GODONNÈCHE Victor, Francis. Écrit parfois GODONÉCHE Victor. Pseudonyme : CASANOVAS F.V.

Par Jean Maitron

Né le 21 juillet 1886 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), mort le 4 février 1942 à Montfermeil (Seine-et-Oise) ; linotypiste ; militant syndicaliste révolutionnaire du Puy-de-Dôme.

Ours du n°1 de <em>La Révolution prolétarienne</em>
Ours du n°1 de La Révolution prolétarienne
Janvier 1925

Victor Godonnèche (parfois écrit par erreur Victor Godonèche) milita d’abord dans le Puy-de-Dôme où il travailla comme linotypiste à l’Avenir du Puy-de-Dôme. Mobilisé comme auxiliaire pendant la guerre au 92e régiment de ligne à Clermond-Ferrand, il signait des éditoriaux dans le Syndicaliste du pseudonyme de F.V. Casanovas (du nom de sa compagne). D’idées « très avancées » mais considéré « comme un ouvrier sérieux et travailleur », il « n’a cessé de protester contre l’accusation portée contre lui en 1907 pour fabrication de fausse monnaie » (cf. F7/13611). Sa femme aurait appartenu à une riche famille du Paraguay mais « qui ne leur viendrait pas en aide ».

Dès 1920, semble-t-il, Godonnèche habita Paris, 17, rue André-del-Sarte, XVIIIe arr. au loyer annuel de 410 F. Il fut un des principaux fondateurs des CSR (comités syndicalistes révolutionnaires). Il remplit les fonctions de secrétaire intérimaire du Comité de la IIIe Internationale avec Jean Ribaut et René Reynaud à partir du 5 novembre 1920, les trois secrétaires, Pierre Monatte, Fernand Loriot et Boris Souvarine étant détenus pour complot. Victor Godonnèche conserva cette responsabilité jusqu’au 13 mai 1921, date à laquelle il partit pour Moscou afin d’assister au congrès constitutif de l’ISR (Internationale syndicale rouge). Il n’y partait pas seul mais comme membre d’une délégation comprenant Gaudeaux (ou Godeau), Sirolle, Labonne, Michel Kneller, Tommasi, Claudine et Albert Lemoine, Gaye. On trouvera dans Syndicalisme révolutionnaire et Communisme, op. cit. plusieurs lettres de Godonnèche relatant ses impressions de voyage et de congrès. À l’issue de ces assises 3-19 juillet 1921, Godonnèche regagna la France où il arriva dans les premiers jours de septembre. Il avait voté une résolution relative à la liaison étroite qui devait s’établir entre l’Internationale communiste et l’Internationale syndicale et il fut désavoué à son retour ainsi que Tommasi qui dut démissionner du secrétariat de l’UD de la Seine. Sur le plan politique, il avait été un des premiers adhérents du Comité de la IIIe Internationale et élu membre de la CE du Comité (voir Reynaud).
Bien entendu, Godonnèche avait adhéré au PC et, aussitôt après son retour de Moscou, repris son travail de linotypiste. Il était administrateur de l’Imprimeur communiste (ou L’Imprimerie communiste), organe corporatif de la Chambre typographique parisienne et collaborait à la Vie Ouvrière, hebdomadaire des CSR et à l’Humanité.

En 1922, Godonnèche assura, avec Rosmer, Tommasi et Guy Tourette, la rédaction de la Lutte de Classes, bulletin bi-mensuel de l’ISR. Après la scission syndicale de 1921, il était devenu secrétaire adjoint de la Fédération du Livre CGTU. Dans le Bulletin Communiste, il a ainsi défini, le 5 juillet 1923, sa conception du rôle des membres du Parti dans les syndicats (article « À propos des Commissions syndicales ») : « Le travail des commissions syndicales consiste à faire de chaque membre du Parti un syndiqué actif, toujours au premier rang dans les batailles quotidiennes, qui provoque dans son syndicat des initiatives ayant pour objet la création des délégations d’atelier, des comités d’usine, la tenue de réunions d’entreprises où seront convoqués, sans distinction, syndiqués, non syndiqués, communistes et sans parti. Belle leçon de syndicalisme pour ceux qui, trop purs sans doute, veulent faire du syndicat non un groupement de masses, mais un petit groupe d’affinités. » Il avait été élu à la commission administrative de l’Humanité à la conférence nationale de janvier 1923 et au congrès de Lyon (janvier 1924).

Mais des désaccords profonds devaient bientôt surgir entre la direction du Parti, alors représentée notamment par Albert Treint, et l’équipe des syndicalistes révolutionnaires groupés autour de Pierre Monatte qui assuraient la rubrique sociale de l’Humanité. Tous partirent le 23 avril 1924 et se retrouvèrent en 1925 à la Révolution Prolétarienne. Godonnèche était de ceux-là et il appartint au premier « noyau » de la revue dont les premiers numéros (1 à 5) furent domiciliés chez lui, rue André-del-Sarte (c’est d’ailleurs lui qui avait trouvé le titre).

Godonnèche continua à militer syndicalement, se prononçant en 1925 pour la non-rééligibilité des fonctionnaires syndicaux et, fidèle à ses options, s’affirmant en 1931 pour les thèses des « 22 » et l’indépendance syndicale (Le Cri du Peuple, 21 janvier 1931).

Il fut gérant de La Révolution Prolétarienne jusqu’au début de l’année 1929, Maurice Chambelland lui succédant. Il resta membre du « noyau » de la RP.

Chômeur sous l’Occupation, il fut secouru par la mairie de Montfermeil, où il résidait alors, mais, devant assurer des gardes de nuit sur les voies de chemin de fer, il ne put physiquement supporter ce travail et fut contraint à l’opération d’une hernie dont il souffrait depuis longtemps. Cela lui fut fatal.

Godonnèche s’était marié le 11 février 1915 à Clermont-Ferrand avec Solidaria Casanovas, ils n’avaient pas d’enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article93624, notice GODONNÈCHE Victor, Francis. Écrit parfois GODONÉCHE Victor. Pseudonyme : CASANOVAS F.V. par Jean Maitron, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 19 mai 2020.

Par Jean Maitron

Ours du n°1 de <em>La Révolution prolétarienne</em>
Ours du n°1 de La Révolution prolétarienne
Janvier 1925

SOURCES : Arch. Nat. F7/13611, rapport du 14 novembre 1918. — Arch. PPo. 50, rapport du 27 janvier 1922. — Bulletin Communiste, 3 juin 1920. — Syndicalisme et Communisme. Archives Monatte, op. cit. — A. Rosmer, Moscou sous Lénine, op. cit. — Cahiers Maurice Thorez, 3e trim. 1976. — La Révolution Prolétarienne, mai 1947. — Le Peuple, août 1924. — Renseignements d’État civil fournis par la mairie de Clermont-Ferrand, 26 juin 1984. — Notes de Julien Chuzeville.

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