FONTENOY Jean [GARREAU Jean dit]

Par Michel Dreyfus

Né en 1899 à Charnay près de Lagny, mort à Berlin (Allemagne) en avril 1945 ; journaliste, d’abord communiste, puis passé au PPF et à la collaboration.

Issu d’une famille paysanne, Jean Garreau dit Jean Fontenoy entra au collège dans sa onzième année. Il y fut bon élève particulièrement attiré par la lecture puis la littérature. Il cessa ses études à l’automne 1916 et alla à Paris où il vécut de petits travaux d’écritures à la Compagnie du Gaz et dans une fabrique d’obus. Il fut également le secrétaire d’un écrivain dont il n’a pas voulu donner plus que les initiales dans son livre L’École du renégat.

Profondément patriote jusqu’à l’âge de seize ans, il commença alors à fréquenter les milieux littéraires où il rencontra notamment Georges Pioch, Charles Rappoport, Pierre Brizon. Son intérêt pour la littérature se trouva conforté dans un tel milieu. Ses idées évoluèrent alors vers le pacifisme et un socialisme de plus en plus « à gauche » vers la fin de la Première Guerre mondiale puis il adhéra à « des organisations révolutionnaires » (il n’a pas précisé lesquelles) et écrivit « des articles brûlants ». Jean Fontenoy était proche du mouvement « dada ».


Il s’engagea pendant quatre ans dans la cavalerie, de 1918 à 1922 à l’issue desquels il finit d’évoluer vers le communisme. En 1924, il alla à Moscou. Il fut correspondant à l’agence Havas en URSS. Il se rendit en Chine au début de l’année 1927 et y resta jusqu’à l’intervention japonaise en 1932. Il fit alors un bref séjour au Japon. Ces voyages furent entrecoupés de quelques retours en France en 1929 et 1931 où, ce qu’il connut de la vie politique française lui parut bien étranger aux problèmes de l’heure. Entre-temps il s’était marié avec l’aviatrice Madeleine Charnaux (1902-1943).

Ce fut sans doute en 1934 qu’il rompit avec le communisme pour se rapprocher de Jacques Doriot. En 1936 il s’exprimait ainsi dans la présentation de son livre, L’École du renégat : « J’avais confié mes économies intellectuelles aux Stavitskys stalino-gidiens. On m’a volé. Je crie : « Au voleur ». C’est tout. Ah, et puis j’étais amoureux de la Révolution. Elle m’a fait cocu. Alors je ne suis pas content du tout. C’est bien fait, je me suis laissé empaumer. Comme une poire ? Justement. Je proteste au nom des poires. Au nom des imbéciles. »

Jean Fontenoy devint l’un des dirigeants du Parti populaire français de Jacques Doriot lors de son IIe congrès en 1938. Pendant la guerre il fut le fondateur de l’hebdomadaire politique et littéraire La Révolution nationale qui parut de 1941 à 1944.

En janvier 1940, Jean Fontenoy s’engagea dans l’armée finlandaise et fut blessé au front puis rentra à Paris. Pendant l’Occupation, lié à l’ambassadeur d’Allemagne d’Otto Abetz, il appartint au Rassemblement national populaire fondé officiellement le 1er février 1941. Il écrivit dans la presse collaborationniste (La Vie nationale, La France au Travail, La Révolution nationale...). Il fit également partie du Mouvement social révolutionnaire. Lieutenant de la "Légion des volontaires français", la LVF, il fut envoyé brièvement sur le front à l’Est, avant de revenir à Paris où il redevint journaliste à l’hebdomadaire Révolution nationale. Pierre Laval, dont il était proche, le nomma chargé de mission par Laval en Allemagne en 1942, puis en décembre 1943, directeur général adjoint de l’Office français d’information.

Son activité importante pendant cette période est décrite en détail par Henry Coston selon lequel également, il avait trouvé la mort à Berlin sous les bombardements en avril 1945. En fait, découragé, miné par l’opium, il se suicida à Berlin en avril 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article92245, notice FONTENOY Jean [GARREAU Jean dit] par Michel Dreyfus, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 16 février 2011.

Par Michel Dreyfus

ŒUVRE : L’École du rénégat, Paris, NRF, 1936, 224 p. — Cloud ou le communiste à la page, Grasset, 1937. — Shanghai secret, Grasset, 1938. — Songe du voyageur, Grasset, 1939.Collaboration à divers journaux de gauche, puis à des publications du Parti populaire français et enfin, à partir de 1940, à la presse collaborationniste.

SOURCES : L’École du rénégat..., op. cit. — Pascal Ory, Les Collaborateurs, 1940-1945, Paris, Seuil, 1977, 380 p. — Notes de Jacques Girault et de Claude Pennetier. — Henry Coston, Dictionnaire de la politique française, Paris, Publications Henry Coston, 1972, tome 2, page 236.

ICONOGRAPHIE : La Révolution nationale, 1re année, n° 1, 12 octobre 1941.

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