AUMARD René [AUMARD Pierre, dit René]

Par Francis Colbac, Yves Le Maner, Jean-Luc Pinol et Jean-Pierre Besse

Né le 5 octobre 1896 à Tulle (Corrèze), mort à Siorac-en-Périgord (Dordogne) le 16 juillet 1972 ; militant syndicaliste de Périgueux (Dordogne), de Douai (Nord) et de Creil (Oise).

Fils d’un charpentier, Pierre Aumard travaillait aux ateliers de Périgueux de la Compagnie PO. Comme tous les grévistes de ces ateliers, il fut révoqué en mai 1920. Peu après, il devint employé municipal ; la municipalité communiste de Périgueux avait en effet intégré dans ses services la plupart des dirigeants révoqués du syndicat des cheminots. Pierre Aumard devait alors militer aussi activement que brièvement au Parti communiste. Trésorier de la section de Périgueux, il fut élu par le congrès départemental du 26 février 1922 au comité directeur de la Fédération et effectua à ce titre des tournées de propagande dans le département.

Il assumait dans le même temps d’importantes responsabilités syndicales et devenait secrétaire de l’Union départementale unitaire à l’occasion du congrès du 26 mars 1922. Il intervint en son nom au meeting du 1er Mai 1922. Membre de la commission administrative de l’Union syndicale PO, il fut délégué au Ier congrès de la CGTU (juin 1922 à Saint-Étienne) où il vota les motions majoritaires (Monmousseau). À son retour, il écrivait dans le Prolétaire du Centre (hebdomadaire communiste) : « De même que l’acier sort façonné de la forge, la CGTU est sortie du congrès de Saint-Étienne régénérée ».

En fait, de profondes divergences l’opposaient dès ce moment au Parti communiste, essentiellement sur la question syndicale. Rejetant la tactique des communistes en la matière, il se heurta violemment à eux, y compris dans les organismes syndicaux. Son attitude amena la section du PC de Périgueux à l’exclure le 17 août 1922, exclusion confirmée par le comité directeur du PC en janvier 1923. Entre temps, il avait signé la déclaration du « Comité de défense communiste » et écrit dans l’Egalité, organe des « résistants » ou « syndicalistes purs ». Son exclusion devait d’ailleurs faire un certain bruit, sous le nom « d’Affaire de Périgueux » et amener la direction confédérale de la CGTU à envoyer sur place une mission d’enquête. Sur le vu de son rapport, la commission exécutive de la CGTU publiait un communiqué (l’Humanité du 15 octobre 1922) où après avoir « regretté que certaines résolutions du PC puissent laisser supposer par leur imprécision qu’il s’agit là d’une tentative de subordination », elle concluait, assez curieusement : « Statuant sur le cas du camarade Aumard, la C.E. estime que lorsqu’un secrétaire d’organisation syndicale sera exclu du PC, parce qu’à ce titre il aura refusé d’appliquer les mots d’ordre du Parti, la CGTU verra là une tentative de subordination des syndicats au PC ».

Aumard se livra durant cette période à une virulente polémique anticommuniste ; il fut cosignataire avec Leymarie et Rouleau d’une affiche visant les dirigeants communistes départementaux et intitulée : « Réponse de militants syndicalistes révolutionnaires à de tristes politiciens calomniateurs ». Avec ces quelques « syndicalistes purs » il parvint à conserver durant environ un an la direction du mouvement syndical départemental. S’il laissait en novembre 1922 le secrétariat de l’UD à son ami Rouleau, il restait membre de la commission administrative et se faisait élire le 1er mars 1923 secrétaire de la Bourse du Travail de Périgueux. La réunion qui vit cette élection fut d’ailleurs particulièrement houleuse et ses suites amenèrent Delagrange (maire communiste de Périgueux) à relever Aumard de ses fonctions d’employé municipal. Un meeting de protestation s’ensuivit immédiatement (le 15 mars). Mais déjà très affaiblie à ce moment, la position des « syndicalistes purs » allait s’effriter rapidement. Au congrès de l’Union départementale unitaire, la seule existante en Dordogne, du 14 juillet 1923, le renversement de tendance était complet. Même si ces problèmes de direction devaient encore traîner quelques mois et la nouvelle direction n’être officiellement entérinée qu’après de longs débats au 2e congrès de la CGTU (novembre 1923 à Bourges), Aumard était lui définitivement écarté et ne devait plus jouer aucun rôle syndical en Dordogne. Il quitta d’ailleurs Périgueux peu après.

Aumard vint alors travailler dans le Nord de la France comme facteur aux écritures à la gare de Douai (Nord). En 1926, il succéda à Therby, qui s’était désisté, comme secrétaire adjoint de l’Union des syndicats confédérés du réseau Nord (voir Quertelet Georges) et mena campagne contre les unitaires qu’il accusait de vouloir noyauter les syndicats CGT. Lors du congrès des cheminots du Nord, tenu à Lille en avril 1930, il occupait toujours son poste de secrétaire adjoint et était plus particulièrement responsable (délégué titulaire) des groupements du troisième secteur du Réseau Nord. Il travaillait alors comme commis de 2e classe à Somain (Nord).

Domicilié à Creil en 1933 et 1934, rue Aristide-Briand, Pierre Aumard était, en 1933, secrétaire de l’Union départementale des syndicats CGT de l’Oise. Il quitta Creil en 1934 pour Roubaix.

Il s’était marié le 6 novembre 1915 puis le 20 janvier 1936 ;

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article91530, notice AUMARD René [AUMARD Pierre, dit René] par Francis Colbac, Yves Le Maner, Jean-Luc Pinol et Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 2 novembre 2010.

Par Francis Colbac, Yves Le Maner, Jean-Luc Pinol et Jean-Pierre Besse

SOURCES : Arch. Nat. F7/13660, F7/13670, F7/13672 (rapport du 27 mars 1926), F7/13681. — Arch. PPo. 308, rapport d’octobre 1926. — Arch. Dép. Dordogne, 4 M 192, 4 M 206 et 208, 10 M 20, 1 M 79, 10 M 35. — Arch. Dép. Nord, M 596/90. — Arch. Com. Creil, série K, liste électorales. — C. rendu du XIe congrès fédéral CGT (1934). — J. Fontaine, Mémoire de Maîtrise, Lille III, 1974, op. cit. — Le Cri populaire de l’Oise, 4 juin 1933.

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