GRATIOT-ALPHANDÉRY Hélène [née ALPHANDÉRY Hélène, Noémie, Élisa]

Par Claude Pennetier, Gilles Morin

Née le 31 juillet 1909 à Paris (XVIe arr.), morte le 2 décembre 2011 à Paris (XIVe arr.) ; universitaire ; militante communiste de Paris puis socialiste.

Hélène Alphandéry était la petite-fille d’un conseiller à la Cour de cassation, fille de Raba Esther, mère au foyer d’une famille de viticulteurs du bordelais, et de Paul Alphandéry, professeur à l’École des hautes études et militant socialiste, ami d’Émile Kahn. Elle se maria le 24 avril 1937 avec Gilles Gratiot, ingénieur de l’aéronautique, né le 24 mai 1907 à la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne). Elle eut deux enfants puis divorça en 1950.

Titulaire du baccalauréat, elle fit des études de philosophie à la Sorbonne et prépara un doctorat. Elle fut, à partir de 1930, directrice adjointe de l’office municipal d’orientation professionnelle de Boulogne-Billancourt et également, à partir de 1933, assistante à l’École pratique des hautes études, dans le laboratoire de psychobiologie de l’enfant, dirigé par Henri Wallon.

Au début de ses études, elle avait appartenu aux étudiants socialistes. Elle devint communiste, en juin 1936, après son voyage en URSS qu’elle fit en 1935 avec sa sœur, Fernande Alphandéry. Avec Yvonne Sadoul , elles avaient veillé le corps d’Henri Barbusse à Moscou. Toutes deux, ainsi que leur père, appartenaient au Cercle de la Russie neuve. Universitaire, militante communiste (vraisemblablement dans le XVIe arr., à Paris), elle fut chargée, fin 1936, par son rayon, du travail parmi les femmes. Militante du Comité de vigilance des intellectuels antifasciste, elle fut candidate au bureau de l’association en juin 1936. Elle était présidente de la Fédération de l’enfance sous le Front populaire et une disciple d’Henri Wallon.

Membre du comité central des Jeunes filles de France, membre du comité régional communiste de Paris et du bureau régional, elle est signalée, dans un rapport de Maurice Tréand (responsable aux cadres) à l’automne 1937, à l’occasion de la découverte d’une « très grave affaire de provocation ». Il demandait de la tenir à l’écart de "notre camarade de l’OMS" (Danièle Casanova). Le commission de contrôle politique du Part communiste prononça son exclusion le 19 septembre 1938 : "Constate que celle-ci a toujours caché au Parti la vérité sur sa situation. Elle a caché plus particulièrement ses relations suivies avec le Préfet de police Langeron dont elle était au surplus la maîtresse". Un témoignage de son amie R. Chassaing (Tania Opsepovitch) faisait en effet état d’un sentiment amoureux et platonique avec Langeron, un ami de la famille, jusqu’à sa rencontre avec son futur mari, ingénieur dans une maison d’aviation. Des étrangers bénéficièrent de cette relation pour obtenir des papiers, mais elle refusa d’intervenir auprès de Langeron après 1936. Elle aurait rompu toute relation au moment de son adhésion du PC. L’enquête soulignait également ses liens avec Jean Baby et avec Vaillant-Couturier.

Son nom était à nouveau cité dans un rapport d’Arthur Dallidet du 26 février 1941 comme exclue du Parti communiste en 1938, assortie d’accusations. Selon une note de police ultérieure, elle aurait été exclue en janvier 1943 pour avoir été le maîtresse de l’ancien préfet de police Langeron. Elle se réfugia alors à Salon-de-Provence pour échapper aux persécutions raciales.

Durant la crise gouvernementale de mai 1958, elle appartint au comité de vigilance de l’Institut du radium, 11 rue Pierre Curie. Ses sympathies allaient alors à la SFIO.

Son activité militante se concentrait désormais dans le mouvement associatif en direction de l’enfance. Nommée directrice adjointe de l’Institut national d’orientation professionnelle à partir de 1959, elle présidait l’association Les vacances populaires enfantines, affiliées à la Jeunesse en plein air, liées à la Confédération générale des œuvres laïques. Elle présidait par ailleurs l’Association pour la santé mentale des enfants, adolescents et jeunes adultes, dont le siège était à son domicile.

Dans les années soixante-dix, elle était vice-présidente du Centre de recherche et d’information sur la littérature de la jeunesse. Elle était par ailleurs à la fin des années soixante, secrétaire de l’école freudienne de Paris (l’école française de psychanalyse) dirigée par Lacan.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article90561, notice GRATIOT-ALPHANDÉRY Hélène [née ALPHANDÉRY Hélène, Noémie, Élisa] par Claude Pennetier, Gilles Morin, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 22 septembre 2021.

Par Claude Pennetier, Gilles Morin

SOURCES : RGASPI, 495 270 2442, autobiographie du 20 février 1937 ; dossier de la commission de contrôle politique du Parti communiste sur "ses relations avec le préfet de police Langeron". — Arch. PPo., 77W3549/344671. — Vigilance, N° 38-39, 8 juillet 1936. — Cahiers du Bolchevisme, 15 janvier 1937 (Cécile Vassart). — Centre russe de conservation et d’étude des documents d’histoire contemporaine, Moscou, fonds 495 10a 16. — Roger Bourderon, La négociation. Eté 1940 : crise au PCF, Syllepse, 2001. — Rachel Mazuy, Croire plutôt que voir ? Voyages en Russie soviétique (1919-1939), Odile Jacob, 2002. — Archives du CNAHES
(Conservatoire national des archives et de l’histoire de l’éducation
spécialisée), archives d’Hélène Gratiot-Alphandéry

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