GAUDIN

Par Jacques Girault

Les Gaudin militaient au Luc (Var).

— Gaudin Joseph, Charles, né dans la commune le 19 mars 1880, fils d’agriculteurs, reçut tous les sacrements catholiques et obtint le Certificat d’études primaires. Pâtissier, puis confiseur à Fréjus (Var), il exploitait aussi une propriété agricole spécialisée dans l’expédition des fruits et des violettes. Marié à Vidauban (Var), en juin 1905, il eut un garçon. Mobilisé à la déclaration de la guerre dans un régiment d’infanterie coloniale, blessé gravement sur le front de Salonique, il revint diminué et son fils devint pupille de la nation en 1924. Il ne reprit pas son métier de confiseur et exploita à plein temps sa propriété tout en pratiquant l’expédition des produits agricoles au Luc. Son épouse tenait la recette-buraliste.

Gaudin fut élu conseiller municipal du Luc, le 3 juin 1923, lors d’une élection complémentaire comme « socialiste indépendant ». Premier adjoint au maire le 10 juin 1923, il devint maire le 25 mai 1924. Il entretenait alors de bonnes relations avec les « rouges » du Luc.

La liste qu’il conduisait, le 3 mai 1925, fut réélue. Gaudin obtenait personnellement 349 voix sur 614 inscrits. Il fut reconduit, le 5 mai 1929, comme « républicain socialiste », avec 442 voix sur 688 inscrits, et, le 5 mai 1935, avec 342 voix sur 735 inscrits.

Gaudin présidait, au début des années 1930, le syndicat des éleveurs de vers à soie et le syndicat des producteurs de fruits, légumes et fleurs de la commune.

En 1934, candidat du Parti socialiste de France lors de l’élection au conseil général dans le canton du Luc, Gaudin obtenait 428 voix sur 1 804 inscrits, le 14 octobre. Il fut battu par le candidat socialiste SFIO Barbarroux*, réunissant personnellement 609 voix.

Le conseil municipal subissait depuis longtemps les assauts des socialistes SFIO et des communistes. Le 23 juillet 1936, Gaudin donnait sa démission prétextant son mauvais état de santé. Ce retrait fut suivi de la démission collective des autres conseillers à la suite de la séance extraordinaire du 3 août où le conflit éclata avec le conseil général qui mettait des entraves à l’agrandissement du cimetière, considéré comme « archicomble », notamment du fait de la présence de la maison départementale de retraite. Le nom de Gaudin fut ajouté à l’encre violette au bas de la liste des démissionnaires dans la lettre expédiée au préfet du Var. Selon le témoignage de son fils, Gaudin n’avait pas l’intention de se représenter. Ses amis et lui ne se portèrent donc pas candidats ; mais Gaudin signa le premier la demande d’annulation de l’élection de Barbarroux et de cinq autres élus. Une longue procédure s’amorça ; le conseil de préfecture annula l’élection, le 7 octobre 1936, décision cassée par le Conseil d’État, le 17 novembre 1937.

Gaudin mourut au Luc, le 13 janvier 1945.

— Son épouse, née Mouriès Augusta, Joséphine, à Vidauban, était la nièce de Jules Mouriès, propriétaire agriculteur, conseiller d’arrondissement du canton du Luc, socialiste, puis socialiste SFIO, de 1901 à sa mort au front, en 1916. Son autre oncle, Aimé Mouriès, inspecteur général des PTT, devint conseiller d’arrondissement (1919-1924), puis conseiller général du canton (1924-1934). Aux élections municipales d’avril 1945, les socialistes avaient moins d’élus à l’issue du premier tour que les communistes. Ils firent appel à la veuve du maire. Elle fut élue, le 13 mai 1945, sur une liste « républicaine d’intérêt local » avec 716 voix sur 1 679 inscrits et 1 184 votants. Elle mourut au Luc, le 6 mars 1967.

— Son fils Pierre, Auguste, Eugène Gaudin, né à Fréjus, le 15 février 1913, reçut les sacrements catholiques. Élève de l’École primaire supérieure de Brignoles (Var), il présida après la guerre, l’Amicale des anciens élèves du lycée P. Raynouard, puis de l’École de commerce de Marseille ; il effectua son service militaire dans un régiment de zouaves en Algérie. Devenu employé à la Société des coopérateurs du Midi au Cannet-du-Luc, puis à La Seyne (Var), il se maria religieusement en novembre 1937. Il milita dans le syndicat CGT et fut, quelque temps, responsable du syndicat local des employés de l’alimentation. Il quitta cet emploi pour devenir, en 1939 commissionnaire, cours Julien, à Marseille.

Mobilisé en septembre 1939, Gaudin, fait prisonnier à Dunkerque, fut envoyé en Allemagne et y resta pendant toute la durée de la guerre. À son retour au Luc, en 1945, il adhéra à la section socialiste SFIO. Il exerçait la profession d’agriculteur sur la propriété familiale. Divorcé, remarié en avril 1946, sa fille reçut les sacrements catholiques.

Gaudin, élu conseiller municipal en octobre 1947, devint adjoint au maire. Réélu en 1953, il devint, après les élections de 1959, maire du Luc et fut reconduit régulièrement dans ces fonctions jusqu’à son décès.

Après la mort du docteur Marcel Mouriès (sans parenté avec les précédents), conseiller général socialiste SFIO, Gaudin lui succéda. Le 1er mars 1953, il fut élu avec 1 515 voix sur 3 987 inscrits. Il siégea très vite à la commission départementale, à la commission des travaux et était le vice-président du comité d’aide à la construction. Réélu au conseil général, dès le premier tour, le 17 avril 1955, il devint secrétaire de l’assemblée départementale. Il participa à la commission départementale jusqu’en 1957 et fut le secrétaire de la deuxième commission (Travaux publics, bâtiments départementaux, vicinalité). Membre des Commissions de l’Hydraulique, de gestion des fonds de la Caisse départementale scolaire d’aide à la construction et à l’habitat, d’études des calamités agricoles, de répartition des subventions départementales à l’agriculture, il représentait le conseil général au conseil départemental de l’enseignement, au comité de gestion des cantines scolaires, au conseil départemental des sports et loisirs, au comité départemental des mouvements de jeunesse et d’éducation populaire, au conseil d’administration de l’Office public d’HLM et à la commission interdépartementale de l’Hydraulique. À partir de 1957, il quitta la deuxième commission pour la commission des Finances. En outre, il représentait le conseil général auprès de l’Office départemental des Anciens combattants dont il était vice-président. Il participait régulièrement aux réunions interdépartementales pour le canal de Provence.

Secrétaire du groupe socialiste au conseil général, Gaudin participait aux réunions du Bureau de la Fédération socialiste SFIO et présentait, à chaque congrès, les rapports d’activité. Au sein du Parti, il jouait, vers 1956-1957, un rôle important dans les discussions sur l’agriculture. En novembre 1955, sa section le présenta comme candidat éventuel pour les élections législatives. Il arrivait en sixième position (la liste comprenait cinq candidats).

Au congrès fédéral du 7 novembre 1958, Gaudin se prononça pour une réponse positive au référendum instituant la Ve République. Aussi, le 21 septembre, après la démission de Jean Charlot* et d’autres responsables, le comité fédéral le désigna-t-il comme secrétaire fédéral adjoint.

Pour l’élection législative du 23 novembre 1958, Gaudin était le candidat de la SFIO dans la ppemière circonscription de Draguignan-Brignoles. Il obtenait 12 829 voix sur 61 909 inscrits et 17 081 voix au deuxième tour. Le 18 novembre 1962, à nouveau candidat, il réunissait 12 069 voix sur 64 388 inscrits. Bartolini*, candidat communiste, le précédait. Il se désistait alors que Gaudin avait fait savoir qu’en tout état de cause, il se maintiendrait. Ce dernier était élu avec 25 398 voix. Réélu comme candidat FGDS, le 10 mars 1967, (20 833 voix sur 71 227 inscrits et 35 880 au deuxième tour), le 1er juillet 1968 (16 457 voix et 29 486 voix sur 71 625 inscrits), il était à nouveau élu, le 4 mars 1973, (19 980 voix et 38 102 voix sur 77 403 inscrits). Membre des commissions de l’Éducation nationale, des affaires culturelles, de la Production et des échanges, il devenait vice-président de l’Assemblée nationale en 1975. Deux ans plus tard, élu sénateur du Var, le 25 septembre 1977, il exerçait aussi le mandat de conseiller régional.

Ancien président du groupe des députés-maires au Palais Bourbon, dirigeant de la Fédération nationale des élus socialistes et républicains, Gaudin fut le candidat socialiste, à la fin de 1977, à la présidence de l’Union des maires de France. Il présidait aussi depuis le 25 juin 1962, le Comité départemental d’encouragement de l’Agriculture. Depuis sa création, en 1963, il présidait l’Entente interdépartementale de protection de la forêt méditerranéenne ; il cessa ces fonctions en 1977.

Diminué depuis quelques années par des malaises cardiaques, Gaudin s’effondrait après une audience dans sa mairie du Luc, le 2 janvier 1978. Il fut enterré religieusement. Le 2 janvier 1979, la municipalité décidait de donner son nom à l’avenue qui rejoignait l’avenue Charles Gaudin.

— Son épouse assurait la présidence du comité local de soutien à la candidature de François Mitterand à la Présidence de la République en 1981.

— Sa fille, Michèle, née au Luc, le 24 janvier 1947, fut élue conseiller municipal socialiste en mars 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article92431, notice GAUDIN par Jacques Girault, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 21 novembre 2022.

Par Jacques Girault

SOURCES : Arch. Dép. Var, 2 M 3.52, 2 M 5.28.6, 2 M 7.24.8, 2 M 7.28.2, 2 M 7.30.2, 2 M 7.31.1, 2 M 7.32.1, 2 M 7.35.3, 14 M 7.2, 18 M 86. — Arch. J. Charlot (CRHMSS). — Sources orales. — Presse locale et nationale. — Renseignements fournis par P. Gaudin, par sa veuve, par la mairie du Luc et par Valéry Chavaroche.

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