AVEZARD Marcel, Gustave

Par Claude Pennetier

Né le 5 octobre 1909 à Paris (XIVe arr.), mort le 28 juin 1986 à Saint-Amand-Montrond (Cher) ; imprimeur ; militant communiste de Paris ; permanent du Secours rouge international (SRI) devenu Secours populaire ; commissaire politique dans les Brigades internationales en Espagne républicaine.

Marcel Avezard en uniforme des Brigades internationales en juillet 1937.
Marcel Avezard en uniforme des Brigades internationales en juillet 1937.

Né dans une famille nombreuse (troisième de six enfants) , fils d’un ajusteur employé à la STCRP au dépôt Championnet, et d’une mère décédée en 1928, Marcel Avezard fut élevé par sa grand-mère à Sully-sur-Loire. Repris par ses parents, il fréquenta l’école primaire de la rue Boulard (XIVe arr.) de 1917 à 1922. En juillet 1919, ses parents furent condamnés par la 10e chambre correctionnelle de Paris, pour mauvais traitement à enfant, à quatre mois de prison, avec sursis pour la mère.

Marcel Avezard commença à travailler dans l’imprimerie à Paris XIVe arr. (rue Coedic) en septembre 1922. Il fut successivement : receveur, margeur, conducteur phénicien et spécialiste des travaux de couleur. Demeurant chez son père 8, rue Lalande dans le XIVe arr. de Paris, Marcel Avezard, appartenant à la classe 1929, fut ajourné le 3 avril 1930 puis réformé pour faible constitution en effet, pour 1 m 69, il ne pesait qu’une cinquantaine de kg. Avezard dirigea une grève de l’Imprimerie Hanert-Macher de Malakoff en octobre 1929. Il travailla ensuite comme ouvrier imprimeur à l’entreprise Arts graphiques (XVIIIe arr.) jusqu’au 20 décembre 1930.

Syndiqué à la CGTU depuis 1928 (mais dans l’incapacité de payer sa cotisation il dut réadhérer en 1930), militant des Jeunesses communistes depuis mars 1929, Marcel Avezard consacrait une part importante de son activité au Secours rouge international. Il fut trésorier du SRI de Paris de 1930 à 1931, puis membre de son comité central et de son comité exécutif jusqu’en 1937. Il présenta le rapport sur La Défense aux Ve (juin 1931) et VIe (13-15 août 1932) congrès SRI de la région parisienne et participa, la même année, au congrès mondial du SRI à Moscou. Malade, on lui diagnostique dans la capitale soviétique un ulcère de l’estomac pour lequel il fut opéré à Paris quelques temps plus tard. Il était, en 1936, administrateur de la Défense et secrétaire de la Région parisienne, permanent, du SRI. Après huit ans d’usine, il devint permanent du SRI en 1930. Avezard écrit : « J’ai pris la trésorerie de cette organisation [dans le XIVe a arr.] après le sabotage qui y fut fait par les trotskistes », sans préciser la date.

Il eut à plusieurs reprises maille à partir avec la police et la justice. En mai 1929, il fut arrêté par la police française et condamné à 3 mois de prison avec sursis et 3000 F d’amendes » pour vente de L’Avant-garde ; il fut emprisonné pendant 15 jours [à la Petite Roquette. La police l’arrêta à nouveau le 6 mars 1931, dans le XIXe arr., au cours d’une distribution de tracts du SRI et d’une vente du journal La Défense. Le 29 novembre 1933, il fut interpellé pendant une manifestation devant l’ambassade d’Allemagne et condamnée le lendemain à trois jours de prison pour avoir lancé une pierre vers la facade avec Auguste Magnin qui eut lui une condamnation de six jours. L’Humanité sen fit l’écho le 30 novembre 1933.

À sa sortie de prison il constata que sa cellule avait été dissoute car elle comprenait « des mauvais éléments » : (Félix Arrighi, Paul Arrighi, Pierre Arrighi [trois frères] et Cublain). Il ne demanda pas sa réaffectation et « n’ayant pas une forte éducation révolutionnaire, je me suis laissé manœuvrer par mes parents ». Il donna son adhésion au Parti communiste en octobre 1930, mais, ayant changé de domicile en mars 1931, il ne signala pas sa nouvelle adresse et resta un temps sans transfert d’affection. Avezard habitait 26 rue Prétrelle dans le IXe arr. à la fin des années 1930. La commission des cadres lui fit remplir une autobiographie le 7 juillet 1933. L’évaluation négative (Classé « B », donc à ne pas promouvoir) évoquait ses relations avec les frères Arrighi dans le cadre de la JC et son éloignement du PC après son procès. Elle demandait donc une enquête sur le déroulement du procès ce qui fut fait sans que rien ne soit retenu contre Avezard.

Volontaire en Espagne républicaine à partir du 24 février 1937, il faisait probablement partie du contingent de plusieurs dizaines de jeunes cadres communistes venus renforcer les Brigades internationales juste avant la fermeture de la frontière pyrénéenne. Il passa la frontière avec un convoi de trente-deux communistes et fut commissaire politique au Camp de travail et de rééducation à Albacète puis à la délégation des Brigades internationales de Valence.

Ne participant directement à aucun combat, il fut successivement commissaire politique adjoint du commissaire de la 14e Brigade Vittori , puis commissaire politique de la délégation de Figueras. Il travaillait au contrôle des volontaires provenant de France et repartant en France. Une permission lui fut attribué fin 1937 et il reprit pour quelques semaines sa place au SRI en attendant que le divorce de sa compagne, Gaby Bardau, militante communiste du carreau du Temple, soit prononcé. Il rentra définitivement en France en décembre 1938, considéré comme "Très Bon" par la commission des cadres du Parti communiste espagnol.

André Marty qui le tenait en bonne estime, le proposa en 1939 pour rejoindre à Moscou l’appareil du Komintern et travailler sur les archives et biographies de Brigadistes français. Le Service des cadres du Komintern donna un avis positif. Une autre candidature était également envisagée et semble-t-il retenue. Cette proposition ne fut donc pas suivie d’effet.

Il reprit une activité professionnelle en décembre 1939 à Paris (société Bernard frères, 3 rue des Trois Bornes) et vécut dans cette ville jusqu’en 1942. Le Parti communiste avait de toute évidence perdu le contact avec lui, ce qui est étonnant pour un cadre de ce niveau, présent à Paris, dans une période où les dirigeants, particulièrement ceux de l’ancien Secours populaire étaient précieux. Rien n’indique formellement un désaccord où un prise de distance mais il faut bien constater qu’à partir de 1939-1940, il n’est plus membre du Parti communiste.

Après un passage à Sully-sur-Loire, il revint à Paris avec un certificat d’infirmier professionnel qui lui permettait d’échapper au STO. Il travailla à la cantine de la société Apiou (34 rue de Surmelin XXe arr., il habitait à la même adresse). À partir de avril 1943, il fut agent occasionnel du réseau de Résistance CND Castille.

De 1946 à 1949, Marcel Avezard fut chef de fabrication à La Marseillaise, journal communiste de Châteauroux (Indre), presses des éditions du Berry libre. Il revint ensuite à Paris et travailla comme conducteur typographe à la Société parisienne d’impression et de publicité puis à l’Imprimerie coopérative Étoile, aux Impressions du Val d’Osne à Saint-Maurice, à l’Imprimerie Pélamourgue dans le XIVe arr., l’Imprimerie L. Chanois dans le XXe arr. et enfin l’Imprimerie Rosay à Vincennes où il termina sa carrière le 1er août 1972. Le dimanche i exerçait la fonction de Camelot-marchand de journaux pour les NMPP, afin d’améliorer l’ordinaire. Retraité, il s’installa en 1973 à Dun-sur-Auron auprès d’un coupe d’amis, Fernand et Berthe Mourand connus pendant la guerre. Le couple Avezard acheta une petit maison, rue de Verdun.

Syndicaliste CGT, ses liens avec le PCF semblent être faibles. Vice-président de l’Union des retraités et personnes âgées de Dun-sur-Auron (Cher) au début des années 1980, il était sympathisant du Parti communiste français qui signala son décès dans la presse locale.


Marié le 5 octobre 1940 à Paris (XXe arr.) avec Madeleine Pinon, père d’un premier fils (Jean-Claude) en avril 1941 puis d’un deuxième (Pierre) en novembre 1949, toujours domicilié à Dun-sur-Auron (Cher), il mourut le 28 juin 1986 à l’hôpital de Saint-Amand-Montrond (Cher).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article91640, notice AVEZARD Marcel, Gustave par Claude Pennetier, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 16 septembre 2019.

Par Claude Pennetier

Marcel Avezard en uniforme des Brigades internationales en juillet 1937.
Marcel Avezard en uniforme des Brigades internationales en juillet 1937.
RGASPI

SOURCES : Arch. Nat. F7/13516. — Arch. AVER. — Arch. RGASPI, Moscou, 495 270 920, deux autobiographies : Moscou, septembre 1932, Paris 7 juillet 1933, classé B ; RGASPI 545.6.1158, BDIC 880/12 ;RGASPI 545.6.1038 fiches individuelles 31 décembre 1937 ; RAGSPI 545.6.1041, BDIC mfm 880/1 ; RGASPI 546.6.1043, BDIC 880/2 bis ; RGASPI 545.2.114, BDIC mfm 880/47. — État civil. — Notice du DBMOF par Jean Maitron, Claude Pennetier, Rémi Skoutelsky. — Notes de Pierre Avezard et de Daniel Grason.

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