ATAMIAN Vahé (Azad, Vincent Aubret)

Par Astrig Atamian

Né à Constantinople le 26 mai 1913, mort à Erevan en février 1981 ; Arménien ; ouvrier mécanicien puis représentant ; communiste à Lyon (Rhône) ; volontaire dans les Brigades internationales de l’armée républicaine espagnole à partir du 15 décembre 1937.résistant en zone Sud, responsable du Front national arménien, parti s’installer en Arménie soviétique en septembre 1947,

Le jeune Vahé Atamian arriva à Lyon en 1925. Sa famille ne disposant pas de ressources suffisantes à la poursuite de ses études, il fut contraint de travailler dès ses douze ans, mettant ainsi un terme à sa scolarité. Il fut manœuvre, mécanicien, secrétaire, vendeur de machines à écrire et chômeur à plusieurs reprises. Domicilié 60 rue Duguesclin à Lyon (Rhône), il intégra les rangs du PCF en 1937 et s’engagea presque dans la foulée dans les Brigades internationales. Il arriva en Espagne, à Valence, en décembre 1937. Il combattit dans l’infanterie dans la 14e brigade, au sein du bataillon Henri Barbusse.
Il fut rapatrié en décembre 1938, considéré comme "Très bon. Cadre" par la commission des cadres du Parti communiste espagnol. Il s’investit au sein du Comité d’aide au peuple espagnol à Lyon et adhéra à l’Amicale des Volontaires de l’Espagne républicaine.
Il fut élu secrétaire de sa cellule et membre du Bureau de la section. Mobilisé en 1939, il fut fait prisonnier et envoyé au Stalag XI A avec d’autres Arméniens incorporés dans l’armée française. Le 4 novembre 1940, Vahé Atamian parvint à s’échapper avec un petit groupe. De retour à Lyon, il travailla par intermittence et œuvra essentiellement parmi les anciens prisonniers arméniens qu’il prit soin de rapprocher du Front national arménien (FNA) qui se mettait en place dans la clandestinité. Vahé Atamian devint l’un des responsables de la Résistance arménienne en zone Sud. À l’été 1944, il prit part aux combats pour la Libération de Marseille dans les rangs des FFI-FTPF en tant que Capitaine sous le pseudonyme de Vincent Aubret, matricule 16 571. Pour ses faits d’armes, l’État major FFI lui décerna l’insigne 126, le 25 mai 1945. Trois semaines après le débarquement de Provence, le Comité de Libération des Bouches-du-Rhône missionna Vahé Atamian pour représenter le FNA dans le sud-est de la France. Il fut également chargé d’encadrer les Arméniens du PCF et présida le CADI – Comité d’Action et de Défense des Immigrés – à Marseille. Fin juin 1945, il assista au Xe Congrès du PCF en tant que délégué de la Jeunesse arménienne de France, association prosoviétique issue des rangs de la Résistance. L’année suivante, accrédité par l’organe du FNA Joghovourt (Peuple), muni d’une carte de presse, Vahé Atamian assista à la Conférence de la Paix de Paris. Désigné trésorier de l’Association des anciens combattants arméniens, Vahé Atamian fut également choisi pour siéger au sein du comité d’immigration qui organisa dès 1945 le rapatriement vers l’Arménie soviétique de 7 000 Arméniens établis en France depuis les années 1920 et pour l’essentiel apatrides. Responsable de la première « caravane » qui comprenait environ 3 500 personnes, il partit avec son épouse Nevart, également communiste et arménienne, le 6 septembre 1947 à bord du Rossia. Il avait reçu la citoyenneté soviétique en 1946. Au moment de son départ, il habitait rue du Faubourg Saint-Martin dans le IIIe arrondissement de Paris et était employé.
De 1949 à 1952, Vahé Atamian fut élève à l’Institut de Marxisme-Léninisme d’Erevan, puis étudia la pédagogie jusqu’en 1957, tout en enseignant le français. Vahé Atamian prit part à la vie publique en Arménie et – fait rare pour un rapatrié de la diaspora – intégra, en 1963, le PC arménien. Il siégea au Comité exécutif du Soviet de la ville d’Erevan et fut, par deux fois, élu député. Il fut décoré à l’occasion du centième anniversaire de Lénine et pour avoir combattu dans la Résistance en France. Depuis Erevan, il entretint ses relations avec des responsables communistes européens, tels que Luigi Longo ou Jacques Duclos*. Il conserva de façon informelle son rôle de responsable des Arméniens venus de France et se fit souvent le porte-plume de leurs doléances auprès des autorités arméniennes.
Vahé Atamian mourut à Erevan en février 1981 à l’âge de 68 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article91263, notice ATAMIAN Vahé (Azad, Vincent Aubret) par Astrig Atamian, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 5 novembre 2019.

Par Astrig Atamian

SOURCES : ARA, Erevan, fonds 1536, inventaire 1, dossiers 1 à 68.
— Arch. RGASPI, Moscou, 545/6 ; RGASPI 545.6.1038 liste des Brigadistes français en Espagne républicaine, fiches individuelles 31 décembre 1937.

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