AUDIBERT Joannin, François

Par Antoine Olivesi

Né le 13 août 1883 aux Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), mort à Arles (Bouches-du-Rhône) le 8 octobre 1943 ; propriétaire ; militant socialiste ; maire et conseiller général des Saintes-Maries entre les deux guerres.

Les Saintes-Maries, en Camargue, forment, sur le plan administratif, une commune et un canton, à la fois, dans une vaste zone rurale isolée et originale où les influences personnelles, au sein d’un corps électoral très restreint, ont toujours joué un grand rôle. Dans ce cadre, Joannin Audibert a exercé, effectivement une influence ouverte ou occulte dans la vie politique locale pendant une vingtaine d’années, sous des étiquettes variables, imprécises et parfois contradictoires.

Aux élections municipales de 1919, par exemple, il fut élu conseiller municipal des Saintes-Maries, le 30 novembre, avec 140 voix, puis maire le 10 décembre. Certains rapports le classent comme SFIO, d’autres comme républicain socialiste, « excellent républicain » en tous cas, « intelligent mais inexpérimenté [...] animé des meilleurs sentiments ». Le 10 mai 1921, il démissionna de ses fonctions de maire, officiellement en raison de ses occupations agricoles, en réalité parce qu’il avait hérité, au lendemain de la guerre, d’une situation municipale désastreuse laissée par son prédécesseur, le radical Espelly. Et, cette fois, le rapport du sous-préfet d’Arles souligne « le caractère timide d’Audibert ».

En fait, ce dernier préféra se présenter au conseil d’arrondissement et fut élu le 14 mai 1922, avec 277 voix sous l’étiquette assez vague du Bloc républicain, précisément contre Espelly qui était le conseiller sortant. Il fut réélu en octobre 1928, avec 179 suffrages sur 329 votants et 387 électeurs inscrits ; il est de nouveau classé, en cette circonstance, SFIO, quoiqu’en excellents termes, nous indique le rapport du sous-préfet d’Arles du 8 septembre de la même année, avec Esprit Pioch maire et conseiller général des Saintes-Maries, passé entre temps au Parti communiste, et qui l’avait soutenu en 1922.

Lui-même avait été réélu conseiller municipal en 1925 et en 1929, sur la liste de Pioch, et, lorsque ce dernier dut abandonner la mairie après que le conseil municipal eut été dissous par décret, en 1934, Audibert fut réélu et redevint maire le 12 mai. Il conserva son mandat après le renouvellement normal de mai 1935, en qualité cette fois de républicain socialiste. L’année précédente, le 7 octobre, il avait été élu également conseiller général, avec 231 voix. Le Petit Provençal et Marseille-Matin le présentent alors comme communiste : « On a voté en masse, écrit ce dernier quotidien, pour le premier lieutenant du célèbre Esprit Pioch ».

Ce dernier, quoiqu’inéligible, fut cependant réélu, conseiller général des Saintes-Maries en octobre 1937, avec l’appui du PC mais son élection fut annulée ; Joaninn Audibert se présenta alors de nouveau au scrutin partiel du 6 février 1938, sous le sigle, cette fois, de socialiste indépendant. Il obtint au premier tour 115 voix contre 135 à Adrien Mouton, député communiste d’Arles, et 105 à Delagnes , candidat SFIO. Il se maintint au second tour et l’emporta avec 215 suffrages contre 149 à Mouton sur 429 électeurs inscrits.

Selon un rapport du sous-préfet d’Arles du 24 janvier 1938, Audibert avait rétabli, en tant que maire, la situation financière de sa commune et jouissait, dans son canton, d’une forte position. Il avait « d’excellents et fréquents rapports avec l’administration ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article91410, notice AUDIBERT Joannin, François par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 14 mars 2017.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, III M/48, 50 et 56 (rapports cités) ; V M2/255, 282, 283 et 295. — Le Petit Provençal, 1er décembre 1919, 15 mai 1922, 15 octobre 1928, 8 octobre 1934, 7 février 1938. — Marseille-Matin, 9 octobre 1934, 7 février 1938. — Renseignements d’Etat-civil communiqués par la mairie des Saintes-Maries-de-la-Mer.

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