HEUCHEL Louise, Amandine

Par Julien Chuzeville

Née le 25 janvier 1892 à Paris (XVIIIe arr.) ; ouvrière, blanchisseuse, munitionnette ; militante du Parti communiste ; militante de la CGT, puis membre de la commission exécutive de la CGTU en 1922 et 1923 ; féministe.

Contrainte à travailler dès son plus jeune âge, Louise Heuchel serait venue à la politique à partir de son expérience de la guerre et de son enthousiasme pour la Révolution russe. Elle fut ouvrière giletière, puis au chômage. Arrêtée en novembre 1912 sous l’accusation de prostitution clandestine, elle déclara que « sans travail, elle se livrait à la prostitution pour subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de son enfant âgé de trois ans ». Dix ans plus tard, elle dénoncera lors d’un meeting les salaires trop faibles des femmes en mentionnant les « femmes gagnant un bas salaire […] qui parfois sont obligées de se livrer à la prostitution ». Elle devint blanchisseuse, puis tourneuse d’obus à partir de juin 1917, et fut licenciée à la fin de la guerre. Reconvertie comme ouvrière décolleteuse, Louise Heuchel prit une part active dans la grève de la métallurgie de mai et juin 1919, ce qui valut d’être brièvement arrêtée le 2 juin.

Au début des années vingt, elle milita au Parti communiste et à la CGTU dans le syndicat des Métaux de la Seine ; elle eut des responsabilités dans ces deux organisations. Elle se rendit en Russie en 1921, à des dates inconnues – sans doute à l’occasion du congrès de fondation de l’Internationale syndicale rouge (ISR) en juillet. Elle correspondit ensuite avec Andrès Nin.
Le 14 février 1922, le Comité directeur du Parti communiste décida qu’elle ferait partie de la Commission centrale de travail communiste parmi les femmes avec Marthe Bigot, Lucie Colliard, Suzanne Lévy, Marcelle Brunet et Noëlie Drous. Le 9 mars 1922, elle fut l’une des oratrices du meeting organisé par le PC pour la journée internationale des femmes.

Louise Heuchel fut aussi secrétaire de la commission féminine de l’Union départementale CGTU de la Seine. En juillet 1922, elle entra à la commission exécutive de la CGTU à l’occasion de son premier congrès ; elle présida par exemple la séance de la CE le 22 juin 1923. Au début du mois de septembre 1922, elle alla, pour la CGTU, soutenir une grève chez Schneider au Havre, prit la parole au cours de plusieurs meetings devant des milliers de grévistes et fut arrêtée pour cette raison le 16 septembre. Elle fut libérée le 3 octobre.
Heuchel était une oratrice fréquente de meetings et de réunions, que ce soit pour la CGTU, pour le PC ou pour les Jeunesses communistes. Lors d’un meeting des femmes communistes en 1922, elle reprocha aux « camarades hommes » de ne pas « décharger les femmes de leur tâche de ménagère pour qu’elles aient le temps de s’intéresser au mouvement politique et social ». D’après un rapport de police de juillet 1922, elle vivait en union libre au 4 passage Théruin dans le XIe arrondissement de Paris.

Pendant cette période, elle écrivit de nombreux articles dans L’Ouvrière, le journal du Parti communiste destiné aux femmes. Les 8, 9 et 11 mars 1923, elle participa à des meetings pour la journée internationale des femmes. En novembre 1923, elle fut déléguée au congrès de la CGTU à Bourges, où elle eut un vif échange avec Joseph Tommasi : Heuchel s’opposait, bien que militante du PC, à la subordination du syndicat par rapport au parti. Lors de la conférence féminine du congrès, elle s’opposa de même à Suzanne Girault et soutint Marie Guillot. Elle a par la suite écrit dans Le Libertaire.

Il semble que Louise Heuchel ait terminé sa carrière au Bureau international du Travail (BIT).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article95066, notice HEUCHEL Louise, Amandine par Julien Chuzeville, version mise en ligne le 2 novembre 2010, dernière modification le 22 février 2022.

Par Julien Chuzeville

SOURCES : Arch. Nat., 19940451/154. — Compte rendu du Congrès de Bourges. — Bulletin communiste, 2 mars 1922. — L’Ouvrière, numéros 4, 8, 11, 18, 28, 29, 31, 34, 36 et 42. — La Vie syndicale, 1922 et 1923. — L’Humanité, 1921, 1922 et 1923. — Notes Salembier, novembre 1975. — Notes de Michel Dreyfus.

ICONOGRAPHIE : L’Humanité du 11 août 1921 (son nom est écrit par erreur Euchel).

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable