ALLOYER Robert, Pierre

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 28 septembre 1900 à Saint-Hilaire-Saint-Florent (Maine-et-Loire), mort le 2 mai 1935 à Paris ; ouvrier typographe ; militant des Jeunesses communistes puis du Parti communiste, élu membre du comité central au congrès de Lille, juin 1926 ; responsable de la section d’organisation en 1932.

Fils d’un serrurier, Robert Alloyer, apprenti typographe à Paris dès l’âge de treize ans, se syndiqua à dix-sept ans puis participa aux grandes grèves et mouvements de 1919-1920. Entré à la Jeunesse communiste, il adhéra au PCF en 1922. Militant actif, il fut arrêté le 9 janvier 1923 lors d’une manifestation sur les grands boulevards. Élu membre du secrétariat régional de la 4e Entente des Jeunesses communistes, élève en 1924 de l’École centrale de Bobigny, il fut envoyé en mission en Allemagne — il en parlait couramment la langue — où il fut arrêté et condamné à trois mois de prison pour usage de faux papiers.

Secrétaire régional de la 4e Entente fin 1924, encore arrêté pour distribution de tracts devant l’usine Delahaye, il devint lors du congrès du 14 décembre, membre de la Commission de contrôle politique de la Fédération des Jeunesses communistes de France. Le mois suivant, à Clichy, Robert Alloyer intervint au IVe congrès du Parti des 17-21 janvier. Militant des Jeunesses, il fut promu par le congrès à la Commission centrale de contrôle politique du Parti ; étant un des responsables du « travail anti » (travail antimilitariste), il s’occupa plus particulièrement des journaux Le Conscrit et La Caserne. C’est en mai 1925 qu’il partit pour Moscou où il assuma, jusqu’en août 1926, la fonction de représentant permanent de la Fédération française auprès de l’Internationale communiste des Jeunes tout en suivant les cours de l’école léniniste. Élu au Comité central par le congrès de Lille, le 26 juin 1926, auquel il assista semble-t-il (revenu en juin 1926), Robert Alloyer regagna Moscou puis revint en France où, en 1927-1928, ses activités antimilitaristes lui valurent d’être condamné par défaut à quatre reprises par les tribunaux à des peines variant de six mois à deux ans de prison.

Candidat malheureux aux élections législatives des 22 et 29 avril 1928 dans le Xe arr. de Paris (2 755 voix au premier tour, 1 904 au second sur 19 041 inscrits et 16 434 votants) déjà arrêté le 3 avril 1928 à Bruxelles — où était installé un important centre clandestin de l’Internationale communiste — expulsé du Luxembourg le 3 mai suivant, Robert Alloyer regagna Moscou où il travailla pour l’Internationale jusqu’en 1930, époque à laquelle on le retrouve dans le nord de la France, militant dans la clandestinité. Entre temps le congrès de Saint-Denis en avril 1929 ne l’avait pas, semble-t-il, reconduit au CC. Séjournant alors en Belgique, il « suivit » le travail de l’Union régionale CGTU du Nord ; nommé au bureau de cette dernière, il fut arrêté le 21 juillet 1930 au cours d’une manifestation à Lille. Condamné à six mois de détention, interné successivement dans les prisons de Loos, et de Douai, il n’en poursuivit pas moins, grâce aux visites, ses nouvelles activités de responsable syndical. De retour à Paris en 1931, Alloyer fut placé à la tête de la section centrale d’organisation.

En janvier, Robert Alloyer convoquait Jules Fourrier, ainsi que Charles Rappoport, le docteur Georges Galpérine et Jean Baby et créait l’Association des travailleurs sans Dieu sur le plan national dont quelques sections existaient déjà, au cours d’une réunion qui eut lieu au 120 rue La Fayette, salle de la Rotonde, qui prit ultérieurement — un temps du moins — le nom d’Alloyer (Mémoire de Jules Fourrier).

Candidat une fois encore malheureux aux élections législatives des 1er et 8 mai 1932 (2 176 voix au premier tour, 1 664 voix au second sur 18 721 inscrits et 16 416 votants), toujours dans le Xe arr., quartier Saint-Vincent de Paul-Hôpital Saint-Louis, il retrouva, lors du congrès de la Bellevilloise (mars 1932), son siège au Comité central comme suppléant. C’est Robert Alloyer qui fit, en mai 1932, comme secrétaire d’organisation du CC, un rapport à l’Internationale communiste sur le déroulement de la campagne électorale, texte utilisé par O. Piatnitsky dans un discours au XIIe Plenum du CE de l’IC (L’Internationale communiste, 15 octobre 1932). Cette même année, en février, il fut au nombre des directeurs d’une École par correspondance (IM. Th., cote 535, signalé par D. Tartakowsky). De juillet 1932 à septembre 1934, il collabora souvent aux Cahiers du Bolchevisme.

Dans la période qui suivit, Robert Alloyer restreignit quelque peu — maladie ? — ses activités : il demeura cependant membre de la direction de la région Paris-0uest du PC et le Comité central fit de lui, en avril 1934, un instructeur chargé de suivre la cellule Renault du Parti. Pendant près d’un an, il s’appliqua à remplir sa nouvelle tâche, se montrant également actif au niveau régional.

Toutefois, atteint d’un cancer foudroyant, Robert Alloyer mourait le 21 mai 1935. Il n’avait pas trente-cinq ans. Son corps fut alors exposé à la Maison des syndicats et il fut incinéré (urne n° 3302) au Père-Lachaise ; l’éloge funèbre étant prononcé par Maurice Lampe pour la région Paris-Ville, Gaston Tessier pour la CGTU, Raymond Guyot, secrétaire général de la Fédération des Jeunesses communistes et [ Jacques Duclos pour le Comité central du Parti.

S’exprimant bien, réservé même mais courageux dans les affrontements, ouvrier qualifié devenu permanent alors qu’il n’avait pas vingt-quatre ans, Robert Alloyer entrait avec le Parti dans l’ère nouvelle du Front populaire lorsque la mort le surprit.

Robert Alloyer s’était marié le 23 février 1924 à Paris (Ve arr.) avec Lucile Parmantier. Le couple n’avait pas d’enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article90547, notice ALLOYER Robert, Pierre par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 22 août 2017.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/13090 (Lille 1926) et F7/13131, (23 mars 1933). — Arch. PPo. B A/100 (dossiers PC-JC). — Arch. Jean Maitron. — Jean-Paul Depretto, Les Communistes et les usines Renault de Billancourt (1920-1926), Mémoire de Maîtrise, Paris IV, 1974. — L’Humanité, 21 avril 1928, 22 au 26 mai 1935. — G. Lachapelle, Les Élections législatives, 1919-1936, cinq volumes. — Mémoires de Jules Fourrier, manuscrit. — Danielle Tartakowsky, Écoles et éditions communistes, 1921-1933. Essai sur la formation des cadres du PCF, Thèse 3e cycle, Paris VIII, 1977, deux volumes. — Serge Wolikow, Le Parti communiste français et l’Internationale communiste (1925-1933), thèse d’État, Paris VIII, 1990.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable