacrifiant son poste d’adjoint « à la défense de ses idées », refusa de constituer une liste commune avec la réaction aux élections municipales de 1932 : battu, il revint à la mairie en 1935 après avoir obtenu 2 396 suffrages et fut élu maire de Firminy. Membre des « Amis de l’URSS », il participait à une réunion du Front commun PC-PS à Villars, le 7 juillet 1934. Albert Allaud fut également conseiller général du canton de Firminy en 1937, avec 4 721 voix sur 6 912 suffrages exprimés, contre 2 189 au candidat de l’URD, Jury ; élu « à une écrasante majorité », le nouveau conseiller général considéra que les électeurs avaient ainsi « plébiscité le maire de Firminy » : « Très simplement, je vous ai fait connaître nos réalisations municipales. Nous nous sommes bien compris » (La Tribune, 19 octobre 1937).

Albert Allaud était franc-maçon, membre de la loge "L’Industrie" à Saint-Étienne, et dénoncé comme "dignitaire" de la franc-maçonnerie par le régime de Vichy. Son nom fut publié au JO.

Albert Allaud fut révoqué de sa charge de professeur et de ses fonctions municipales par le gouvernement de Vichy : il fut remplacé à la mairie par Antoine Monteiller, président de la délégation spéciale, le 20 mars 1941.
Il dut également démissionner de ses fonctions de conseiller général le 15 octobre 1941.

Dans la Résistance, il a participé à l’action clandestine du Parti socialiste. Agent d’un service de renseignement des MUR, il a échappé de justesse à la Gestapo en juin 1943 et fut obligé de se réfugier dans le Puy-de-Dôme où il a assuré des liaisons avec le maquis.

Les communistes l’empêchèrent néanmoins, à la Libération, de se réinstaller à la mairie de Firminy : ils lui reprochaient en particulier d’avoir renvoyé des employés municipaux sur l’ordre du Préfet en octobre 1940.
En revanche, il fut rétabli dans ses fonctions de conseiller général de Firminy le 27 janvier 1945.

Albert Allaud avait été initié dans la loge “L’Industrie” à Saint-Étienne le 26 mai 1921 (Compagnon le 27 juillet 1922 ; Maître le 19 avril 1923). Après la Seconde Guerre mondiale, il a été réintégré dans la même loge le 14 avril 1947. Il devint membre honoraire le 1er janvier 1961.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article90471, notice ALLAUD Albert, François par Jean Lorcin, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 28 février 2018.

Par Jean Lorcin

Albert Allaud avec le conseil municipal de Firminy en 1925
Albert Allaud avec le conseil municipal de Firminy en 1925
Albert Allaud
Albert Allaud
Communiqué par Jacky Nardoux

SOURCES : Arch. Nat. F 7/13026, Préfet, rapport hebdomadaire, Loire, 9 juillet 1934. — Arch. Dép. Loire, 3 M 69, 4 M 129, 6 M 56, 6 M 62. — La Tribune républicaine, 9 octobre 1931, 6 décembre 1931, 13 janvier 1936, 19 octobre 1937, 12 septembre 1938, 4 décembre 1938. — « Pour le deuxième tour : Propositions aux sections socialistes et aux ouvriers socialistes des cantons de Firminy et de Rive-de-Gier », dans Le Cri du Peuple, 24 octobre 1931. — Monique Luirard, La Région stéphanoise dans la guerre et dans la paix (1936-1951), Centre d’Etudes foréziennes/Centre Interdisciplinaire d’Etudes et de Recherches sur les Structures régionales, 1980, V-1 024 pages.

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