GEISKOPP Nicolas [GEISKOP, GEISSKOPF,GEISKOPF Nicolas]

Par Pierre Schill

Né le 27 août 1880 à Bettviller (Lorraine annexée et non Bettwiller dans le Bas-Rhin annexé, actuel Bas-Rhin), mort le 22 septembre 1934 à Merlebach (Moselle) ; Mineur et délégué mineur à la sécurité aux houillères de Sarre et Moselle ; président des sections de Freyming et Merlebach (Moselle) du Syndicat unitaire des mineurs et membre de la commission exécutive du Syndicat des ouvriers mineurs de Lorraine vers 1927 ; secrétaire de la cellule de Merlebach du Parti communiste.

Nicolas Geiskopp pendant la grève de 1920
Nicolas Geiskopp pendant la grève de 1920

Fils d’Antoine, tailleur, et de Elisabeth née Schuster, Nicolas Geiskopp se maria, le 9 février 1903 à Sarreguemines (Lorraine annexée), avec Mélanie Lucie née Kratz le 27 janvier 1883 à Hundling (Lorraine annexée), ils eurent douze enfants.

Nicolas Geiskopp résida jusque dans les premières années du XXe siècle à Sarreguemines (Lorraine annexée) où naquirent ses deux premiers enfants. Au moment de son mariage il était conducteur de chariot. Il quitta la cité de la faïence vers 1906 pour aller s’installer au cœur du bassin houiller et entrer à la mine. Il résida jusqu’en mai 1923 à Freyming (Moselle) et s’installa ensuite à Merlebach (Moselle).

Nicolas Geiskopp se présenta, le 30 novembre 1919 aux élections municipales de Freyming (Moselle) et obtint au premier tour 82 voix sur 243 suffrages exprimés pour 302 électeurs inscrits. Il ne fut donc pas élu.

Membre du Syndicat des ouvriers mineurs CGT, il fut élu, le 22 février 1920 au premier tour, délégué suppléant à la sécurité des ouvriers mineurs (Sicherheitsmann) de la circonscription de Merlebach (puits V des houillères de Sarre et Moselle). Il recueillit 436 voix pour 519 votants sur 1 355 électeurs inscrits. Après le redécoupage des circonscriptions minières, il fut réélu en juin 1921 délégué mineur de la circonscription de Merlebach-ouest. Il fut réélu délégué mineur jusqu’à sa mort.

En avril 1920, il fut l’un des dirigeants de la grève des mineurs dans le bassin houiller lorrain. Il fut notamment l’un des principaux orateurs, avec Joseph Fousse et Louis Wagner, du meeting qui se tint le 24 avril 1920 à Merlebach devant le rocher du Wiselstein, lieu de rassemblement habituel des mineurs de Merlebach (voir la photographie : Nicolas Geiskopp est au centre de la photographie, entre l’enfant au chapeau et l’orateur, Joseph Fousse, pointant la main gauche vers le sol). Les mineurs de Sarre et Moselle en grève entendirent aussi un discours de Charles Hueber alors conseiller municipal socialiste de Strasbourg (Bas-Rhin).

Lors d’une réunion des mineurs de Freyming et de Merlebach, vers le milieu de l’année 1920, Nicolas Geiskopp fut désigné à la présidence de la section du syndicat en remplacement de Théodore Quint* accusé de malversations financières.

Nicolas Geiskopp participa, le 26 décembre 1921 à Merlebach, à une réunion organisée par le Parti communiste. Une trentaine de mineurs étaient venus élire le nouveau comité après la démission de certains membres. Ces difficultés s’expliquaient par l’échec de la grève de la fin novembre 1921 dans les houillères mosellanes. L’assistance reconduisit à main levée les membres de l’ancien comité présents. Il fut élu secrétaire de la section.

Il assista au début du mois d’octobre 1922 à Freyming et Merlebach à deux importantes réunions publiques organisées par la CGTU et l’UGB (syndicat chrétien). Plusieurs centaines de mineurs étaient venus écouter les principaux dirigeants des deux syndicats exposer leurs revendications à propos de l’application des huit heures dans les mines et les questions salariales. Il était alors un des sept « délégués régionaux » de son syndicat.

Le 12 novembre 1922, il participa au congrès des délégués communistes appartenant aux syndicats de mineurs de Moselle, d’Alsace et de Sarre. Les soixante représentants syndicaux et politiques discutèrent d’une éventuelle fusion des syndicats et de la possibilité d’entraîner la révolution mondiale.

Le 7 janvier 1923, il fut réélu par environ deux cents mineurs membres de la section de Merlebach du Syndicat des ouvriers mineurs d’Alsace et de Lorraine (CGTU) à la présidence de la section. Un vote acquis à la quasi unanimité, puisqu’il obtint 190 voix.

C’est en tant que président de la section de Merlebach du Syndicat unitaire des mineurs qu’il fut un des principaux dirigeants de la grève qui toucha les mines de charbon de Moselle entre le 8 février et le 4 avril 1923.
Il participa le 12 février 1923 à la réunion paritaire qui se tint à l’hôtel de ville de Forbach entre les directions des trois houillères et quatre-vingt-dix délégués ouvriers. Les protagonistes ne trouvèrent pas d’accord sur la hausse des salaires. Nicolas Geiskopp intervint pour défendre les intérêts des mineurs de Sarre et Moselle. Tout au long du conflit il anima près de vingt réunions publiques. Lors du rassemblement organisé par la CGTU le 28 février à Merlebach, il récita devant plus de mille personnes un poème, qu’il avait composé, contre les briseurs de grève.

Candidat aux élections municipales des 5 et 12 mai 1929 à Merlebach sur la liste du Bloc ouvrier et paysan présentée par le Parti communiste, il obtint 240 voix sur 793 suffrages exprimés pour 809 votants sur 991 électeurs inscrits. Au second tour il obtint 300 voix sur 804 suffrages exprimés et ne fut pas élu.

Du 16 au 22 novembre 1927 une grève générale toucha les Houillères de Petite-Rosselle notamment pour des désaccords entre la direction et les mineurs sur l’organisation du travail. La grève fut déclenchée par le Syndicat unitaire des mineurs après que quarante-quatre mineurs, avec à leur tête Joseph Fousse, ont été licenciés par la direction pour avoir refusé de participer à la nouvelle réglementation de la descente. Nicolas Geiskopp anima plusieurs réunions publiques de soutien aux mineurs pendant la durée de la grève. Il tenait ainsi à manifester le soutien des mineurs de Merlebach à leurs camarades de l’est du bassin. Cette grève se solda par un échec s’expliquant par l’importance du stock de charbon dont disposait la houillère, la division syndicale et la volonté de la direction des houillères de Wendel de ne discuter des licenciements qu’après la reprise du travail.

Membre de la commission exécutive du Syndicat des ouvriers mineurs de Lorraine (CGTU), il participa à ce titre au congrès du 29 octobre 1927. Nicolas Geiskopp prit part le 12 janvier 1930 au congrès des mineurs CGTU à Forbach (Moselle) qui rassembla environ deux mille personnes. Il fut chargé d’assurer la présidence d’un « Comité d’action général » chargé de coordonner les actions revendicatives des mineurs. Il anima le congrès des mineurs CGTU des houillères de Sarre et Moselle et de Petite-Rosselle, le 2 mars 1930 à Forbach. Le congrès rassembla de mille deux cents à mille cinq cents personnes, arrivées en cortège et en musique derrière le drapeau rouge. Il rendit compte de son action à la tête du Comité d’action général : les directions des houillères lorraines n’ayant pas répondues aux revendications des mineurs, il demanda au congrès de décider des modalités d’actions à mettre en œuvre pour obtenir satisfaction. Il proposa aux mineurs de choisir entre une grève jusqu’à « victoire complète », un mouvement limité à vingt-quatre heures le 6 mars 1930 ou une « simple manifestation ».
Après avoir voté contre le principe d’une grève, le congrès décida finalement, après les interventions en ce sens d’un dirigeant de la Fédération unitaire des travailleurs du Sous-Sol, de Marcel Kirsch et de Nicolas Geiskopp, de fixer la grève générale au 6 mars 1930. D’après l’informateur patronal présent, le peu d’empressement des mineurs présents au congrès en faveur de cette journée d’action laissait présager un mouvement peu suivi. La grève du 6 mars 1930 fut, comme cela était prévisible, un échec.

Au début de l’année 1932 il anima plusieurs réunions organisées par la CGTU dans le cadre de la tentative de constitution d’un front syndical unique dans les houillères mosellanes avec la CGT et l’UGB.

Le congrès communiste du 26 mars 1932 à Forbach, le désigna comme candidat communiste aux élections législatives pour la circonscription de Boulay-Saint-Avold (Moselle). Cette décision fut confirmée, le 5 avril 1932 à Metz, par les membres du comité du rayon de la Moselle du Parti communiste. Nicolas Geiskopp fut donc candidat aux élections législatives des 1er et 8 mai 1932. Il arriva, au premier tour, en quatrième position en obtenant 14,8 % des suffrages exprimés (2 119 voix) alors que le candidat arrivé en tête, l’avocat messin Alexis Wiltzer, Républicain Indépendant classé au centre-droit sur l’échiquier politique mosellan, obtenait 37,1 % (5 305 voix). Ces résultats furent décevants pour le candidat communiste même s’il obtint de meilleurs scores dans les communes à forte concentration de mineurs. Il obtint, par exemple, 26 % des suffrages exprimés à Freyming, 32,3 % à Ham-sous-Varsberg ou 43,7 % à Falck. Au second tour il arriva en troisième position avec seulement 1 109 voix. Alexis Wiltzer l’emporta avec 8 762 voix devant le candidat de l’URD (droite), Victor Koune qui obtint 5 280 voix. Une partie des électeurs de Nicolas Geiskopp avait voulu faire barrage au candidat de droite en portant leurs suffrages sur le candidat en position de l’emporter le plus modéré.

Le 16 octobre 1932 il se présenta, sans succès, aux élections sénatoriales en Moselle. Il obtint 54 voix sur 1 456 suffrages exprimés pour 1 457 votants et 1 466 électeurs inscrits.

Nicolas Geiskopp prit part les 10 et 30 janvier 1933 à Merlebach et Forbach à la première et à la troisième rencontre entre les représentants des syndicats de mineurs, CGTU, CGT et UGB des trois houillères lorraines. Il s’agissait de mettre sur pied un front syndical unique mieux apte à répondre au patronat dans cette période de crise économique. Il fut désigné parmi les six membres du comité d’action unique créé en février 1933 : il représentait avec Lucien Witz (voir ce nom) la CGTU, Alphonse Rieth* et Eugène Metzger* représentant la CGT, Guillaume Erbe* et Nicolas Meyer* l’UGB.

Participa au septième congrès confédéral de la CGTU de septembre 1933 à Paris : il était délégué de la fédération unitaire du Sous-Sol de Moselle. Tout au long de ses années de militantisme, Nicolas Geiskopp se rendait régulièrement à Paris au siège du syndicat. Un engagement qui l’absorbait au point de lui interdire la pratique d’un quelconque loisir.

Nicolas Geiskopp mourut à son domicile le 22 septembre 1934. Très populaire auprès des mineurs, son enterrement fut suivi par une foule nombreuse qui forma un cortège de près d’un kilomètre entre son domicile et le casino de Merlebach.

Nicolas Geiskopp était l’oncle de Lucien Meyer. Son fils Pierre Geiskopp poursuivit son engagement syndical à la CGT.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article92716, notice GEISKOPP Nicolas [GEISKOP, GEISSKOPF,GEISKOPF Nicolas] par Pierre Schill, version mise en ligne le 5 janvier 2013, dernière modification le 7 septembre 2016.

Par Pierre Schill

Nicolas Geiskopp pendant la grève de 1920
Nicolas Geiskopp pendant la grève de 1920
Photographie de sa fiche professionnelle vers 1907. Dossier personnel, archives de Houillères du Bassin de Lorraine. Cliché Pierre Schill.

SOURCES : Arch. Nat. F7/13129, juillet 1932 ; F7/13258 et F7/13261. — Arch. Dép. Moselle, M Industrie 67 et 93 ; 23 Z 1. — Archives départementales de la Moselle : 301 M 76 et 82 ; 303 M 56 et 112 ; 310 M 112 ; 10 S 18, 19, 20, 43, 44 et 46 ; 24 Z 15 ; 26 Z 15. — Archives des Houillères du Bassin de Lorraine : Vt323-B26, dossier personnel. – Archives municipales de Saint-Avold (Moselle) : 1 K 6. — Archives familiales. — État-civil de la commune de Bettviller (Moselle). — La Lorraine ouvrière et paysanne, 16 avril 1932. —E.L. Baudon, Les élections en Moselle, 1919-1956, Metz, 1956, 94p. —Gérard Diwo, Le communisme en Moselle (1925-1932) à travers les élections législatives d’avril 1928 et de mai 1932, mémoire de maîtrise d’histoire sous la direction d’Alfred Wahl, Université de Metz, 1983, 176p. —Pierre Schill, Les grèves de l’immédiat après-guerre dans les mines de charbon de Moselle, 1918-1919, mémoire de DEA d’histoire sous la direction de Serge Wolikow, Université de Bourgogne, 1997, 277p. et 34 p. d’annexes. Renseignements fournis par Louis, Marcel et Paulette Geiskopp, Carmen Gebhardt et Jules Froehlich ses petits-enfants. — Notice DBMOF, par Étienne Kagan et Jean Maitron.

IMAGE ET SON : Photographie du meeting du 24 avril 1920 à Merlebach pendant la grande grève des mineurs de charbon. Photographie prise par la police. Nicolas Geiskopp est à la droite de Joseph Fousse (qui point ele doigt vers le sol et a à sa gauche Louis Wagner). Collection Pierre Schill.

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